Horizon du sol (extrait), d'Etienne Faure (30/05/2011)

 

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Le soir dans la rue aux cent pas

où déambulent des bassins qui donnèrent la vie,

l’écho du mur d’en face avertit parfois

du brouhaha d’un bar qu’on traverse

soudain frappé du halo bleu ou rouge

des néants révélés, le temps d’entrevoir

l’intention dolosive, les hésitations

marquées par des regards en fuite, dos hostiles,

un recoin de bouche effilée, la menace

martelée du poing sur le zinc, nom de dieu

— comme s’il y était pour quelque chose —

du meurtre préfiguré dans le carmin des trognes

— ça va cogner — et contre les prédateurs

du spectacle un avertissement de couleur semblable

— ma photo, mon poing sur la gueule —

quand plus haut s’ouvrent les fenêtres noires,

s’encadrent dans le chambranle, portraits de nuit,

les fumeurs et les adolescents qui sécrètent

des propos à mi-voix, secrets sans fil,

juste en deçà des arroseurs de forêts primitives

cachés dans le vert jaunissant.

 

Extrait d' Horizon du sol, Champ Vallon, 2011, p. 26.

Tableau de Roberto Crippa (1921 1972)

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