Train de la SP dans la nuit, de Jack Kerouac (12/06/2010)
L'omnibus - odeur douce
des suies de la nuit - fracas
bing bang du train qui nous
croise - les néons roses
de Calif., le néon verre-
à-cocktail-&-mixeur des
bars - les collines des
lumières du souper - le
tamis des brumes sortant des
trouées brunes - lumières
tamisées - de Redwood City à
Atherton, nuit claire,
propre, avec des étoiles magiques
chevauchant l'obscurité au-dessus des
maisons de la terre
ferroviaire - temps d'abondance -
Je dois croire dans la vie
des gens & l'histoire de
leur réalité - Je dois
devenir historien -
observer l'histoire de la société
& écrire les histoires du monde
dans une prose sauvage hallucinée
- mais un enregistrement des
anges pour personnaliser tous les
endroits hantés que j'ai
vus, écrit pour les anges
pas pour les éditeurs & les lecteurs
- l'histoire complète de
ma vie intérieure complète,
aussi - Gémissement du
train, tchou tchou tchou de la
vapeur de la locomotive quand
ils ouvrent une porte de la plate-forme
freins retenant le train,
vieux wagon décoré marron-vert
oscillant - Sièges bruns
à la surface collante -
Maisons californiennes latinos
coquettement dessinées & Laveries
automatiques & épiceries ultra-modernes
dans le noir feuillu -
funérarium anonymes en
biques neuves ou serres végétales
ou usines de distribution des eaux
avec leurs blindages - Oh vieux train,
gémis pour mon retour à Lowell,
gémis pour mon Lowell, fais
que mon Lowell soit mon seul lieu
de retour - [...]
Jack Kerouac, Livre des Esquisses, 1952-1954, traduction de Lucien Suel, La Table Ronde, 2010, p. 163 & 164.
06:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer | | |