Bach en automne, IV, de Jean-Paul de Dadelsen (11/11/2013)

                          

Pierre Gaudu 22 octobre 2013.jpg

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Le ciel au soir est vert. À la  lisière du bois les chevreuils

Viennent humer au loin les villages roux de feuilles et de fumées.

Bientôt, quand la nuit tombera le vent de Pologne,

La brume montera des prés.

 

Le regard du faon découvre trois lieues de plaine sans refuges.

Autour du sommeil des hameaux les barrières vermoulues n’arrêtent

Ni les reîtres ni la peste.

 

Le monde dans l’espace et la durée étale sa placidité.

J’ai lu longtemps dans ce livre perpétuel. Autrefois j’ai décrit

Les gambades au mois de mai du jeune agneau,

Le vol instable des émouchets.

 

Je ne décrirai plus. Tout est nombre. L’arbre,

Rivière de feuilles ou noir de gel, entre la terre et le ciel instaure

Une figure permanente.

 

Le monde est en repos, dit-on ; les princes sont en paix, peut-être.

Entre la nue basse et l’horizon convexe s’éloigne une gloire exténuée

De lumière inaccessible. Le monde à travers fastes et largesses demeure

Établi dans l’exil.

 

Il faut rentrer. L’haleine de la nuit descend sur nos visages aveugles.

L’âme écoute approcher tes pas ; entre chez nous, Seigneur ;

Il se fait tard.

 

Bach en automne, IV, dans Jonas, préface d’Henri Thomas, Poésie/Gallimard, 1986, p. 28-29.

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