Eloge du lointain, de Paul Celan (07/12/2014)
August Strindberg, (1849-1912) Packis in Stranden (huile sur toile, 1892)
Dans la source de tes yeux
vivent les nasses des pêcheurs de la mer délirante.
Dans la source de tes yeux
la mer tient sa parole.
J´y jette,
coeur qui a séjourné chez les humains,
les vêtements que je portais et l´éclat d´un serment :
Plus noir au fond du noir, je suis plus nu.
Je ne suis, qu´une fois rénégat, fidèle.
Je suis toi, quand je suis moi.
Dans la source de tes yeux
Je dérive et rêve de pillage.
Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse :
nous nous séparons enlacés.
Dans la source de tes yeux
un pendu étrangle la corde.
Paul Celan, Choix de poèmes, traduction Jean-Pierre Lefebvre, Poésie/Gallimard
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