23/02/2024
Le menhir, de Paul Celan
Gris de pierre
qui grandit là.
Silhouette grise, toi qui n’as
pas d’yeux, regard de pierre, avec lequel
la terre devant nous a surgi, humaine,
sur des chemins de bruyère obscure, ou blanche,
le soir, face
à toi, gouffre du ciel.
Du concubiné, brouetté jusqu’ici, s’abîmait
par-delà le dos du cœur. Moulin
de mer moulait.
Claire ailée tu pendais tôt matin
entre pierre et genêt,
petite phalène.
Noires, couleur
de phylactère (*), ainsi étiez-vous,
gousses, vous
aussi en prière.
(*) Lanières de cuir sombre que l’on enroule autour de front et du bras gauche
pour la prière du matin, dans la religion juive traditionnelle.
Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
in, Paul Celan : « Choix de poèmes, réunis par l’auteur »
Editions Gallimard (Poésie), 1998
Tableau d'André Masson, 1937, 45 cm x 55,3 cm
19:12 Publié dans Art et poésie en couleurs, Blanc, Couleur, Gris, Noir | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer | | |
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