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28/08/2011

Pour un herbier (extrait), de Colette

 

 

Iris de van goh.jpg

À part le grand aconit, une scille, un lupin, une nigelle, la véronique petit-chêne, le lobélia, et le convolvulus qui triomphe de tous les bleus, le Créateur de toutes choses s’est montré un peu regardant quand il a distribué chez nous les fleurs bleues. On sait que je ne triche pas avec le bleu, mais je ne veux pas qu’il m’abuse. Le muscari n’est pas plus bleu que n’est bleue la prune de Monsieur… Le myosotis ? Il ne se gêne pas pour incliner, à mesure qu’il fleurit, vers le rose. L’iris ? Peuh… Son bleu ne se hausse guère qu’à un très joli mauve, et je ne parle pas de celui qu’on nomme « flamme », dont le violet liturgique et le profane parfum envahissent au printemps les montagnettes, autour de La Garde-Freinet. L’iris des jardins s’habitue docilement à tous les sols, se baigne les pieds dans les petits canaux de Bagatelle, se mêle à ses cousins les tigridias, embrasés et éphémères. Il a six pétales, trois langues nettes, étroites, et trois larges un peu chargées de jaune — le foie, sans doute — et il passe pour bleu, grâce à l’unanimité d’une foule de personnes qui n’entendent rien à la couleur bleue.

       Il y a des connaisseurs de bleu comme il y a des amateurs de crus. Quinze étés consécutifs à Saint-Tropez ne me furent pas seulement une cure d’azur, mais une étude aussi, qui ne se bornait pas à la contemplation du ciel provençal et négligeait parfois la Méditerranée. Je n’allais pas mendier le bleu aux clairs lits de sable fin où la vague se repose, sachant bien qu’à peine né de l’aurore, le bleu de la mer serait mordu cruellement par le vert insidieux qui éteint au ciel la dernière étoile, et que chaque point cardinal, quittant le bleu instable, choisit sa couleur céleste : l’est est violacé, le nord d’un rose glacial, l’ouest rougeoyant et gris le sud. Au plus fort du jour provençal le zénith se coiffe de cendre. Ombres courtes réfugiées sous l’arbre et tapies au pied du mur, oiseaux muets, la chatte cueillant une à une les gouttes au bec de la fontaine, l’heure de midi nous chicanait à tous notre ration vitale de bleu et de sérénité.

       Nous attendions qu’une petite aile de poussière voletante aux coudes de la route, une frisure blanche à la lèvre du golfe marquassent la résurrection de tous les bleus. Une couleur de dur lapis, rendue à la mer, bondissait réverbérée sous la tonnelle, et chacun des gobelets de verre berçait un dé de glace soudain teinté de saphir.

       Au-dessus des Alpes encore dorées, une pelote orageuse, bleue comme un ramier, touchait les cimes. Dans peu d’heures, la pleine lune cheminerait parmi la neige d’étoiles, et jusqu’à l’aube les blancs lys des sables, qui se ferment pendant le jour, seraient bleus.

 

Colette, Pour un herbier, Œuvres, IV, édition publiée sous la direction de Claude Pichois et Alain Brunet, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2001, p. 900-901.

Tableau de Van Gogh (les Iris). Vous pouvez également retrouver cet extrait sur le site http://litteraturedepartout.hautetfort.com (Merci à Tristan Hordé)

 

21/06/2011

Du jaune au violet : inspiration florentine

palette violet et jaune.jpgComment choisir les couleurs d'une pièce? Comment faire "circuler" les couleurs de tous les éléments du décor? Il ne s'agit pas que des murs, mais des sols, des tapis, des meubles, objets...Parfois on choisit les couleurs de manière très intuitive, d'autres fois par défaut...

Quand un conseil en couleurs intervient, il s'inspire de mille détails pour constituer la palette d'une pièce.

Il est préférable de connaître la personnalité, les goûts et les rêves de ceux qui habitent cette pièce...

La palette, c'est la charte couleur de la pièce, un ensemble de couleurs qui fonctionnent ensemble, parce qu'elles ont un lien entre elles. 

Pour cette palette, je suis partie de tableaux de peintres italiens des XV/XVI èmes siècles. Pour exemple, la photo d'un tableau de Piero della Francesca, La résurrection,peint vers 1450.piero_della_francesca-_la_resurrection-_1450-1463-_fresque_pinacoteca_comunale_sansepolcro_italy-_jpeg.jpg

 

Ce qui m'intéressait, c'était d'utiliser des couleurs contrastées, en particulier le violet et le jaune, couleurs complémentaires et les verts et les bleus. J'ai laissé de côté les rouges.

 

Les couleurs utilisées ne sont pas "pures" et contiennent un peu de blanc et de noir en proportion égale.

Dans la palette proposée, les couleurs ont toutes la même intensité, avec un côté laiteux, lié à la présence du blanc. Le jaune doré sublime les autres couleurs mais pour qu'il trouve sa pleine expression, il  ne doit pas être utilisé en trop grande quantité. Le violet très doux peut être aisement utilisé pour les murs.

Les bleus et les verts font le lien entre le violet et le jaune.

Cependant, nul besoin d'utiliser toutes les couleurs de la palette ainsi déterminée... De multiples combinaisons sont en effet possibles, sachant que les couleurs constituant la palette se valoriseront les unes les autres dans tous les cas. Et celà, même s'il n'en reste que trois ou quatre.

Mais la démarche initiale ne sera pas perdue, bien au contraire. La création d'un univers-couleurs passe en effet d'abord par le choix de la palette, avant de faire le choix final.