25/05/2012
Sens et matière: l'odorat
Je suis très sensible aux odeurs. Réminiscence de l'enfance. Tout est odeur.
Elles peuvent me griser, m'entraîner, comme me perturber. Des solvants toxiques, mais aussi des huiles essentielles me donnent mal à la tête. Je n’aime pas l’odeur de certaines peintures acryliques. Ces odeurs me déconcentrent. Or, j'ai besoin d'être tout à mon mur, ma matière, à l'organisation de mes couleurs, de l'espace. J’aime l’odeur âcre des pigments de terre, en particulier celle de la terre pourrie, à la couleur très proche de l'ombre naturelle - à la terre se mêlent les parfums venant de si loin d'une herbe coupée depuis plusieurs jours - l’odeur un peu écœurante du glacis à l'huile, mélange d'huile de lin et de térébenthine, dont je n'abuse pas, les effluves acides de la chaux.
L'odeur de la matière participe au plaisir du travail. Tous les sens sollicités ont besoin d'être en harmonie: l'épreuve physique peut alors commencer! Ce travail demande une concentration totale. Etre uniquement là et dans, et surtout pas ailleurs.
Mur de 5,10 de auteur sur 3,70 de large. Enduit minéral, pigments de terre.Travail à la taloche et au couteau américain.
18:43 Publié dans Enduits décoratifs et peinture, Mon métier, Vivre la couleur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sens, odorat, stucco | Facebook | Imprimer | | |
04/12/2011
Sens et matière: le toucher
(Grain de la matière. Douceur, velouté, irrégularités)
Je regarde les murs avec les doigts autant qu’avec les yeux, les uns renvoyant aux autres dans une osmose continue.
Je touche les murs avant de travailler. Ne rien oublier. Avant. Pendant. Après.
Avant, ses creux, ses blessures, son histoire. Pendant, parce qu'il est impossible de ne pas être dans leur intimité.
Après, pour m'imprégner une dernière fois de leur présence.
J’aime la douceur froide d’un mur ferré. J’aime la douceur chaude d’un mur ciré. Sous les doigts, la sensation est très différente d’une matière à une autre. Je n'utilise pas certains enduits car je n'ai aucun plaisir à les travailler, les toucher....Il ne suffit pas d'étaler de l'enduit sur un mur. Chaque matière réagit différemment et le plaisir provient de cette intimité entre la main, la matière et le mur. Sous la taloche ou le couteau, le moelleux ou la résistance d'une matière. La matière s'apprivoise et se laisse faire, je la conduis où je veux.
J'aime quand mes clients caressent leurs murs. Cette prise de conscience de ce qui les entourent. Comme un bel objet, une sculpture, une pierre polie par le temps...
19:21 Publié dans Enduits décoratifs et peinture, Mon métier, Vivre la couleur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sens, matière, stucco vert | Facebook | Imprimer | | |