05/04/2012
Inspirations couleurs: rouge, rose, vert, jaune...
Félix Vallotton, Sur la plage, 1899.
Paul Gauguin, 1891 Femmes de Tahiti, Sur la plage, Oil on canvas, 69 x 91 cm Musee d'Orsay
Edgar Degas (1834-1917)
Hôtel Bellechasse, aménagé par Christian Lacroix, 2007
En matière de décoration, tout est question de proportion, de rythmes, de nature même de chacune des couleurs. Et cette proportion, ce rythme vont être guidés par l'histoire que je vais raconter avec et pour mon client. A partir de mêmes couleurs, le ressenti va être très différent.
Cette histoire a de multiples sources d'inspiration. La peinture à travers les siècles en fait partie.
Dernièrement, une de mes clientes me demandait si elle pouvait associer du rose, du rouge et du jaune....Cela lui paraissait violent et ne correspondant pas à l'idée qu'elle se faisait d'un décor équilibré et harmonieux.
Je l'ai rassuré imédiatement, et lui ai montré le travail de Christian Lacroix, qui a joué sur l'acidité de chacune de ces couleurs. C'est un parti pris , mais qu'autres ont apporté plus de douceur et de légérété.
Le vert, et plus plus particulièrement un vert jaune est un excellent lien entre ses couleurs gourmandes. Pour exemple, FélixVallotton, Paul Gauguin, Edgar Degas ont nourri cette palette de couleurs, chacun avec leur style et leur personnalité.
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17/12/2011
Madonna mia , Oscar Wilde
Une fillette, un lis, inapte à la douleur du monde,
Cheveux bruns et soyeux tressés autour de ses oreilles,
Aux yeux charmeurs voilés de larmes folles,
Telle une eau d'un bleu pur dans un brouillard de pluie,
Et des joues pâles ignorantes des baisers,
Lèvres rouges qui ont toujours craint l'amour,
Gorge aussi blanche que gorge de colombe,
Sur le marbre de laquelle s'inscrit une veine de pourpre.
Pourtant, bien que mes lèvres ne cessent de te louer,
Je n'ose même pas embrasser ton pied,
Tant je suis assombri par les ailes de la peur,
Tel Dante, se tenant auprès de Béatrice,
Sous le poitrail en feu du Lion, lorsqu'il vit
La septième splendeur et l'escalier d'or (1).
Oscar Wilde, Poèmes, traduction Bernard Delvaille, dans op. cité., p. 13.
William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - Head Of A Young Girl (1898)
1 Allusion à un passage de Dante (Le Paradis, XXI, 13-15) : « Nous sommes élevés à la septième splendeur, / qui, sous le poitrail du lion ardent, / mêle maintenant ses rayons au siens » (traduction de Jacqueline Risset, Flammarion, 1996) [Note de la Pléiade, p. 1576].
Merci à Tristan Hordé pour cette contribution.
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13/10/2011
Strophes en méditation (extrait), de Gertrude Stein
il peut y avoir du rose avec du blanc ou du blanc avec une
rose
ou bien il peut y avoir du blanc avec une rose et du rose avec
du mauve
ou bien même il peut y avoir du blanc avec du jaune et du jaune et du
jaune avec du bleu
ou même si même il y a une rose avec du blanc et du bleu
et ainsi il n'y a de jaune là que par accident
Cinquième partie strophe treize, traduction de Jacques Roubaud, Vingt poètes américains, , édition bilingue, Gallimard
Création/photo de Claude Rutault
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09/10/2011
La réponse, de Carl August Sandburg
Tu as donné la réponse.
Un enfant cherche loin parfois
Dans la poussière rouge
Sur une feuille rose foncée
Et donc tu es parti loin
Car la réponse est:
Le silence.
Dans la république
Des étoiles clignotantes et des cataclysmes taris
Sûr que nous y sommes la réponse est là-bas
cachée et repliée,
Endormie sous le soleil, se fichant pas mal que
l’on soit dimanche ou un autre jour
de la semaine,
Sachant que le silence apportera tout d’une façon
ou d’une autre. .
N’avons-nous pas vu
Le pourpre de la pensée
sortir du paillis
et de l’humus
ramper
sous un crépuscule
de velours ?
tache de jaune?
Nous pensions presque qu’elle venait de nulle part c’était
le silence,
le futur,
à l’oeuvre.
Chicago Poems Le Temps des cerises publient, traduction et présentation de Thierry Gillyboeuf (édition bilingue), Le Temps des cerises, 2001
Tableau de Franz Kline (1910-1962) ,
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23/09/2011
Je l'ayme bien, d'Olivier de Magny
Je l'ayme bien, parce qu'elle a les yeux
Et les sourcils de couleur toute noire,
Le teint de rose et l'estomac d'yvoire,
L'aleine douce et le ris gracieux.
Je l'ayme bien pour son front spacieux,
Où l'amour tient le siège de sa gloire,
Pour sa faconde et sa riche mémoire.
Et son esprit plus qu'autre industrieux.
Je l'ayme bien pour ce qu'elle est humaine.
Pour ce qu'elle est de sçavoir toute pleine.
Et que son coeur d'avarice n'est poingt.
Mais ce qui me fait l'aymer d'une amour telle
C'est pour autant qu'ell' me tient bien en point
Et que je dors quand je veux avec elle.
Les soupirs (XVI ème siècle). Duos d'amour, éditions Seguers .
Portrait de Cecilia Galleran vers 1490, Leonard de Vinci
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14/09/2011
La coccinelle, de Victor Hugo
Elle me dit: «Quelque chose
Me tourmente.» Et j'aperçus
Son cou de neige, et dessus,
Un petit insecte rose.
J'aurais dû, mais, sage ou fou,
A seize ans, on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.
On eût dit un coquillage;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.
Sa bouche fraîche était là;
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle;
Mais le baiser s'envola.
«Fils, apprends comme on me nomme»,
Dit l'insecte du ciel bleu,
«Les bêtes sont au bon Dieu;
Mais la bêtise est à l'homme.»
Les Contemplations (1856)
Tableau de Berthe MORISOT 1841-189 "Jeune femme se levant", Huile sur toile 68 cm x 65 cm, Peint en 1886, collection privée
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28/08/2011
Pour un herbier (extrait), de Colette
À part le grand aconit, une scille, un lupin, une nigelle, la véronique petit-chêne, le lobélia, et le convolvulus qui triomphe de tous les bleus, le Créateur de toutes choses s’est montré un peu regardant quand il a distribué chez nous les fleurs bleues. On sait que je ne triche pas avec le bleu, mais je ne veux pas qu’il m’abuse. Le muscari n’est pas plus bleu que n’est bleue la prune de Monsieur… Le myosotis ? Il ne se gêne pas pour incliner, à mesure qu’il fleurit, vers le rose. L’iris ? Peuh… Son bleu ne se hausse guère qu’à un très joli mauve, et je ne parle pas de celui qu’on nomme « flamme », dont le violet liturgique et le profane parfum envahissent au printemps les montagnettes, autour de La Garde-Freinet. L’iris des jardins s’habitue docilement à tous les sols, se baigne les pieds dans les petits canaux de Bagatelle, se mêle à ses cousins les tigridias, embrasés et éphémères. Il a six pétales, trois langues nettes, étroites, et trois larges un peu chargées de jaune — le foie, sans doute — et il passe pour bleu, grâce à l’unanimité d’une foule de personnes qui n’entendent rien à la couleur bleue.
Il y a des connaisseurs de bleu comme il y a des amateurs de crus. Quinze étés consécutifs à Saint-Tropez ne me furent pas seulement une cure d’azur, mais une étude aussi, qui ne se bornait pas à la contemplation du ciel provençal et négligeait parfois la Méditerranée. Je n’allais pas mendier le bleu aux clairs lits de sable fin où la vague se repose, sachant bien qu’à peine né de l’aurore, le bleu de la mer serait mordu cruellement par le vert insidieux qui éteint au ciel la dernière étoile, et que chaque point cardinal, quittant le bleu instable, choisit sa couleur céleste : l’est est violacé, le nord d’un rose glacial, l’ouest rougeoyant et gris le sud. Au plus fort du jour provençal le zénith se coiffe de cendre. Ombres courtes réfugiées sous l’arbre et tapies au pied du mur, oiseaux muets, la chatte cueillant une à une les gouttes au bec de la fontaine, l’heure de midi nous chicanait à tous notre ration vitale de bleu et de sérénité.
Nous attendions qu’une petite aile de poussière voletante aux coudes de la route, une frisure blanche à la lèvre du golfe marquassent la résurrection de tous les bleus. Une couleur de dur lapis, rendue à la mer, bondissait réverbérée sous la tonnelle, et chacun des gobelets de verre berçait un dé de glace soudain teinté de saphir.
Au-dessus des Alpes encore dorées, une pelote orageuse, bleue comme un ramier, touchait les cimes. Dans peu d’heures, la pleine lune cheminerait parmi la neige d’étoiles, et jusqu’à l’aube les blancs lys des sables, qui se ferment pendant le jour, seraient bleus.
Colette, Pour un herbier, Œuvres, IV, édition publiée sous la direction de Claude Pichois et Alain Brunet, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2001, p. 900-901.
Tableau de Van Gogh (les Iris). Vous pouvez également retrouver cet extrait sur le site http://litteraturedepartout.hautetfort.com (Merci à Tristan Hordé)
06:32 Publié dans Bleu, Jaune, Poésie et couleurs, Rose, Violet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bleu, pour un herbier, colette | Facebook | Imprimer | | |
15/05/2011
Orient, de Nizar Kabbani
Brisées les jarres
Les jarres de couleurs
Notre rendez-vous
Est dans les nuages
Sous les fenêtres de l'Orient.
Notre voyage
Dans les ports de turquoise
Et sur les stores bleus
De l'Occident.
Avec les parfums
Notre couche voyage
Rose
Changeante aux horizons.
Nourrissons-nous
Aux surplis de la rose
A tout ce que la nuit recèle
De rythmes et d'amour.
Extrait du Poème Orient, Anthologie de la littérature arabe contemporaine, éditions du seuil, p150
Tableau de Matisse (L'escargot, 1952)
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13/04/2011
Lou ma rose, de Guillaume Apollinaire
Ton derrière merveilleux n'est-ce pas la plus belle rose
Tes seins tes seins chéris ne sont-ce pas des roses
Et les roses ne sont-ce pas de jolis petits Lous
Que l'on fouette comme la brise
Fustige les fesses des roses dans le jardin
Abandonné
Lou ma rose ou plutôt mes roses
Tu m'as envoyé des feuilles de rose
Ô petite déesse
Tu crées les roses
Et tu fais les feuilles de roses
Roses
Petites femmes à poil qui se baladent
Gentiment
Elles se baladent en robe de satin
Sur des escarpolettes
Elles chantent le plus beau parfum le plus fort le plus doux
Lou ma rose ô ma perfection je t'aime
Et c'est avec joie que je risque de me piquer
En faveur de ta beauté
Je t'aime je t'adore je mordille tes feuilles de rose
Rose reine des fleurs Lou reine des femmes
Je te porte au bout de mes doigts ô Lou ô rose
Au bout de mes doigts en te faisant menotte
Jusqu'à ce que tu t'évanouisses
Comme s'évanouit le parfum
Des roses
Je t'embrasse ô Lou et je t'adore
Poèmes à Lou
21:49 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs, Rose | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : william bougereau, lou ma rose, poèmes à lou, guillaume apollinaire | Facebook | Imprimer | | |