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07/03/2024

Cession, d'André du Bouchet

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Le vent,
dans les terres sans eau de l’été, nous
quitte sur une lame,
ce qui subsiste du ciel.

En plusieurs fractures, la terre se précise. La terre demeure stable dans le souffle qui nous dénude.

Ici, dans le monde immobile et bleu, j’ai presque atteint ce mur. Le fond du jour est encore devant nous.
Le fond embrasé de la terre. Le fond
et la surface du front,
aplani par le même souffle,
ce froid.

Je me recompose au pied de la façade comme l’air bleu
au pied des labours.

Rien ne désaltère mon pas.

 

Face de la chaleur, p. 106, Poésie/Gallimard

Tableau de Mark Rothko, Green on Blue (Earth-Green and White), 1956, huile sur toile, 228.6 x 161.3 cm, Collection of The University of Arizona Museum of Art, Tucson, Gift of Edward Joseph Gallagher, Jr. © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko - Adagp, Paris, 2023

18:11 Publié dans Bleu | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré du bouchet, bleu, vent |  Facebook |  Imprimer | | Pin it! |

06/09/2012

Carnets 1952-1956, d'André du Bouchet

 

un poème — qu’est-ce — rien

et pourtant le monde était là

comme le vent dans les tiges

le monde est là — comme le

vent dans les tiges

et aux confins bleus du monde


André du Bouchet, Carnets 1952-1956,Plon, 1990, p.75

Illustration: ©pierre gaudu , "giboulée", encre, 16x12 cm, 1986

tous droits réservés... Avant toute diffusion, échange ou partage merci de bien vouloir demander

l'accord de Pierre Gaudu. 

http://www.artnova-connect.com/

 

31/03/2012

Une lampe dans la lumière aride, d'André du Bouchet

 

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Je me suis assis sur un rocher habituellement écrasé par le jour. Rocher trempé d’aurore. Maculé de ces taches de bleu vif orange qui éclaboussaient l’horizon. Lichen encore visible le jour, comme ces végétations marines, adhérant aux roches qui attendent l’heure de la marée pour s’épanouir. Un champ de nuages collait aux mêmes rochers, de disques noirs et blancs enchevêtrés, durement échoués comme ces tas de nuages pavés, durement tassés, écrasés les uns contre les autres, très bas. Le plafond bas du ciel. L ‘écorce du ciel qui se fendille. Le rocher brillait extraordinairement. Comme un bloc de ciel. Criblé de lichen orange. Dans le village, au départ. Pierraille.

Pan de pierres écroulées. Mur dur sourd aveugle au-dessus du bol de feu, muet, de la grande tasse d’eau de l’aube.

Le soc rougi qui laboure la terre.


 

 

Une lampe dans la lumière aride, Le Bruit du temps, 2011, p. 91.

Huile d'Emmanuelle Bollack 120 x 60 cm, 2011 http://bollack.carbonmade.com/