21/02/2016
Maya, de Guy Goffette
Silvia Bar-Am, Composition VII, mixed media on panel, 100 x 100 cm, 1982-83
pour Annelise
Tu n’as pas vu monter le rouge
au front des roses ni le soleil emballer
le galop des collines, ni la nuit
te battre à la course en plein midi
Tu n’as senti bleuir le couchant
qu’au froid de la table sur ton ventre
entre seringues et bistouris. Brisée
comme la digue qui retient
nos larmes au pied du pommier,
tu n’as rien su, Maya, du poids
de la terre et de l’effroi des vivants,
toi qui croyais qu’avec tes crocs
tu mettais toutes les collines en fuite.
Psaumes pour le temps qui me dure d'être sans toi, Un manteau de fortune suivi de l'Adieu aux lisières et de Tombeau du Capricorne, P172 Poésie/Gallimard
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19/10/2015
Gris lumière, de Jean-Claude Burgart
Cy Twombly, la peinture de Nini (1971)
Courtesy Gagosian Gallery. Photographie par Robert McKeever
Ignorant de ma fin et de mon commencement, j’écris aveuglément
pour apprendre de l’encre des signes
ce qui ordonne et croise
la trame des images et la chaîne des mots
J’écris pour que la blancheur irrévocable
qui ajoure et cerne les mots saisis par l’encre
se souvienne du souffle qui les assemble
en les mêlant à l’air qui me traverse.
Je veux qu’entraîné par la nappe de silence
qui sourd et s’étend quand la page se détache de moi
soient abolis regrets, désirs, attente
et que, même fragment, l’écrit s’achève
dans le deuil blanc qui le suit, alors
je serai libre, écrire serait naître.
Jean-Pierre Burgart, Gris lumière, La Lettre volée, 2014, p 46.
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25/10/2014
La lettre, de Marina Tsvetaeva
The Three Ages of Man and Death" de Hans Baldung Grien (peinture à l'huile, 1539, Prado Museum, Madrid)
On ne guette pas les lettres
Ainsi - mais la lettre.
Un lambeau de chiffon
Autour d'un ruban
De colle. Dedans - un mot.
Et le bonheur. - C'est tout.
On ne guette pas le bonheur
Ainsi - mais la fin :
Un salut militaire
Et le plomb dans le sein -
Trois balles. Les yeux sont rouges.
Que cela. - C'est tout.
Pour le bonheur - je suis vieille !
Le vent a chassé les couleurs !
Plus que le carré de la cour
Et le noir des fusils...
Pour le sommeil de mort
Personne n'est trop vieux.
Que le carré de l'enveloppe
Traduction Pierre Leon et Eve Mallleret. Recueil « Le ciel brûle (suivi de tentative de jalousie) » éditions poésie/Gallimard
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