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27/12/2012

Larme, d'Arthur Rimbaud

 

ZAO WOU-KI, GRAVURE ET AQUATINTE N ° 252.jpg

ZAO WOU-KI, Eau-forte et aquatinte numéro 252, 56 x 76 cm, 1974 

 

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.

Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge.
Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L’eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares…
Or ! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages,
Dire que je n’ai pas eu souci de boire !

Mai 1872

Arthur Rimbaud, Derniers vers

 

12/07/2011

Brève rencontre avec Zao Wou-Ki , Extraits de l'interview de France Huser




zao wou ki corrigé001.jpg



N.O.-Vous prenez beaucoup de photographies d’arbres, de paysages. Comment expliquer chez vous qui êtes un peintre abstrait, cette nécessité d’un lien constant avec la réalité ? 
Zao Wou-ki.- Pour m’apprendre à lire, mon grand-père traçait sur chaque objet les caractères qui le désignent : j’ai appris en même temps à dessiner et à lire, à appréhender la nature même des choses. Dans la calligraphie, chaque caractère est un signe. Regardez ces idéogrammes : celui-ci représente le ciel, celui-là le coeur. Paul Klee aussi a utilisé des signes qui l’ont amené, à partir du souvenir d’un petit port tunisien, à atteindre un au-delà des apparences. 

N.O.-Vous considérez-vous aujourd’hui comme un peintre chinois ? 
Zao Wou-ki.- Qu’est-ce que cela veut dire ? Je déteste les « chinoiseries » ! Les époques Tang et Song sont celles qui m’ont appris à la fois l’espace et l’économie du geste. J’aime cette tension chinoise, ce refus du bavard. Mais c’est Cézanne qui m’a permis de redevenir chinois. Matisse, lui, m’a appris la lumière, la couleur.

N.O.-Michaux, Char et de nombreux poètes ont écrit sur vous. Pourquoi cette affinité de votre oeuvre avec la poésie ? 
Zao Wou-ki.-
 Dans l’histoire de l’art chinois, peinture et poésie sont inséparables et parfaitement complémentaires. On ne distingue pas l’intelligible du visible.

 

 

Le Nouvel Observateur N° 2034 du jeudi 30 octobre 2003

 

http://www.youtube.com/watch?v=MnzTwnpR1Vs