25/11/2011
Matisse parle, d'Aragon

Je défais dans mes mains toutes les chevelures
 Le jour a les couleurs que lui donnent mes mains
 Tout ce qu´enfle un soupir dans ma chambre est voilure
 Et le rève durable est mon regard demain
Toute fleur d´être nue est semblables aux captives
 Qui font trembler les doigts par leur seule beauté
 J´attends je vois je songe et le ciel qui dérive
 Est simple devant moi comme une robe otée
 
 J´explique sans les mots le pas qui fait la ronde
 J´explique le pied nu qu´a le vent effacé
 J´explique sans mystère un moment de ce monde
 J´explique le soleil sur l´épaule pensée
 
 J´explique un dessin noir à la fenêtre ouverte
 J´explique les oiseaux les arbres les saisons
 J´explique le bonheur muet des plantes vertes
 J´explique le silence étrange des maisons
                                                                                
 J´explique infiniment l´ombre et la transparence
 J´explique le toucher des femmes leur éclat
 J´explique un firmament d´objets par différence
 J´explique le rapport des choses que voilà
 
 J´explique le parfum des formes passagères
 J´explique ce qui fait chanter le papier blanc
 J´explique ce qui fait qu´une feuille est légère
 Et les branches qui sont des bras un peu plus lents
 
 Je rends à la lumière un tribut de justice
 Immobile au milieu des malheurs de ce temps
 Je peins l´espoir des yeux afin qu´Henri Matisse
 Témoigne à l´avenir ce que l´homme en attend
Extrait du Crève Coeur, Gallimard, 1957
Figure décorative sur fond oriental
 
21:32 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et  couleurs  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  couleurs,  matisse,  aragon | 
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