27/07/2012
La vagabonde (extrait), de Colette
Je palpe amoureusement la pierre chaude au temple ruiné, et la feuille vernie des fusains, qui semble mouillée. Les bains de Diane, où je me penche, mirent encore et toujours des arbres de Judée, de térébinthes, des pins, des paulownias fleuris de mauve et des épines doubles purpurines. Tout un jardin de reflets se renverse au-dessus de moi et tourne décomposé dans l'eau d'aigue-marine au bleu obscur, au violet de pêche meurtrie, au marron de sang sec...Le beau jardin, le beau silence, où seule se débat sourdement l'eau impérieuse et verte, transparente, sombre, bleue et brillante comme un vif dragon!...
Une double allée harmonieuse monte vers la tour Magne entre les murailles ciselée d'ifs, et je me repose une minute au bord d'une auge de pierre, où l'eau ternie est verte de cresson fin et de rainettes bavardes aux petites mains délicates...Là haut, tout en haut, un lit sec d'aiguilles nous reçoit, moi et mon tourment.
La vagabonde, Collection Bouquins, page 929
Photo de Coline Termash
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23/07/2012
Corps et esprit
"l'on peint avec la tête et non avec les mains, et qui ne peut disposer de tout son cerveau se déshonore" (Michel Ange)
Durant ma phase d’apprentissage, je comprenais ce que je devrais faire pour réussir, mais ma pensée n’allait pas jusqu’à ma main. Décalage entre la pensée et l’action.
Il m’a fallu apprivoiser mon corps et mes outils.
Trouver les gestes compatibles à la fois avec les outils et les matières utilisées. Peu à peu, l’outil n’était plus une contrainte, mais un prolongement de mon corps ; mon geste s’est libéré. Là où j’écrasais le produit, j’ai trouvé la juste pression, la liberté de mon mouvement.
L’outil est devenu un allié pour faire vivre la matière et lui donner des formes différentes.
Quand je travaille sur un mur, j’ai le sentiment de me fondre dans le mur, dans la matière que j’utilise, dans les couleurs que je manie.
Une forme d’euphorie, ce plaisir qui justifie ce cheminement. Simplement une artisan qui aime son métier.
Gros plan sur un stucco gris
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20/07/2012
Rénovation dans un appartement haussmannien
Un de mes derniers chantiers: la rénovation d'une grande pièce dans un appartement haussmannien. Utilisation de peintures et de pigments naturels. Les moulures des portes ont été rehaussées d'une patine à la poudre d'or....Choix de couleurs subtiles, se modifiant au gré de la lumière.Pigments utilisés: sienne naturelle, oxyde rouge, ombre naturelle, ombre calcinée.
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18/07/2012
L'amoureuse, de Paul Eluard
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Paul Éluard, Mourir de ne pas mourir, 1924, repris dans Capitale de la douleur, Gallimard, 1926, p. 55, et Pléiade, Gallimard, 1968, tome I, p. 140. Encre "Incomplétude boréale" de Pierre Gaudu, que je remercie. Vous pouvez retrouver son travail sur les sites suivants:
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07/07/2012
Testament, de Maria Elena VIEIRA DA SILVA
un bleu céruléum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mouse pour apaiser les nerfs
un jaune d'or : richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur : pureté
terre de sienne naturelle : la transmission de l'or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d'ombre naturelle pour mieux accepter la mélancolie noire
une terre de sienne brûlée pour le sentiment de la durée. "
Oil on marouflaged cardboard on canvas Size: 31 x 46,5 cm. 1949
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