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27/06/2012

A la mystérieuse, de Robert Desnos

Pierre Gaudu Esprit des lieux.jpg

Non, l'amour n'est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées.
Écoutez, j'en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.
J'aime l'amour, sa tendresse et sa cruauté.
Mon amour n'a qu'un seul nom, qu'une seule forme.
Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.
Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme.
Et si quelque jour tu t'en souviens
Ô toi, forme et nom de mon amour, 
Un jour sur la mer entre l'Amérique et l'Europe,
À l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d'orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile,
Un matin de printemps boulevard Malesherbes,
Un jour de pluie,
À l'aube avant de te coucher,
Dis-toi, je l'ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t'aimer davantage et qu'il est dommage que tu ne l'aies pas connu.
Dis-toi qu'il ne faut pas regretter les choses: Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour,
Toi, quand tu seras morte,
Tu seras belle et toujours désirable.
Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l'éternité, mais si je vis
Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,
L'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi,
En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,
Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t'avoir connue et aimée,
Les vaux bien.
Moi qui suis Robert Desnos, pour t'aimer
Et qui ne veux pas attacher d'autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable. 

 

Corps et biens, 1926

Photo de Pierre Gaudu (Regards Croisés, présenté dans le cadre de l'Exposition au  Musée Hébert - Grenoble/la Tronche du qui s'est déroulé du 1er Oct. au 31 Déc 2011. http://pierregaudu.over-blog.com/

 

Commentaires

merci infiniment Dominique
... À l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues...
je retiens... formidable !

Écrit par : pierre gaudu | 10/09/2011

Merci Pierre. J'aime beaucoup votre série...qui m'inspire beaucoup dans mon travail.

Écrit par : Dominique | 11/09/2011

le musée Hébert, haut lieu de poésie m'a véritablement transporté pendant six mois, des bancs de pierre à cette nymphée explosée de lumière, en passant par le roseraie et autres fontaine... Mon expo commence dans quelques jours, mais je pense que je vais avoir du mal à mettre le mot fin à cet endroit. Reste l'automne qui arrive et transfigure déjà l'espace. Je vous donne donc rv Dominique pour d'autres lumières et je suis très heureux que ce "chantier" qui est le mien puisse vous inspirer.
Avec toute ma reconnaissance
Pierre Gaudu

Écrit par : pierre gaudu | 16/09/2011

Les commentaires sont fermés.