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30/03/2013

L'oiseau à tire d'ailes, de Pierre Chappuis

un cygne de reconnaisssance Pierre gaudu.jpg

"un cygne de reconnaissance", plume et encre de Chine, 50x50 cm - 23.01.2013

 © pierre gaudu (image non diffusable sans son accord).http://pierre-gaudu.over-blog.com/


Taillant dans le vif à tire d'aile au plus étroit du défilé comme si, issue des ténèbres, une main donnait — mais dans le vide — de grands coups de ciseaux.

Le bel embrouillamini de cascades, de tourbillons, de remous, plis et replis, de gerbes d'écume qu'il traverse sans dévier!

Joindra-t-il une rive de la nuit à l'autre ? En tout cas sans mettre aucun ordre ni tracer de ligne de démarcation qui vaille. Pour l'avoir frôlée, ne noircira pas l'eau, messager de l'oubli.


Pierre Chappuis, À portée de la voix, José Corti, 2002, p. 7


27/03/2013

Le sentier, d'Henry Bauchau

Pierre GauduPluie et automne.jpg

Photo © pierre gaudu http://pierre-gaudu.over-blog.com/ Tous droits réservés 

 

Epars dans le sang bleu du rêve

ton sentier s'est perdu dans l'herbe.

Perdu le bel été dans son profond sommeil

portant les matins dénoués.

 

Henry Bauchau, Heureux les déliants, Poèmes 1950-1995, p 227, Editions Labor

23/03/2013

Le poème sait bien que le malheur du monde est grand, de James Sacré

Marc Léonard, La plage sous l'orage.jpg

              Marc Léonard. La plage sous l'orage. A retrouver sur ses sites,  et 

 

On finit toujours par aimer le bruit des mots

Ce qui tremble et qui chante en leur malheur

    qu'on oublie

Treblinka Chatilla, l'amour et le vin doux, scandale!

Et le plaisir qu'un film prend à des endroits d'une Pologne

    ou d'ailleurs

Le noir du temps qui se transforme en couleur tendre

Débris campagne qui s'est installée traveling

Pour aller où?

Le malheur du monde est sans âge

Sabra Cambodge la frange au loin du Chili Saquiet

Hiroshima Bézier sacs de Rome et de Bizance on s'habitue,

  les mots

Sans rien d'assez vrai poème qui les musique en mensonges

Pour que le bonheur soit encore possible

Pour caresser le peu qui reste;

Ecrire est un geste de vivant

Qui pense au mot bonheur dans le bruit de la mort.

 

Une fin d'après-midi à Marrakech, Le poème sait bien que le malheur du monde est grand, p156, Editions Ryôan-ji


16/03/2013

Chronique d'un égarement, de Jacques Ancet


La beauté recommence. À chaque fois, c’est comme si elle m’ôtait les mots de la bouche. Le ciel fume sur la montagne, l’eau scintille hors de son nom. Dans la bouteille de celle qui boit brille un infime soleil. Petite nature, dit la voix. Tais-toi, répond l’autre. Le vent ressemble à un visage.

   Qu’est-ce que tu cherches ?

   Ce que je trouve.

Les corps multiplient l’instant. Jeux d’ombre et de lumière. Puis le soir vient dans les couleurs. Je suis perdu. Serait-ce la beauté ?



Jacques Ancet, Chronique d’un égarement, Lettres vives.

Photo de Daniel Weisser, http://danielweisser.com/


09/03/2013

Columbiformes, de Fabienne Raphoz

 

(Columbidés)

rikke_500 steven kenny.jpg

 

« …la frayeur m’enveloppe.

Et je t’ai dit : "Qui me donnera un plumage comme à la colombe,

pour que je m’envole et me pose" ? »

(Psaumes, I.V, 7)

 

Les columbidés sont une famille unique

Le Pigeon biset est le pigeon des villes

Le Pigeon des neiges a la tête noire

Le Pigeon violet est japonais

Le Pigeon a tête pâle est violet

La femelle de la Colombe bleutée est couleur terre de Sienne

La femelle de la colombe rouviolette est verte

La femelle de la Colombe rousse n’est pas entièrement rousse

La femelle de la Colombe mondétour n’a pas la gorge brune

La femelle du Ptilope orange est verte

La Colombe du Costa Rica est endémique du Costa Rica et de Panama

La Colombe du Costa Rica a le front chamois

La Colombe à nuque violette a la nuque violette dans toutes les langues

La grosse larme de la Tourterelle à ailes blanches

La petite larme noire de la Tourterelle noire

Le cou zébré de la Tourterelle orientale et de la Tourterelle des bois

Le rose aurore du Pigeon à bec rouge du Pigeon à bec noir du Pigeon simple du Pigeon rousset du Pigeon vineux de la Tourterelle à tête grise de la Tourterelle de Socorro de la Tourterelle oreillarde de la Tourterelle à queue carrée de la Tourterelle des Galapagos du Colombar giouanne du Ptilope porphyre du Carpophage pinon

La Tourterelle turque est une servante accablée

La Tourterelle du Cap est un tsikoloto

Tous les colombars sont des pigeons verts

Tous les pigeons verts sont des colombars ou des ptilopes

Le Colombar de Siebold se désaltère d’eau de mer

[…]

 

Fabienne Raphoz, Jeux d’oiseaux dans un ciel vide augures, éditions Héros-Limite, 2011, p. 81-82.

Tableau de Steven Kenny  © Steven Kenny http://www.stevenkenny.com/

 

Attente, partition, de Sereine Berlottier

 

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   15 mars

 

l’œil qui s’ouvre dans le noir, avant même que la farine de l’ aube ne s’éparpille aux   fenêtres

la peau sait peut-être des choses que tu ignores

les seins laineux, noués et doux

tout bouge et se déplie maintenant

fleurs et balancement dans la tranchée sombre

 

   on continue à vivre

   hameçonnée

   et l’espoir

 

  et tous les lieux où se cacher mal pour dire

   ton corps dedans

   ce puits de rouge

   sur l’émail blanc 

 

   et sa fraîcheur de fraise

   écrasée

   sa pulpe douce

 

   tu n’es pas triste s’il y a à voir, à reconnaître

 

 

Attente, partition, éditions Argol, 2011, p. 119

Tableau de Cy Twombly

02/03/2013

Quand le ciel se sépara de la terre: légende autour de l'indigo

 

indigo,bleu,eugène boudin,légende du ghana


Eugène Boudin, Nuages blancs, ciel bleu vers 1854-1859, pastel sur papier 14,8 x 21 cm,                                                  Honfleur musée Eugène Boudin/ photo H.Brauner


Ce pastel d'Eugène Boudin m’évoque cette belle légende du Ghana sur l’indigo.  

Jadis le ciel épousait étroitement la terre et nourrissait les hommes. Chacun pouvait attraper un petit morceau de nuage pour le consommer. Cette nourriture céleste permettait à chacun de flotter et de rêver, de retrouver la paix et la gaieté du temps où le dieu suprême vivait avec les humains. Mais il ne fallait pas trop en manger, savoir rester raisonnable...Asi, était affamée de ciel, avec l'espoir que si elle mangeait un gros morceau,  sa peau et ses cheveux deviendraient bleu profond. Elle dévora le ciel et à peine avait-elle fini de manger qu’elle s'évanouit. A son réveil, elle retrouva sa fille morte et sur le lange blanc dans lequel elle était enveloppée,  s’étendait une grosse tâche bleue à l’endroit que l’enfant avait mouillé. Asi recouvrit son visage et ses cheveux de cendres. Les esprits alors  lui parlèrent. « Cette tâche est de l’indigo et elle vient des feuille que tu as rassemblées pour coucher ton enfant. Pour que le bleu survienne , il fallait l’urine de ta fille et les cendres que tu as renversées sur son corps. Maintenant l’indigo sacré colorera la terre mais seules les mères pourront le faire naitre. »

 Asi de retour au village enseigna l’art de la teinture. L’indigo était descendu du ciel, et se sépara de la terre. Plus jamais les humains furent tentés d’en dévorer des morceaux. Depuis la couleur bleue est associée à l’amour et à la tendresse féminine.

En Afrique occidentale, l’indigo teint la majorité des cotonnades. Le tissu saturé de pigment déteint sur la peau et pénètre dans les pores. Les touaregs qui portent des vêtements teintés en indigo sont ainsi surnommé les « hommes bleus »

 

L’indigo trouve son origine dans une famille d’arbustes (le genre indigoera) qui contient de l’indican. On utilise les feuilles qu’on fait fermenter. Ensuite, suivant les pays, les recettes divergent!

 

(Référence bibliographique : Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples, d’Anne Varichon, Seuil)