22/09/2011
Pavois du bleu, de Jacques Izoard
Le premier bavard touche la fleur
dont le parfum fend la langue
d'un dormeur déjà voué au rêve.
Et c'est l'été, l'hiver.
Le linge très blanc touche encore
la joue, la jambe, le bras.
Linges liquides ou ténèbres.
*
Dans ce vide où le bleu corrompt
tout regard et tout vertige,
dans ce vide où s'allument
clartés de feuilles et de foins,
dans ce vide très doux,
le corps n'est qu'un désir
qui cache sa propre mort.
(Pavois du bleu)
Poésie I, 1951-1978, sous le direction de Gérald Purnelle, Editions de la Différence 845 p.,
Illustration de Delphine Priollaud-Stoclet "Andy is swimming "Technique mixtes sur toile 54x65 à retrouver sur son site http://www.delplphinepriollaud.com
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04/09/2011
Green, de Paul Verlaine
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Romances sans paroles (1872)
Tableau d'Auguste Renoir, Dans le jardin
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12/05/2011
Le blanc et les prénoms
La couleur blanche étant le symbole de la pureté, il n'est pas étonnant que l'on retrouve beaucoup de prénoms dont l'origine étymologique renvoie à la couleur blanche:
Origine germanique: blank (brillant, clair): Blanche, Bianca
Origine celtique: Gwenn (blanc, pur): Guenièvre, Jennifer, Gwenn, Gwennola, Gwennoline, Goulven, Goulwen, Gwenaël (le), Gwendaline, Gwendal, Gwendoline, Maïwenn.
Origine latine
Albus, alba (d'un blanc pur): Aube, Audeline, Alban, Albine, Albina, Alba.
Candidus, candida (d'un blanc éclatant) : Candide, Candida, Candy, Candie, candido
A noter que Blandine est formée sur l'adjectif d'origine latine Blandus, qui signifie caressant et flatteur et n'a donc rien à voir avec le blanc!
(Référence Dictionnaire des prénoms de Chantal et Tristan Hordé, Larousse, Edition de 2009)
Photo d'ORLAN, Vierge Blanche au nuage de plastique Bulle, 1984, donation Camille, Coll. Centre Pompidou
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01/03/2011
Gstaad, de Jude Stefan
Sur un sol en brique des
Hommes en blanc qui jouent
protégés d’arbres verts s’
étirant vers le ciel jouent
cris et gestes
dans les ombres du soir
deux chaises en toile rouge
vives comme les capucines
un oisif en béret sur l’herbe
lentement caresse son chien
auprès de soldats bleus un
asiatique en chapeau porte
lunettes noires
le jeune homme en habit cendré
adossé au sapin paraît sourire
Jude Stefan, Caprices, Gallimard, 2004, p. 23.
Tableau de Maurice Estève (1904 2001)
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11/11/2010
Princesse qu'on rentre, d'Eve Roland
princesse rouge dans ta cuisine rêvant
mariée pas en blanc tu préférais l'amour
oubliées les années manifs et Tombouctou
à présent tu choues vert tu torchonnes à carreaux
tu troues dans la chaussette et tu mercurochromes
ils vécurent à deux et eurent certains enfants
tu chantais la vie large et le vent et le vent
mais lui levant — les yeux au ciel qu'est-ce que t'attends
(peut-être qu'il faudrait changer une roue au carosse, il va branlant)
toi
tu penses à cet oiseau qui bat
des ailes dans ton coeur
à la lumière d'avril tu penses
au hérisson près de l'étang l'été dernier au crépuscule
tu penses
aux ruades d'une jument verte
(parce que bleue n'en a plus depuis longtemps)
tu penses
aux bris de verre dans la rue le soir
aux cris d'enfants seuls dans le noir
tu penses
à Cendrillon tu touilles
dans le pot au noir la citrouille (…)
Extrait de Princesse qu'on rentre, éditions Mémoire Vivante (2010)
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07/06/2010
Les couleurs du temps, de Guy Beart
La mer est en bleu, entre deux rochers bruns.
Je l'aurais aimée en orange
Ou même en arc-en-ciel, comme les embruns,
Étrange.
Je voudrais changer les couleurs du temps,
Changer les couleurs du monde,
Le soleil levant, la rose des vents,
Le sens où tournera ma ronde
Et l'eau d'une larme, et tout l'océan,
Qui gronde...
J'ai brossé les rues et les bancs,
Paré les villes de rubans,
Peint la Tour Eiffel rose chair,
Marié le métro à la mer.
Le ciel est de fer entre deux cheminées.
Je l'aurais aimé violine
Ou même en arc-en-ciel, comme les fumées
De Chine.
REFRAIN
Je suis de toutes les couleurs
Et surtout de celles qui pleurent.
La couleur que je porte, c'est
Surtout celle qu'on veut effacer.
Et tes cheveux noirs étouffés par la nuit,
Je les voudrais multicolores
Comme un arc-en-ciel qui enflamme la pluie
D'aurore.
Je voudrais changer les couleurs du temps,
Changer les couleurs du monde.
Les mots que j'entends seront éclatants
Et nous danserons une ronde,
Une ronde brune, rouge et safran
Et blonde.
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06/06/2010
La désillusion, de René Daumal
Blanc et noir et blanc et noir,
attention, je vais vous apprendre à mourir,
fermez les yeux, serrez les dents,
clac ! vous voyez, ce n'est pas difficile,
il n'y a là rien d'étonnant.
- Je vous parle sans passion,
noir et blanc et noir et blanc,
clac ! vous voyez qu'on s'y fait vite, je vous parle sans amour, et pourtant vous savez bien...
il faut être évident jusqu'à l'absurde -
Blanc et noir et blanc et noir et noir et blanc,
si nos âmes échangeaient leur corps,
il n'y aurait rien de changé,
alors ne parlez plus de corps ni d'âmes.
Blanc, noir, clac ! c'est la seule chose
qu'ensemble nous pouvons comprendre,
(mais n'est-ce pas qu'il n'y a là rien de tragique ?)
Je vous parle sans passion,
blanc, noir, blanc, noir, clac,
et c'est mon éternel cri de mourant,
ce cri blanc, ce trou noir...
Oh ! Vous n'entendez pas,
vous n'existez pas,
je suis seul à mourir.
René Daumal, Le contre-ciel, suivi de Les dernières paroles du poète, Poésie/Gallimard, 1970, p. 73-74.
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