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18/03/2015

Dans la forêt, de Germain Nouveau

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 Ohara Koson

 

Dans la forêt étrange c’est la nuit ;
C’est comme un noir silence qui bruit ;

Dans la forêt, ici blanche et là brune,
En pleurs de lait filtre le clair de lune.

Un vent d’été, qui souffle on ne sait d’où,
Erre en rêvant comme une âme de fou ;

Et, sous des yeux d’étoile épanouie,
La forêt chante avec un bruit de pluie.

Parfois il vient des gémissements doux
Des lointains bleus pleins d’oiseaux et de loups ;

Il vient aussi des senteurs de repaires ;
C’est l’heure froide où dorment les vipères,

L’heure où l’amour s’épeure au fond du nid
Où s’élabore en secret l’aconit ;

Où l’être qui garde une chère offense,
Se sentant seul et loin des hommes, pense.

- Pourtant la lune est bonne dans le ciel
Qui verse, avec un sourire de miel,

Son âme calme et ses pâleurs amies
Au troupeau roux des roches endormies.

Pièce parue à la Renaissance, le 14 septembre 1873.
 

21/09/2013

Jardins, de Francis Carco

 

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Hiroshige


Il a plu. Le jardin, dans l'ombre, se recueille.

Les chrysanthèmes vont mourir sans qu'on les cueille.

Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs

Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,

Évanouissement des grands dahlias rouges.

Murmure indéfini de toutes ces douleurs

De choses écoutant agoniser les fleurs.

Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...

Mon enfance, de moi, comme tu te recules,

Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !

Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être :

Ton souvenir, déjà, n'est plus qu'une rumeur 

Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.

Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre...

 

 La Bohême et mon cœur, Albin Michel