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25/04/2015

Les couleurs de la nuit, de Renée Vivien

Lance Letscher.jpg

Collage de Lance Letscher

 

 

Contemple les couleurs des ténèbres. Tes yeux
Sauront, comme les miens, interpréter les cieux.

J’ai vu le violet des nuits graves et douces,
Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.

J’ai vu s’épanouir, rose comme une fleur,
La lune qui sourit aux rêves sans douleur.


J’ai vu s’hypnotiser, à des milliers de lieues,
La méditation subtile des nuits bleues.

En écoutant pleurer les hiboux à l’essor
Mystérieux, j’ai vu ruisseler les nuits d’or.

 

 

Evocations de Renée Vivien (1877-1909)

 

18/03/2015

Dans la forêt, de Germain Nouveau

moon-and-blue-flowers.jpg

 Ohara Koson

 

Dans la forêt étrange c’est la nuit ;
C’est comme un noir silence qui bruit ;

Dans la forêt, ici blanche et là brune,
En pleurs de lait filtre le clair de lune.

Un vent d’été, qui souffle on ne sait d’où,
Erre en rêvant comme une âme de fou ;

Et, sous des yeux d’étoile épanouie,
La forêt chante avec un bruit de pluie.

Parfois il vient des gémissements doux
Des lointains bleus pleins d’oiseaux et de loups ;

Il vient aussi des senteurs de repaires ;
C’est l’heure froide où dorment les vipères,

L’heure où l’amour s’épeure au fond du nid
Où s’élabore en secret l’aconit ;

Où l’être qui garde une chère offense,
Se sentant seul et loin des hommes, pense.

- Pourtant la lune est bonne dans le ciel
Qui verse, avec un sourire de miel,

Son âme calme et ses pâleurs amies
Au troupeau roux des roches endormies.

Pièce parue à la Renaissance, le 14 septembre 1873.
 

28/02/2015

En forêt, de Germain Nouveau

  

Paul Klee tropical-twilight-1921(1).jpg

Paul Klee, Tropische Dämmerung, 33.5 x 23 cm, 1921

 

 

Dans la forêt étrange, c'est la nuit ; 

C'est comme un noir silence qui bruit ; 

  

Dans la forêt, ici blanche et là brune, 

En pleurs de lait filtre le clair de lune. 

  

Un vent d'été, qui souffle on ne sait d'où, 

Erre en rêvant comme une âme de fou ; 

  

Et, sous des yeux d'étoile épanouie, 

La forêt chante avec un bruit de pluie. 

  

Parfois il vient des gémissements doux 

Des lointains bleus pleins d'oiseaux et de loups ; 

  

Il vient aussi des senteurs de repaires ; 

C'est l'heure froide où dorment les vipères, 

  

L'heure où l'amour s'épeure au fond du nid, 

Où s'élabore en secret l'aconit ; 

  

Où l'être qui garde une chère offense, 

Se sentant seul et loin des hommes, pense. 

  

— Pourtant la lune est bonne dans le ciel, 

Qui verse, avec un sourire de miel, 

  

Son âme calme et ses pâleurs amies 

Au troupeau roux des roches endormies. 

  

  

  

  

L'Amour de l'amour, Choix et présentation par Jacques Brenner, La Différence, 1992