28/09/2013
Train rapide, de Gottfried Benn
Marc Leonard, Paysage grande vitesse, à retrouver sur son site http://marcleonard.fr
D'un brun de cognac. D'un brun de feuillage. Brun-rouge.
Jaune malais.
Train rapide Berlin-Trelleborg et les stations de la Baltique.
Chair qui allait nue.
Jusque dans la bouche brunie par la mer.
Plénitude inclinée vers le bonheur grec.
Nostalgie de faucille : comme l'été est avancé!
L'avant-dernier jour déjà du neuvième mois!
Chaume et dernière meule languissent en nous.
Épanouissements, le sang, les lassitudes,
la présence des dahlias nous bouleverse.
Le brun des hommes se précipite sur le brun des femmes :
Une femme c'est l'affaire d'une nuit.
et encore d'une autre si cela était bien!
Oh! et puis de nouveau cet Être-face-à-soi-même!
Ces mutismes! Cet engrenage!
Une femme c'est une odeur.
Un ineffable! Dépéris, réséda.
C'est le Sud, le berger et la mer.
Sur chaque pente pèse un bonheur.
Le brun clair des femmes s'affole au brun sombre des hommes .
Retiens moi! Oh, toi! Je tombe!
Ma nuque est si lasse.
Oh, ce dernier parfum
doux et fiévreux qui monte des jardins.
Choix de poèmes, traduction de Jean-Charles Lombard, Seghers, Paris, 1965.
Collection : Poètes d'aujourd'hui, n° 134 (épuisé)
07:45 Publié dans Jaune, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : train rapide, de gottfried benn, marc, brun, rouge, jaune, jardin leonard | Facebook | Imprimer | | |
21/09/2013
Chadelet : le bal des chats-huants, d’Héloïse Combes
Hiroshige
08:08 Publié dans Blanc, Bleu, Noir | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chadelet : le bal des chats-huants, d’héloïse combes, bleu, blanc, noir, or, hiroshige | Facebook | Imprimer | | |
Jardins, de Francis Carco
Hiroshige
Il a plu. Le jardin, dans l'ombre, se recueille.
Les chrysanthèmes vont mourir sans qu'on les cueille.
Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs
Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,
Évanouissement des grands dahlias rouges.
Murmure indéfini de toutes ces douleurs
De choses écoutant agoniser les fleurs.
Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...
Mon enfance, de moi, comme tu te recules,
Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !
Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être :
Ton souvenir, déjà, n'est plus qu'une rumeur
Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.
Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre...
La Bohême et mon cœur, Albin Michel
06:55 Publié dans Blanc, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jardins, francis carco, hiroshige, lune, enfance, souvenir, blanc, rouge | Facebook | Imprimer | | |
15/09/2013
Du silence (extrait), de Georges Rodenbach
Léon Spilliaert , Aquarelle 49x65,2 cm Musée voor Schone Kunsten, Ostende
IV
Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure,
Tout brodés, restent blancs, d' un blanc mat qui figure
Un printemps blanc parmi l' hiver de la maison.
Sur les vitres, ce sont des fleurs de guérison
Pareilles dans le soir à ces palmes de givre
Que sur les carreaux froids les nuits d' hiver font vivre.
Et dans ces floraisons de guipure on croit voir
Tous les souvenirs blancs parmi le présent noir;
Ce sont les rideaux clairs du berceau ; c' est la bonne
Aïeule aux cheveux blancs en bandeaux de madone;
Ce sont les grands jardins d' enfance où les pommiers
Étaient poudrés ; ce sont les cierges coutumiers
Et les nappes d' autel pour les communiantes ;
C' est l' hostie aux lys purs de leurs lèvres priantes ;
Puis c' est le clair de lune épars comme du lait
Dans la forêt magique où l' art nous appelait
Parmi sa gloire et ses blancheurs éternisées !
Puis la guirlande en fleur au front des épousées
Dont l' espoir doux se fane irréparablement
Parmi cette blancheur vaporeuse qui ment.
Car le leurre est rapide en cette ombre équivoque,
Et tous les autres blancs du passé qu' on évoque
Vont se faner avec les souvenirs d' amour
Quand descendra dans les rideaux la mort du jour.
Du silence, Le règne du silence. Pour en savoir plus, c'est ICI
07:03 Publié dans Blanc, Noir, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : léon spilliaert, du silence (extrait), de georges rodenbach, blanc, noir | Facebook | Imprimer | | |
14/09/2013
Éblouissements (extrait), d'Anna de Noailles
Jeffrey Ripple, (né en 1962) peinture sur huile
– Aujourd’hui, le coeur las et blessé par le feu,
Je vous bénis encor, o brasier jaune et bleu,
Exaltant univers dont chaque élan m’enivre!
Mourante, je dirai qu’il faut jouir et vivre;
Que, malgré la langueur d’un corps triste et brûlant,
La nuit est généreuse et le jour succulent;
Que les larmes, les cris, la douleur, l’agonie
Ne peuvent pas ternir l’allégresse infinie!
Qu’un moment du désir, qu’un moment de l’été,
Contiennent la suave et chaude éternité.
O sol humide et noir d’ou jaillit la jacinthe!
Qu’importe si dans l’âpre et ténébreuse enceinte
Les morts sont étendus froids et silencieux.
O beauté des tombeaux sous la douceur des cieux!
Marbres posés ainsi que des bornes plaintives,
Rochers mystérieux des incertaines rives,
Horizontale porte accédant à la nuit,
O débris du vaisseau, épave qui reluit,
Comme vous célébrez la joie et l’abondance,
La force du plaisir, l’audace de la danse,
L’universelle arène aux lumineux gradins!…
Et quelquefois, parmi les funèbres jardins,
Je crois voir ses pieds nus appuyés sur les tombes,
Un Eros souriant qui nourrit des colombes…
Parution de l’Oeuvre poétique complète d’Anna de Noailles, aux Éditions du Sandre, 2013, édition présentée et annotée par Thanh-Vân-Ton-That.
08:09 Publié dans Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anna de noailles, jeffrey ripple, noir, bleu, jaune | Facebook | Imprimer | | |
07/09/2013
Une belle alternative au tadelakt
Le mot tadelakt est devenu à la mode, la plupart des grandes surfaces proposent des Effets tadelakt ou des Comme des tadelakts. Ne vous aventurez pas à poser cet enduit dans une douche!
Ce mot évoque le Maroc, les hammans, le luxe... Mais qu'est-ce qu'on entend vraiment par tadelakt?
Le tadelakt est un enduit à la chaux marocain. On l'utilise traditionnellement dans les salles de bain car il supporte un taux d'humidité considérable. On peut ainsi le poser sans problème dans une douche, sur le sol, une baignoire ou un lavabo. Il résiste et supporte l'humidité et entretenu avec du savon noir, c'est cette humidité qui va le rendre de plus en plus beau.
Il n'est pas réservé aux pièces d'eau: dans les ryads marocains restaurés, il très présent dans les pièces communes par exemple. Il se caractérise par une extrême douceur au toucher; c'est aussi un enduit sans effets de matières et ses couleurs sont toujours d'une grande profondeur. C'est vraiment un enduit magnifique!
Gros plan sur un mur réalisé avec du tadelakt (réalisation Dominique Hordé)
Pour fabriquer cet enduit, on utilise la chaux de Marrakech qui est composée de chaux aérienne, de chaux hydraulique et de minéraux divers (sable, quartz..). On peut aussi la remplacer par de la chaux hydraulique et de la poudre de marbre.
On l'applique avec une taloche et on le ferre (on resserre le "grain" de l'enduit) avec un galet. Ce ferrage au galet est une de ses particularités. Si on n’utilise pas de galet, c'est que ce n'est pas du tadelakt! C'est bien sûr un travail très long, minutieux et délicat, qui requiert une grande technicité.
L'étanchéité est obtenu avec du savon noir (et non pas avec du vernis ou de la cire). Le savon noir est composé de potasse et d'un corps gras, généralement de l'huile d'olive L'association des deux à travers le procédé de saponification classique produit le savon noir . On ajoute un peu d'huile de lin (en général autour de 5%) pour ses propriétés d'accélération du séchage.
(chantier en cours: murs à la chaux et sol en galets)
Pour un tadelakt, il faut compter environ une fourchette de 250/280 euros le m2. On peut avoir pratiquement le même effet, mais à un coût moindre, en travaillant différemment sa chaux. J’utilise un enduit marmorino (chaux et poudre de marbre) en première couche, que je ferre. Ensuite je passe de très fines couches d'enduit vénitien. Au final, je ferre après avoir imprégné mon enduit avec de l'eau et du savon de Marseille. Cela donne encore plus de brillance à mon mur. Je finis en protégeant mon enduit avec une cire carnauba.
Profondeur et douceur garantie!Et démarche totalement écologique!
06:46 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tadelakt, chaux, marmorino | Facebook | Imprimer | | |
Traversée de la Bretagne un jour de janvier, de Kenneth White
Dominique Hordé, chaux et pigment sur toile, 30x30 cm
Vendredi matin
allant vers l'ouest
déchaîné le temps
vent fort, pluie violente
enflé le torrent
Guingamp, Carhaix
les montagnes noires
perdues dans la tourmente
la forêt du Beffou
trempée et torturée
heure après heure
la tempête rageuse
puis, soudain
ciel bleu et serein
la clameur des goélands
et ce fut Lorient.
Extrait des Archives du littoral (Mercure de France)
06:39 Publié dans Bleu, Noir | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kenneth white, bretagne, dominique hordé, noir, bleu | Facebook | Imprimer | | |