27/01/2013
Ballade du dernier amour, de Charles Cros
"nuit blanche", encres pigments et gouache, 30x40 cm , © pierre gaudu
(image non diffusable sans son accord) A retrouver sur son site http://dessin-ivre.blogspot.fr
Mes souvenirs sont si nombreux
Que ma raison n'y peut suffire.
Pourtant je ne vis que par eux,
Eux seuls me font pleurer et rire.
Le présent est sanglant et noir ;
Dans l'avenir qu'ai-je à poursuivre ?
Calme frais des tombeaux, le soir !...
Je me suis trop hâté de vivre.
Amours heureux ou malheureux,
Lourds regrets, satiété pire,
Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus,
Aux regards qu'on ne peut pas dire,
Cheveux noyant le démêloir
Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre,
J'ai voulu tout voir, tout avoir.
Je me suis trop hâté de vivre.
Je suis las. Plus d'amour. Je veux
Vivre seul, pour moi seul décrire
Jusqu'à l'odeur de tes cheveux,
Jusqu'à l'éclair de ton sourire,
Dire ton royal nonchaloir,
T'évoquer entière en un livre
Pur et vrai comme ton miroir.
Je me suis trop hâté de vivre.
Envoi
Ma chanson, vapeur d'encensoir,
Chère envolée, ira te suivre.
En tes bras j'espérais pouvoir
Attendre l'heure qui délivre ;
Tu m'as pris mon tour. Au revoir.
Je me suis trop hâté de vivre.
Charles cros, Le coffret de Santal, extrait de Rimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, Collection Bouquins, Robert Laffont, p 249-250.
Merci à Pierre Gaudu pour sa confiance dans mes choix.
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23/01/2013
Répétition, de Valérie Rouzeau
Tableau de Marc Leonard - Séance n°286 - Bienvenue - Acrylique - 146x114 cm. Lien sur son site
On ne connaît pas le cœur des gens
Il est tant mal visible que parfois
On cogne dedans
Quelle misère de prendre le train
Quand au bout i n'y a personne rien
On ne sait pas l'avais des anges
Non plus que des moulins à eau
On se sert un grand verre de vent
De source de pluie des yeux
On ignore comment vivre comme eux
On se sert un grand verre de vin
Dans une maison avec enfants avenir chien
Le quai fait des bruits de chaussures
Le quai fait des bruits de valises à roulettes et des
bruits d'avant
Le quai est vide vide vide on bute dans l'air
Pardon messieurs dames j'ai cru à un nuage
Vous êtes innombrables qui ne m'êtes personne
Je suis innombrable et comme vous presque rien
Prenons donc un pot amical au lieu d'un pot au noir
d'un mauvais coup
On ne connaît pas d'autre cœur dans le noir que le
nôtre et encore
Ni dans le jour non plus alors à la bonne vôtre
Et nous débarquerons sous le soleil battant.
Valérie Rouzeau, Quand je me deux, Le temps qu'il fait,2009, p. 45-46.
Merci à Marc Léonard pour sa confiance.
Merci à Tristan Hordé et à son blog litteraturedepartout.hautetfort.com
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20/01/2013
La poussière des tamis..., de Francis Jammes
Jean-Baptiste Corot . Le Village de Presles, près de Beaumont-sur-Oise (vers 1850) Huile sur toile . Beden (Suisse), Museum Langmatt
La poussière des tamis chante au soleil et vole.
Mets ton épaule et tes cheveux sur mon épaule
et mes cheveux. L'air est comme l'eau, et les boeufs
passent dans le matin froid des chemins boueux.
Les cloches des coteaux verts sonnent le dimanche.
Tu viens de te lever. Tu es toute blanche.
Le silence est grand et très doux comme la ligne
qui monte et descend, dans le ciel, sur les collines.
On sent qu'on est sain et dans mon esprit bleu,
je prie, parce que dans le ciel il y a Dieu.
Extrait de Vers. (1894), Francis Jammes.(1868-1938)
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Ma Mère Et Les Livres (Extrait de La maison de Claudine), de Colette
Tableau de 2005 de Julia Ciccarone http://www.juliaciccarone.com
La lampe, par l’ouverture supérieure de l’abat-jour, éclairait une paroi cannelée de dos de livres, reliés. Le mur opposé était jaune, du jaune sale des dos de livres brochés, lus, relus, haillonneux. Quelques « traduits de l’anglais » -un franc vingt-cinq -rehaussaient de rouge le rayon du bas.
À mi-hauteur, Musset, Voltaire, et les Quatre Évangiles brillaient sous la basane feuille-morte. Littré, Larousse et Becquerel bombaient des dos de tortues noires. D’Orbigny, déchiqueté par le culte irrévérencieux de quatre enfants, effeuillait ses pages blasonnées de dahlias, de perroquets, de méduses à chevelures roses et d’ornithorynques.
Camille Flammarion, bleu, étoilé d’or, contenait les planètes jaunes, les cratères froids et crayeux de la lune, Saturne qui roule, perle irisée, libre dans son anneau.
Deux solides volets couleur de glèbe reliaient Élisée Reclus. Musset, Voltaire, jaspés, Balzac noir et Shakespeare olive.
Je n’ai qu’à fermer les yeux pour revoir, après tant d’années, cette pièce maçonnée de livres. Autrefois, je les distinguais aussi dans le noir. Je ne prenais pas de lampe pour choisir l’un d’eux, le soir, il me suffisait de pianoter le long des rayons. Détruits, perdus et volés, je les dénombre encore. Presque tous m’avaient vue naître.
Il y eut un temps où, avant de savoir lire, je me logeais en boule entre deux tomes du Larousse comme un chien dans sa niche. Labiche et Daudet se sont insinués, tôt, dans mon enfance heureuse, maîtres condescendants qui jouent avec un élève familier. Mérimée vint en même temps, séduisant et dur, et qui éblouit parfois mes huit ans d’une lumière inintelligible. Les Misérables aussi, oui, les Misérables -malgré Gavroche; mais je parle là d’une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements. Point d’amour entre Dumas et moi, sauf que le Collier de la Reine rutila, quelques nuits, dans mes songes, au col condamné de Jeanne de la Motte. Ni l’enthousiasme fraternel, ni l’étonnement désapprobateurs de mes parents n’obtinrent que je prisse de l’intérêt aux Mousquetaires. . .
Colette, La maison de Claudine, Livre de poche
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13/01/2013
Madonna mia, d'Oscar Wilde
Jane Morris, la robe de soie bleue, peint en 1868 par Dante Gabriel Rossetti, huile sur toile (110,5 x 90,2 cm), Musée d'Orsay,The Society of Antiquaries, Londres,Kelmscott Manor Collection
Une fillette, un lis, inapte à la douleur du monde,
Cheveux bruns et soyeux tressés autour de ses oreilles,
Aux yeux charmeurs voilés de larmes folles,
Telle une eau d'un bleu pur dans un brouillard de pluie,
Et des joues pâles ignorantes des baisers,
Lèvres rouges qui ont toujours craint l'amour,
Gorge aussi blanche que gorge de colombe,
Sur le marbre de laquelle s'inscrit une veine de pourpre.
Pourtant, bien que mes lèvres ne cessent de te louer,
Je n'ose même pas embrasser ton pied,
Tant je suis assombri par les ailes de la peur,
Tel Dante, se tenant auprès de Béatrice,
Sous le poitrail en feu du Lion, lorsqu'il vit
La septième splendeur et l'escalier d'or (1).
Oscar Wilde, Poèmes, traduction Bernard Delvaille, dans op. cité., p. 13.
1 Allusion à un passage de Dante (Le Paradis, XXI, 13-15) : « Nous sommes élevés à la septième splendeur, / qui, sous le poitrail du lion ardent, / mêle maintenant ses rayons au siens » (traduction de Jacqueline Risset, Flammarion, 1996) [Note de la Pléiade, p. 1576].
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09/01/2013
Formation Conseil en Décoration Intérieure chez Opus Rouge dès le 28 janvier 2013
Il est encore temps de s'inscrire à la formation à la décoration intérieure de 10 jours qu'organise Opus rouge, et qui démarre le 28 janvier 2013. Pour en savoir plus, c'est ICI.
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08/01/2013
Réparation, rénovation et patines de trumeaux
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05/01/2013
Voeux 2013
06:38 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer | | |
La petite sirène, de Hans Christian Andersen
Aquarelle d'Emil Nolde
Tout le ciel, disait-elle à son retour, ressemblait à de l’or, et la beauté des nuages était au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer. Ils passaient devant moi, rouges et violets, et au milieu d’eux volait vers le soleil, comme un long voile blanc, une bande de cygnes sauvages. Moi aussi j’ai voulu nager vers le grand astre rouge ; mais tout à coup il a disparu, et la lueur rose qui teignait la surface de la mer ainsi que les nuages s’évanouit bientôt.
Contes d'Andersen, traduction par David Solti
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01/01/2013
Connais-tu le pays, air de Mignon, musique de Ambroise Thomas, d'après un texte de Goethe
Connais-tu le pays où fleurit l'oranger?
Le pays des fruits d'or et des roses merveilles,
Où la brise est plus douce et l'oiseau plus léger,
Où dans toute saison butinent les abeilles,
Où rayonne et sourit, comme un bienfait de Dieu,
Un éternel printemps sous un ciel toujours bleu!
Hélas! Que ne puis-je te suivre
Vers ce rivage heureux d'où le sort m'exila!
C'est là! C'est là que je voudrais vivre,
Aimer, aimer et mourir!
C'est là que je voudrais vivre, c'est là, oui, c'est là!
Connais-tu la maison où l'on m'attend là-bas?
La salle aux lambris d'or, où des hommes de marbre
M'appellent dans la nuit en me tendant les bras?
Et la cour où l'on danse à l'ombre d'un grand arbre?
Et le lac transparent où glissent sur les eaux
Mille bateaux légers pareils à des oiseaux?
Hélas! Que ne puis-je te suivre
Vers ce pays lointain d'où le sort m'exila!
C'est là! C'est là que je voudrais vivre,
Aimer, aimer et mourir!
C'est là que je voudrais vivre, c'est là, oui, c'est là!
Mignon est une tragédie lyrique en 3 actes et 5 tableaux, musique d'Ambroise Thomas, livret de Jules Barbier et Michel Carré d'après Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.
Tableau de Pierre Bonnard, "Fenêtre ouverte sur la Seine" (Vernon), 1911/12. Huile sur toile, 78 × 105,5 cm. Musée des Beaux-Arts de Nice. (PHOTO: MURIEL ANSSENS © VILLE DE NICE© 2012, PROLITTERIS, ZURICH)
07:54 Publié dans Bleu, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : air de mignon, ambroise thomas, goethe | Facebook | Imprimer | | |