30/12/2011
Blanc seing, de Robert Desnos
Hommes mangés aux mythes
il est trop tard pour soupeser vos tares
aux cinq blancs seins si saints de n'être pas sains
nous sommes soumis.
L'appeau ? La peau, peau-pierre.
Aimez-vous la paupière des seins ?
Ces pots de peau simulent la pierre blanchie par les flots.
Pour mesurer ces seins pr est inutile.
Ces pots de lait sont laids, je les abandonne aux faiseurs de lais.
Moi, j'aime l'épaule de la femme
les pôles de l'affame
et ses reins froids comme les cailloux du Rhin.
Corps et biens (1922)
Tableau de Steven Kenny à retrouver sur son site :
http://wwww.stevenkenny.com
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28/12/2011
Sentier du nord, de Kenneth White
1.
Eaux noires, où
l’oie cendrée, le plongeon gris
le saumon, la perche, la truite
sont chez eux….
après dix jours sans nuage
la pluie est revenue
une bruine grise
qui assombrit le lac
et voile les collines
2.
Air froid de l’aurore
ce rocher :
traces de l’époque glaciaire
et là un tertre
poste de guet d’un renard
(l’herbe a verdi
sous ses excréments)
3.
Un bosquet de bouleaux
brouillés de pluie
le tronc
blanchi
d’un pin mort
sur le sol tourbeux
l’empreinte d’un cerf
4.
Un ruisseau gris
des lichens
agrippés à une pierre
et, solitaire
une fleur
arctique :
étamines noires
pétales blancs
5.
Là-bas
parmi les rocs et les éboulis
un ptarmigan
franchit la crête.
Kenneth White, Les rives du silence, traduit de l’anglais par Marie-Claude White, édition bilingue, Mercure de France 1997, p. 64 à 67
Poème à retrouver également sur http://poezibao.typepad.com/
Photo de Pierre Gaudu
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25/12/2011
La Vierge à l'enfant, de Jean Fouquet
Jean Fouquet, Vierge à l'Enfant entourée d'Anges (La Vierge du Diptyque de Melun, volet droit), 1450, bois (chêne), 94,5 x 85,5 cm, Antwerpen/Anvers, coll. Koninklijk Museum voor Schone Kunsten.
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22/12/2011
Poème XXVIII, L'amour la poésie, de Paul Eluard
Rouge amoureuse
Pour prendre part à ton plaisir
Je me colore de douleur.
J'ai vécu tu fermes les yeux
Tu t'enfermes en moi
Accepte donc de vivre.
Tout ce qui se répète est incompréhensible
Tu nais dans un miroir
Devant mon ancienne image.
Extrait de L'amour la poésie
Tableau de Francis Picabia
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17/12/2011
Madonna mia , Oscar Wilde
Une fillette, un lis, inapte à la douleur du monde,
Cheveux bruns et soyeux tressés autour de ses oreilles,
Aux yeux charmeurs voilés de larmes folles,
Telle une eau d'un bleu pur dans un brouillard de pluie,
Et des joues pâles ignorantes des baisers,
Lèvres rouges qui ont toujours craint l'amour,
Gorge aussi blanche que gorge de colombe,
Sur le marbre de laquelle s'inscrit une veine de pourpre.
Pourtant, bien que mes lèvres ne cessent de te louer,
Je n'ose même pas embrasser ton pied,
Tant je suis assombri par les ailes de la peur,
Tel Dante, se tenant auprès de Béatrice,
Sous le poitrail en feu du Lion, lorsqu'il vit
La septième splendeur et l'escalier d'or (1).
Oscar Wilde, Poèmes, traduction Bernard Delvaille, dans op. cité., p. 13.
William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - Head Of A Young Girl (1898)
1 Allusion à un passage de Dante (Le Paradis, XXI, 13-15) : « Nous sommes élevés à la septième splendeur, / qui, sous le poitrail du lion ardent, / mêle maintenant ses rayons au siens » (traduction de Jacqueline Risset, Flammarion, 1996) [Note de la Pléiade, p. 1576].
Merci à Tristan Hordé pour cette contribution.
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13/12/2011
Le badigeon à la chaux expliqué par Valérie Auzou
Quand Valérie Auzou vous explique comment réaliser un badigeon à la chaux....
Valérie et moi travaillons ensemble sur et en dehors des chantiers. Nous sommes toutes les deux passionnées par la décoration et les enduits décoratifs. Et nous avons également des activités complémentaires. Valérie accompagne des clients pour le démarrage des chantiers et anime des stages de formation en région parisienne et en Normandie. Elle est vraiment très pédagogue (il suffit de la voir dans la vidéo!). Plus d'information sur son site . Quant à moi, je suis spécialisée dans la couleur (conseil couleurs auprès de particuliers, d'entreprises et de collectivités et cours sur la couleur chez Opus Rouge .)
Dans cette vidéo, Valérie explique étape par étape comment réaliser un badigeon à la chaux avec des produits naturels.
On constate avec satisfaction que dans le domaine de la rénovation et de la décoration, on redécouvre la chaux. Elle est non seulement un bon complément en construction écologique, mais elle est aussi très esthétique.
La chaux est belle, saine, et elle permet de donner une apparence très chaleureuse à une pièce. La chaux a des propriétés antiseptique, antistatique, anti-acarien et anti-fongique.Savez-vous qu'elle assainit l'air ambiant et qu'elle contribue à réduire l'humidité?
Les Égyptiens l'utilisaient mélangée avec du plâtre pour faire des enduits muraux 2600 ans avant JC. Les romains ont développé et généralisé son usage dans la construction et son utilisation a perduré jusqu'au milieu du dix neuvième siècle où elle a été supplantée par l'apparition du ciment.
Ce produit entièrement naturel, sans COV, s'applique à l'extérieur comme à l'intérieur de la maison. Dans nos constructions modernes, il faut appliquer au préalable une couche d'accroche.qui a pour fonction de rendre le support compatible avec l'enduit. Une peinture au latex à laquelle on ajoute un peu de sable fin, du ciment colle, du composé à joint, ou encore de la caséine, sous-produit du lait, qui agit comme une colle.
A l'intérieur, on peut utliser plusieurs techniques et le choix est très large: badigeon, chaux brossée, chaux ferrée, mais aussi stucco, marmorino ou tadelakt... La chaux s'intégre à tous les styles!
Film tourné dans le cadre des Minutes faciles du site de M6
06:51 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : badigeon à la chaux, valérie auzou, dominique hordé, opus rouge, en tous sens, m6 | Facebook | Imprimer | | |
12/12/2011
Je suis né un jour bleu, de Daniel Tammet
Je suis né le 31 janvier 1979 – un mercredi. Je sais que c’était un mercredi, parce que la date est bleue, dans mon esprit et les mercredis sont toujours bleus, comme le nombreneuf ou le son des voix bruyantes en train de se disputer. […]
Les nombres sont mes amis et ils sont toujours présents autour de moi. Chacun est unique et a sa propre personnalité. Onze est amical et cinq est bruyant, alors que quatre est à la fois timide et silencieux – c’est mon nombre préféré. […] Certains nombres sont très beaux, comme trois cent trente-trois. […] Quatre-vingt-neuf me rappelle la neige qui tombe. […]
Les émotions peuvent être difficiles pour moi, elles peuvent être difficile à comprendre alors j’utilise souvent les chiffres pour m’aider. Si un ami me dit qu’il se sent triste, je l’imagine en train d’être assis dans l’obscurité du nombre six et ça m’aide à ressentir ce même sentiment de tristesse. […] Les nombres m’aident à mieux comprendre les autres. […]
Quand je regarde une séquence de chiffres, ma tête commence à se remplir de couleurs, de formes et de textures, qui se tissent ensemble spontanément pour former un paysage visuel. Ils sont toujours très beaux pour moi ; quand j’étais enfant je passais des heures à explorer les paysages de nombres dans mon esprit.
Je suis né un jour bleu , édition J'ai lu (Plus d'information sur Daniel Tammet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Tammet
Illustration d' Elisabeth Coulognier," Panorama végetal", que je remercie .A retrouver sur ses sites
http://l-ivredematieresetdecouleurs.blogspot.com/
http://l-ivredelettresetdecouleurs.blogspot.com/
J 'ai découvert ce texte en écoutant l'émission de Jean-Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin du 10 décembre 2011, consacrée à la synesthésie :http://www.franceinter.fr/emission-sur-les-epaules-de-dar...
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09/12/2011
La vigne et la maison (Extrait), de Lamartine
Le mur est gris, la tuile est rousse,
L’hiver a rongé le ciment;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l’humide fondement;
Les gouttières, que rien n’essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S’égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la˙ vide demeure
Ces noirs sillons par où l’on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux.
La porte où file l’araignée,
Qui n’entend plus le doux accueil,
Reste immobile et dédaignée
Et ne tourne plus sur son seuil;
Les volets que le moineau souille,
Détachés de leurs gonds de rouille,
Battent nuit et jour le granit;
Les vitraux brisés par les grêles
Livrent aux vieilles hirondelles
Un libre passage à leur nid.
Leur gazouillement sur les dalles
Couvertes de duvets flottants
Est la seule voix de ces salles
Pleines des silences du temps.
De la solitaire demeure
Une ombre lourde d’heure en heure
Se détache sur le gazon:
Et cette ombre, couchée et morte,
Est la seule chose qui sorte
Tout le jour de cette maison!
La vigne et la maison (1857)
Photo de Coline Termarsh, Photographe et écrivain que je remercie et dont on peut retrouver le travail sur son blog : http://colinetermash.canalblog.com
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08/12/2011
« Des mots comme du rouge qui respire », d'Angèle Paoli
Que reste-t-il ce soir de tout ce vécu de mots qu’on a engrangé
Chacun pour soi ?
Un peu de poème « avec toute sa guenille de mots ».
« Des mots
comme du rouge qui respire ».
.Le rouge des bleus de Matisse intérieurs et jardins
qui viennent à la rencontre
et le rouge du feu qui poudroie dans les mots.
.des mots comme du rouge qui respire
dans le vieux broc tout émaillé
comme posé là en attente d’un bouquet de cicindèles
ou même des flammes anacoluptères
que les mots grésillent
d’une bûche à l’autre
la respiration comme un souffle de vie à peine
retenu dans le silence gris du jour
et la promesse de la neige peut-être sous la vitre.
.et devant moi encore le rouge d’une étole
en jeté sur l’épaule et autour de la nuque aussi
comme un abandon de plis qu’on ne saurait dire.
.et celui plus carminé de la passion
d’un pendentif au lobe d’une oreille
que tellement ça bouge pour un rien
pour un mot qui passe tout au plus.
qui saura dire un jour quel fleuve
traverse le géant christophore
surgi à la croisée des rues dans le blanc de la roche rongée
et pourquoi au bou du bou du bou
le nom du village interrompu coupé
par qui pourquoi le sait-on ?
panneau sans fléchage et il faut inventer le chemin taillé
dans le gris lent de l’encoule
dans l’à-vif de la montagne blanche mêlé aux ocres chaudes
des pisés forteresses du Maroc.
.Sidi Slimane n’est jamais bien loin.
.le vieux campanile monte dans le peu de lumière derrière la vitre
au plus serré de la rencontre de ce jour
et le mot rouge un peu plus rouge pris dans les nappes et les tentures
et soudain dans celui plus doré du pain d’épices de Noël
qui effrite ses tranches sous les doigts
le rouge des couleurs mélange de bleu et d’oranger
la couleur rouge dans quel mot la retrouver
la rendre à sa rondeur première
à son origine dans la rouille
rouge pâle des tuiles sur les toits qui étirent
leur feuilleté dans la fraîcheur
et les murets décrépis
à quel temps abandonné depuis tant.
.le feu crépite rouge sang d’elfe chaude et d’éventail
que dis-tu en écrivant ces mots sinon le vide des images
qui ne parlent à personne
que lisent les regards sous les paupières closes
derrière la pluie des mots qui tombe en gouttes
de pétales rouges
quelque chose se vit comme un peu de souvenir
effacé que chacun garde au creux de sa propre chaleur
quelque chose se dit de l’intime
coule sa langue douce sous la langue autre
comme une odeur d’enfance à cueillir sous les mots
dans un jardin d’hier une langue d’avant
de Vendée ou d’ailleurs tendue aux quatre coins
d’une lessive fraîche.
.Écrire comme une affaire de désir
comme une affaire de rencontre
un désir de poussière
et de paradis minuscule
quelque chose du rouge dans le grain de la voix.
Angèle Paoli D.R
Merci à Angèle Paoli, qui anime un blog de poésie très riche, Terres de Femmes
Tableau d'Henri Matisse. Statuette et pichet roses sur un coffre des tiroirs rouge. 1910. Huile sur la toile. L'Ermitage, Rue Petersburg, Russie.
05:29 Publié dans Art et poésie en couleurs, Bleu, Poésie et couleurs, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : des mots comme du rouge qui respire, terres de femmes, angèle paoli, bleu, rouge, henri matisse | Facebook | Imprimer | | |
06/12/2011
L'automne du solitaire, de GeorgTrakl
Pour Tristan Hordé
L’automne sombre s’installe plein de fruits et d’abondance,
Éclat jauni des beaux jours d’été.
Un bleu pur sort d’une enveloppe flétrie ;
Le vol des oiseaux résonne de vieilles légendes.
Le vin est pressé, la douce quiétude
Emplie par la réponse ténue à des sombres questions.
Et, ici et là, une croix sur la colline désolée ;
Un troupeau se perd dans la forêt rousse.
Le nuage émigre au-dessus du miroir de l’étang ;
Le geste posé du paysan se repose.
Très doucement l’aile bleue du soir touche
Un toit de paille sèche, la terre noire.
Bientôt des étoiles nichent dans les sourcils de l’homme las ;
Dans les chambres glacées s’installe un décret silencieux
Et des anges sortent sans bruit des yeux bleus
Des amants, dont la souffrance se fait plus douce.
Le roseau murmure ; assaut d’une peur osseuse
Quand la rosée goutte, noire, des saules dépouillés.
Georg Trakl, Œuvres complètes, traduites de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider, Gallimard, 1972, p. 107.
Photo de Chantal Tanet, Tout droit réservé.
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05/12/2011
Les secrets de la mer rouge (extrait), d'Henry de Monfreid
A mesure que le ciel rosit, la couleur de la mer passe du noir au vert bouteille. Un gros soleil rouge apparaît hors de l'eau et monte à travers des bandes horizontales de nuages noirs. La mer prend une couleur inéfinissables, rouge, verdâtre et bleue, mais ça ne dure pas. Elle va avoir désormais sa robe de jour bleue mouchetée de blanc et le vent, un instant contenu pour la cérémonie du lever, repart avec de nouvelles forces.
Les secrets de la mer rouge.
Tableau de John Turner. Slavers throwing overboard the Dead and Dying - Typhon coming on ("The Slave Ship") 1840; Oil on canvas, 90.8 x 122.6 cm; Museum of Fine Arts, Boston
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04/12/2011
Sens et matière: le toucher
(Grain de la matière. Douceur, velouté, irrégularités)
Je regarde les murs avec les doigts autant qu’avec les yeux, les uns renvoyant aux autres dans une osmose continue.
Je touche les murs avant de travailler. Ne rien oublier. Avant. Pendant. Après.
Avant, ses creux, ses blessures, son histoire. Pendant, parce qu'il est impossible de ne pas être dans leur intimité.
Après, pour m'imprégner une dernière fois de leur présence.
J’aime la douceur froide d’un mur ferré. J’aime la douceur chaude d’un mur ciré. Sous les doigts, la sensation est très différente d’une matière à une autre. Je n'utilise pas certains enduits car je n'ai aucun plaisir à les travailler, les toucher....Il ne suffit pas d'étaler de l'enduit sur un mur. Chaque matière réagit différemment et le plaisir provient de cette intimité entre la main, la matière et le mur. Sous la taloche ou le couteau, le moelleux ou la résistance d'une matière. La matière s'apprivoise et se laisse faire, je la conduis où je veux.
J'aime quand mes clients caressent leurs murs. Cette prise de conscience de ce qui les entourent. Comme un bel objet, une sculpture, une pierre polie par le temps...
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