16/02/2014
La descente (extrait de Connaissance de l'est), de Paul Claudel
William Turner, huile sur toile, 91 x 122 cm National Gallery, Londres
Ah ! que ces gens continuent à dormir ! que le bateau n’arrive pas présentement à l’escale ! que ce malheur soit conjuré d’entendre ou de l’avoir proférée, une parole !
Sortant du sommeil de la nuit, je me suis réveillé dans les flammes.
Tant de beauté me force à rire ! Quel luxe ! quel éclat ! quelle vigueur de la couleur inextinguible ! C’est l’Aurore. O Dieu, que ce bleu a donc pour moi de la nouveauté ! que ce vert est tendre ! qu’il est frais ! et, regardant vers le ciel ultérieur, quelle paix, de le voir si noir encore que les étoiles y clignent. Mais que tu sais bien, ami, de quel côté te tourner, et ce qui t’est réservé, si, levant les yeux, tu ne rougis point d’envisager les clartés célestes. Oh ! que ce soit précisément cette couleur qu’il me soit donné de considérer ! Ce n’est point du rouge, et ce n’est point la couleur du soleil ; c’est la fusion du sang dans l’or ! c’est la vie consommée dans la victoire, c’est, dans l’éternité, la ressource de la jeunesse ! La pensée que c’est le jour qui se lève ne diminue point mon exultation. Mais ce qui me trouble comme un amant, ce qui me fait frémir dans ma chair, c’est l’intention de gloire de ceci, c’est mon admission, c’est l’avancement à ma rencontre de cette joie !
Bois, ô mon cœur, à ces délices inépuisables !
Que crains-tu ? ne vois-tu pas de quel côté le courant, accélérant la poussée de notre bateau, nous entraîne ? Pourquoi douter que nous n’arrivions, et qu’un immense jour ne réponde à l’éclat d’une telle promesse ? Je prévois que le soleil se lèvera et qu’il faut me préparer à en soutenir la force. O lumière ! noie toutes les choses transitoires au sein de ton abîme. Vienne midi, et il me sera donné de considérer ton règne, Été, et de consommer, consolidé dans ma joie, le jour, — assis parmi la paix de toute la terre, dans la solitude céréale.
Connaissance de l'est, Poésie/Gallimard
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14/02/2014
Le peintre, de José-Maria de Heredia
Série Terre air huile sur toile format 195 x 97 cm ©Katia Chaix à retrouver sur son site
À Emmanuel Lansyer
Il a compris la race antique aux yeux pensifs
Qui foule le sol dur de la terre bretonne,
La lande rase, rose et grise et monotone
Où croulent les manoirs sous le lierre et les ifs.
Des hauts talus plantés de hêtres convulsifs,
Il a vu, par les soirs tempétueux d'automne,
Sombrer le soleil rouge en la mer qui moutonne ;
Sa lèvre s'est salée à l'embrun des récifs.
Il a peint l'Océan splendide, immense et triste,
Où le nuage laisse un reflet d'améthyste,
L'émeraude écumante et le calme saphir ;
Et fixant l'eau, l'air, l'ombre et l'heure insaisissables,
Sur une toile étroite il a fait réfléchir
Le ciel occidental dans le miroir des sables.
Recueil Les trophées, Poésie/Gallimard
Emmanuel Lansyer est un peintre, mais j'ai préféré à l'un de ses tableaux celui de Katia Chaix.
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13/02/2014
Extrait de Cheveux emmêlés, de Yosano Akiko
Torii Kotendo, Femme devant le miroir (1930)
Entends le poème !
Qui oserait nier le rouge
Des fleurs dans les champs ?
Savoureuse jeune fille
Coupable dans le printemps
Quand à l’eau je livre
Mes cheveux longs de cinq pieds
Combien sont-ils doux !
Mais mon coeur de jeune fille
Secret je veux le garder
La couleur pourpre,
A qui donc la raconter ?
Tremblements de sang,
Pensées émues de printemps,
En pleine floraison la vie !
Il est temps, je pars,
Et au revoir me dit-il
Ce dieu de la nuit
Dont la manche m’effleura,
Mes cheveux mouillés de larmes
Les cheveux dénoués
Dans la douceur de la pièce
Le parfum des lis
Je crains qu’ils ne disparaissent
Rouges pâles dans la nuit
Toi qui n’as jamais
Touché une peau douce
Où coule un sang chaud,
Ne te sens-tu pas triste,
Et seul, à prêcher la Voie ?
D’un rouge profond
Les deux pétales de rose
Qui forment tes lèvres
Que tu ne chantes un poème
Sans parfum de noblesse !
Frêles d’apparence
Sont les fleurs de l’été
Mais rouges écarlates
Qui comme cet amour d’enfant
Rient au soleil de midi !
Cheveux emmêlés, Traduit du japonais par Claire Dodane, Les Belles Lettres, coll. "Japon", série "Fiction",
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23/01/2014
Si le mot rouge est vrai, de James Sacré
"N'importe quoi le mot rouge : toute la vie dedans
colères comme des taureaux, bêtise de mon père le
voilà maintenant tranquille fin de sa vie je la veux
comme un sourire la honte et la peur emportées, saleté
comme un sourire en paille dans ses bottes; et je
l'aime aussi quand il est propre. Le mot rouge
(fureur et la rouille à des endroits du monde) con-
vient parfaitement pour tout dire"
Extrait du poème "Si le mot rouge est vrai " dans Écritures courtes, éditions le dé bleu, page 10
Tableau de Roberto Crippa, Spirale, 55x75 cm, 1951
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19/01/2014
A une robe rose, de Théophile Gauthier
Edgar Degas. 1902 Pastel 36,8 x 27,9 cm collection privée
Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !
Frêle comme une aile d’abeille,
Frais comme un cœur de rose-thé,
Son tissu, caresse vermeille,
Voltige autour de ta beauté.
De l’épiderme sur la soie
Glissent des frissons argentés,
Et l’étoffe à la chair renvoie
Ses éclairs roses reflétés.
D’où te vient cette robe étrange
Qui semble faite de ta chair,
Trame vivante qui mélange
Avec ta peau son rose clair ?
Est-ce à la rougeur de l’aurore,
À la coquille de Vénus,
Au bouton de sein près d’éclore,
Que sont pris ces tons inconnus ?
Ou bien l’étoffe est-elle teinte
Dans les roses de ta pudeur ?
Non ; vingt fois modelée et peinte,
Ta forme connaît sa splendeur.
Jetant le voile qui te pèse,
Réalité que l’art rêva,
Comme la princesse Borghèse
Tu poserais pour Canova.
Et ces plis roses sont les lèvres
De mes désirs inapaisés,
Mettant au corps dont tu les sèvres
Une tunique de baisers.
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13/01/2014
Islande, de Delphine Priollaud-Stoclet
Quel pays dessinerait la Terre comme une autre planète ?
Comment voyager aux confins de l’univers vers ces lieux incertains qui peuplent mes rêves ?
Quelle terre épouserait l’eau pour enfanter le feu et le ciel ?
Quelle écorce arracherait de ses entrailles fumantes de spectaculaires geysers ?
Vert de gris, bleu céruléen, cramoisi d’alizarine, noir d’ivoire, auréoline. Pigments essentiels pour capturer les quatre éléments réunis, mes inséparables aquarelles.
De l’eau, de l’encre, le blanc et le grain de la feuille.
Je songe à une île unique où vagabonder au rythme de mes étonnements, l’espace d’un territoire à mille lieux des paysages connus et reconnus.
Mon doigt s’attarde au Nord de la mappemonde dépliée.
Islande, terre de glace au cœur brûlant. Palpitant oxymore.
Les plaines d’Islande chuchotent à l’oreille des cailloux des mots arides aux tonalités soufrées. Des syllabes imprononçables formées de lettres existant nulle part ailleurs ajoutant au mystère d’un pays qui dérive à la lisière du globe.
La toundra frémissante parée de fleurs sauvages et mauves ondule, offerte à la caresse de l’air pur.
Je suis prête à échanger mon cher soleil flamboyant contre le pâle et mystérieux soleil de minuit.
La nuit polaire, couronnée d’aurores boréales phosphorescentes, resplendirait d’une lumière magique pailletée d’or et d’argent.
J’aimerais parcourir à pied ces déserts de pierres ponctués de volcans cracheurs de flammes et de cendres, deviner les eaux bouillantes emprisonnées sous les glaciers, explorer de nouvelles frontières picturales.
Voir naître le cosmos, jouer avec le feu.
Un retour aux sources.
Peindre les gris colorés et l’éclat du chaud.
Jeter sur le papier la trace de mes pas.
Rapporter le carnet d’un voyage alchimique.
Islande, mon rêve de fin du monde.
Illustration et texte de Delphine Priollaud-Stoclet qui a gagné le second prix (avec 10 autres personnes) au Concours organisé par Nouvelles Frontières sur le thème "Racontez votre voyage de rêve". Pour en savoir plus:
http://www.croquis-en-voyage.fr/blog/
http://www.atelier-salamandre.net/
14:53 Publié dans Blanc, Couleur, Jaune, Noir, Peintres et couleurs, Pigments et couleurs, Rose, Rouge, Vert, Violet, Vivre la couleur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : delphine priollaud-stoclet, carnets de voyage, islande | Facebook | Imprimer | | |
23/11/2013
Love song III, de Nicolas Bouvier
©pierre gaudu (image non libre de droit) "ciel ouvert" , plume et encre de Chine 50x50 cm, http://pierre-gaudu.over-blog.com/
Quand tisonner les mots pour un peu de couleur
ne sera plus ton affaire
quand le rouge du sorbier et la cambrure des filles
ne te feront plus regretter ta jeunesse
quand un nouveau visage tout écorné d'absence
ne fera plus trembler ce que tu croyais solide
quand le froid aura pris congé du froid
et l'oubli dit adieu à l'oubli
quand tout aura revêtu la silencieuse opacité du
houx ce jour-là
quelqu'un t'attendra au bord du chemin
pour te dire que c'était bien ainsi
que tu devais terminer ton voyage
démuni
tout à fait démuni
alors peut-être...
mais que la neige tombée cette nuit
soit aussi comme un doigt sur ta bouche
Genève, décembre 1977
Le dehors et le dedans » aux éditions Zoé
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15/11/2013
Le coeur cousu, de Carole Martinez
Ana Teresa Barboza http://www.ignant.de/2013/09/03/ana-teresa-barboza/ et http://anateresabarboza.blogspot.fr/
Le papillon
Commença alors pour ma mère la période des fils de couleurs.
Ils avaient fait irruption dans sa vie, modifiant le regard qu'elle portait sur le monde.
Elle fit le compte : le laurier-rose, la fleur de la passion, la chair des figues, les oranges, les citrons, la terre ocre de l'oliveraie, le bleu du ciel, les crépuscules, l'étole du curé, la robe de la Madone, les images pieuses, les verts poussiéreux des arbres du pays et quelques insaisissables papillons avaient été jusque-là les seuls ingrédients colorés de son quotidien. Il y avait tant de bobines, tant de couleurs dans cette boîte qu'il lui semblait impossible qu'il existât assez de mots pour les qualifier. De nombreuses teintes lui étaient totalement inconnues comme ce fil si brillant qu'il lui paraissait fait de lumière. Elle s'étonnait de voir le bleu devenir vert sans qu'elle y prenne garde, l'orange tourner au rouge, le rose au violet.
Bleu, certes, mais quel bleu ? Le bleu du ciel d'été à midi, le bleu sourd de ce même ciel quelques heures plus tard, le bleu sombre de la nuit avant qu'elle ne soit noire, le bleu passé, si doux, de la robe de la Madone, et tous ces bleus inconnus, étrangers au monde, métissés, plus ou moins mêlés de vert ou de rouge.
Qu'attendait-on d'elle ? Que devait-elle faire de cette nouvelle palette qu'une voix mystérieuse lui avait offerte dans la nuit ?
Bombarder de couleurs le village étouffé par l'hiver. Broder à même la terre gelée des fleurs multicolores. Inonder le ciel vide d'oiseaux bigarrés. Barioler les maisons, rosir les joues olivâtres de la mère et ses lèvres tannées. Elle n'aurait jamais assez de fil, assez de vie, pour mener à bien un tel projet.
Elle se rabattit donc sur l'intérieur de la maison.
Extrait du chapitre Le papillon, Le coeur cousu, édition Folio
Merci à Véronique Denoyel, qui m'a fait découvrir ce texte et cette artiste; véronique est elle même une artiste http://www.veroniquedenoyel.com et http://www.veronique-denoyel.fr
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25/10/2013
Fin, d'Antoine Emaz
on ne sait quel paysage bouge rouge
au fond de l’œil
un peu comme un battement assourdi
une houle née loin venue rouler tomber
encore
ici
la nuit
tremble
//
malgré tout
cela s’écoule sale peut-être mal mais finit par trouver un chemin une veine à travers la bouche la mémoire la radio les images
passant le bruit les mots
une sale seule couleur
s’établit
fait fond
rideau
on descend
là
c’est fini
//
demain
de nouveau on ira sans doute vers rien que ce pays encore bien sûr on ira de l’avant dans le même jusqu’à quoi au bout de la ressemblance du même forcé jusqu’à quoi
d’autre
Antoine Émaz, Fin, dans Fond d’œil, Théodore Balmoral, 1995, repris dans Caisse claire, Poèmes 1990-1997, Points/Seuil, 2007, p. 97-98
Tableau de 1948 de Jakson Pollock
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20/10/2013
Blanc (extrait), d'Octavio Paz
Du jaune au rouge au vert
Pèlerinages aux clartés
La parole se penche sur des tourbillons
Bleus.
Vire l'anneau ivre,
Virent les cinq sens
Autour de l'améthyste
Poésie/Gallimard Versant Est p103
Tableau de Willem de Kooning (1904-1997)
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05/10/2013
Entre, de Jean-Pierre Duprey
Tableau de Jean-Pierre Duprey
Entre le ballon noir et l’épine du blanc
Ce qui est, ce qui fait : je suis au balancement
Ce qu’est l’horizontale à la verticale.
C’est l’Epineuse noire au gonflement du blanc.
Chimère, machine au bloc de la mer
C’est ici que se courbe
Le serpent lié au mât
Par un soleil au verbe rouge.
Voici alors qu’un bleu étale
Comme un pétale sans fin
S’est creusé d’une fleur
Qui n’est ni bleu ni rouge.
Qui n’est ni blanche ni noire.
C’est l’Epineuse de voir, l’Effeuillement-fermoir
La bouche s’est fermée : c’est un rire éclatant.
(Poème non daté).
Collection Poètes d’aujourd’hui, numéro 212, Éditions Seghers, 1973, page 153.
A retrouver sur le site Terres de femmes
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28/09/2013
Train rapide, de Gottfried Benn
Marc Leonard, Paysage grande vitesse, à retrouver sur son site http://marcleonard.fr
D'un brun de cognac. D'un brun de feuillage. Brun-rouge.
Jaune malais.
Train rapide Berlin-Trelleborg et les stations de la Baltique.
Chair qui allait nue.
Jusque dans la bouche brunie par la mer.
Plénitude inclinée vers le bonheur grec.
Nostalgie de faucille : comme l'été est avancé!
L'avant-dernier jour déjà du neuvième mois!
Chaume et dernière meule languissent en nous.
Épanouissements, le sang, les lassitudes,
la présence des dahlias nous bouleverse.
Le brun des hommes se précipite sur le brun des femmes :
Une femme c'est l'affaire d'une nuit.
et encore d'une autre si cela était bien!
Oh! et puis de nouveau cet Être-face-à-soi-même!
Ces mutismes! Cet engrenage!
Une femme c'est une odeur.
Un ineffable! Dépéris, réséda.
C'est le Sud, le berger et la mer.
Sur chaque pente pèse un bonheur.
Le brun clair des femmes s'affole au brun sombre des hommes .
Retiens moi! Oh, toi! Je tombe!
Ma nuque est si lasse.
Oh, ce dernier parfum
doux et fiévreux qui monte des jardins.
Choix de poèmes, traduction de Jean-Charles Lombard, Seghers, Paris, 1965.
Collection : Poètes d'aujourd'hui, n° 134 (épuisé)
07:45 Publié dans Jaune, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : train rapide, de gottfried benn, marc, brun, rouge, jaune, jardin leonard | Facebook | Imprimer | | |
21/09/2013
Jardins, de Francis Carco
Hiroshige
Il a plu. Le jardin, dans l'ombre, se recueille.
Les chrysanthèmes vont mourir sans qu'on les cueille.
Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs
Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,
Évanouissement des grands dahlias rouges.
Murmure indéfini de toutes ces douleurs
De choses écoutant agoniser les fleurs.
Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...
Mon enfance, de moi, comme tu te recules,
Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !
Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être :
Ton souvenir, déjà, n'est plus qu'une rumeur
Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.
Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre...
La Bohême et mon cœur, Albin Michel
06:55 Publié dans Blanc, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jardins, francis carco, hiroshige, lune, enfance, souvenir, blanc, rouge | Facebook | Imprimer | | |
21/07/2013
Voyages parmi les couleurs de terre
Voici l'exemple d'une palette intemporelle, qui évoque de multiples univers, et nous invite au voyage.
Évocation des couleurs de terre. Les ocres jaunes, les rouges , les oxydes rouges et les terres brûlées des villages de Provence, de Roussillon par exemple.
Couleurs chaudes des terres africaines, australiennes mais aussi d'Amérique du Nord.
Ces couleurs sont aussi des couleurs d'épices: curcuma, curry, safran, piments, cumin, fenouil, gingembre, citronnelle...Nous sommes alors invités à un voyage des sens et du goût. Nos papilles sont toutes émoustillées et notre odorat sollicité!
Mais ce sont aussi des couleurs de l'industrie, de la modernité, des chantiers. Rouge et brun rouge de la rouille, des peintures industrielles. Jaune cadmium des engins de construction. Les couleurs de sables et de ciment.
A chacun son voyage, ses références; et si vous prenez deux minutes pour réfléchir à ce que vous évoquent ces couleurs, vous continuerez à voyager dans le temps et l'espace, les odeurs et le goût...
Les couleurs, c'est la vie!
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20/07/2013
56 poèmes (extrait), d'Emily Dickinson
Le Jaune ourlait le Ciel
Coupé dans la quintescence du Jaune
Jusqu'à ce que le Safran vire au Vermillon
Sans qu'on puisse en voir le glissement.
56 poèmes, suivi de Trois Lettres, Editions Le Nouveau Commerce
Tableau de Rothko
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28/06/2013
Sept amandiers en fleurs ou le retour vers la maison, de Paul Fort
Amandiers en provence, Paul Cezanne, Aquarelle, 58.5 x 47.5 cm, Collection privée
Savais-je aux fins de jour où mon destin chemine que j’aurais pour amis sept amandiers en fleurs ?
Sept amandiers en fleurs, du haut de la colline, se penchent et saluent mes joies et mes douleurs.
Ce soir où des nuées rouges aux lointains voiles se disputent la lune et tout le firmament,
blancs et roses filets à recevoir le vent, sept amandiers en fleurs ont capté mon étoile.
L’Arlequin de plomb.
Extrait de Ballades du beau hasard, p 160, Editions Flammarion
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20/06/2013
Aquarelliste, de Guillaume Apollinaire
Papiers collés/50x70 cm/Dominique Hordé
À Mademoiselle Yvonne M…
Yvonne sérieuse au visage pâlot
A pris du papier blanc et des couleurs à l’eau
Puis rempli ses godets d’eau claire à la cuisine.
Yvonnette aujourd’hui veut peindre. Elle imagine
De quoi serait capable un peintre de sept ans.
Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps
Et puis la ressemblance est un point difficile
À saisir, il vaut mieux peindre de l’immobile
Et parmi l’immobile inclus dans sa raison
Yvonnette a fait choix d’une belle maison
Et la peint toute une heure en enfant douce et sage.
Derrière la maison s’étend un paysage
Paisible comme un front pensif d’enfant heureux,
Un paysage vert avec des monts ocreux.
Or plus haut que le toit d’un rouge de blessure
Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s’azure.
Quand j’étais tout petit aux cheveux longs rêvant,
Quand je stellais le ciel de mes ballons d’enfant,
Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette,
Des paysages verts avec la maisonnette,
Mais au lieu d’un ciel triste et jamais azuré
J’ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.
Alcools, Collection Poésie, Galimard
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27/04/2013
La délirée, d'Henry Bauchau
Eau-forte et aquatinte en 5 couleurs originale de Zao Wou Ki , Non signée, 1974. Dimensions : 56 x 76 cm
Que tu es belle, ma délirée, tes joues sont noires
Et sculptées par l'ardent malheur.
Ta bouche est ornée par la lune et tes yeux
Tes yeux ont la couleur perdue.
Ton corps est un grand paysage de colère
Tu es le rouge indéchiffré
Avec le noir
Tu produis des paroles rouges.
Le temps nous a rejoints.
Nous sommes et nous ne sommes rien
Rien que ceux que la terre en tournant délirait.
Henry Bauchau, Heureux les déliants, poèmes 1950-1995
p 198, Editions Labor
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20/04/2013
Au bois, de Victor Hugo
Tableau de Laurence Amélie à retrouver sur http://laurence-amelie.com/
Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence, en éblouissement.
O souvenirs ! ô temps ! heures évanouies !
Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher, dans les herbes.
Le ciel resplendissait dans ses regards superbes ;
Elle disait : Je t'aime et je me sentais dieu.
Parfois, près d'une source, on s'asseyait un peu.
Que de fois j'ai montré sa gorge aux branches d'arbre !
Rougissante et pareille aux naïades de marbre,
Tu baignais tes pieds nus et blancs comme le lait.
Puis nous nous en allions rêveurs. Il me semblait,
En regardant autour de nous les pâquerettes,
Les boutons d'or joyeux, les pervenches secrètes,
Et les frais liserons d'une eau pure arrosés,
Que ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés dans le trajet de ma bouche à ta bouche
Pendant que nous marchions ; et la grotte farouche,
Et la ronce sauvage et le roc chauve et noir,
Envieux, murmuraient : Que va dire ce soir
Diane aux chastes yeux, la déesse étoilée,
En voyant toute l'herbe au fond du bois foulée ?
Extrait de Toute la lyre, Oeuvres complètes, T4, collection Bouquins, Robert Laffont.
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09/03/2013
Columbiformes, de Fabienne Raphoz
(Columbidés)
« …la frayeur m’enveloppe.
Et je t’ai dit : "Qui me donnera un plumage comme à la colombe,
pour que je m’envole et me pose" ? »
(Psaumes, I.V, 7)
Les columbidés sont une famille unique
Le Pigeon biset est le pigeon des villes
Le Pigeon des neiges a la tête noire
Le Pigeon violet est japonais
Le Pigeon a tête pâle est violet
La femelle de la Colombe bleutée est couleur terre de Sienne
La femelle de la colombe rouviolette est verte
La femelle de la Colombe rousse n’est pas entièrement rousse
La femelle de la Colombe mondétour n’a pas la gorge brune
La femelle du Ptilope orange est verte
La Colombe du Costa Rica est endémique du Costa Rica et de Panama
La Colombe du Costa Rica a le front chamois
La Colombe à nuque violette a la nuque violette dans toutes les langues
La grosse larme de la Tourterelle à ailes blanches
La petite larme noire de la Tourterelle noire
Le cou zébré de la Tourterelle orientale et de la Tourterelle des bois
Le rose aurore du Pigeon à bec rouge du Pigeon à bec noir du Pigeon simple du Pigeon rousset du Pigeon vineux de la Tourterelle à tête grise de la Tourterelle de Socorro de la Tourterelle oreillarde de la Tourterelle à queue carrée de la Tourterelle des Galapagos du Colombar giouanne du Ptilope porphyre du Carpophage pinon
La Tourterelle turque est une servante accablée
La Tourterelle du Cap est un tsikoloto
Tous les colombars sont des pigeons verts
Tous les pigeons verts sont des colombars ou des ptilopes
Le Colombar de Siebold se désaltère d’eau de mer
[…]
Fabienne Raphoz, Jeux d’oiseaux dans un ciel vide augures, éditions Héros-Limite, 2011, p. 81-82.
Tableau de Steven Kenny © Steven Kenny http://www.stevenkenny.com/
05:45 Publié dans Art et poésie en couleurs, Blanc, Jaune, Noir, Poésie et couleurs, Rouge, Vert, Violet | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer | | |