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31/03/2012

La maison serait pleine de roses…, de Francis Jammes

 

 

<p><strong>Panneau rouge</strong>, 1905<br />
huile et détrempe sur toile, 159,5 x 113,5 cm<br />
collection particulière © François Doury</p>

La maison serait pleine de roses et de guêpes.
On y entendrait, l’après-midi, sonner les vêpres ;
et les raisins couleurs de pierre transparente
sembleraient dormir au soleil sous l’ombre lente.
Comme je t’y aimerais ! Je te donne tout mon cœur
qui a vingt-quatre ans, et mon esprit moqueur,
mon orgueil et ma poésie de roses blanches ;
et pourtant je ne te connais pas, tu n’existes pas.
Je sais seulement que, si tu étais vivante,
et si tu étais comme moi au fond de la prairie,
nous nous baiserions en riant sous les abeilles blondes,
près du ruisseau frais, sous les feuilles profondes.
On n’entendrait que la chaleur du soleil.
Tu aurais l’ombre des noisetiers sur ton oreille,
puis nous mêlerions nos bouches, cessant de rire,
pour dire notre amour que l’on ne peut pas dire ;
et je trouverais, sur le rouge de tes lèvres,
le goût des raisins blonds, des roses rouges et des guêpes.


Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

Tableau d'Odilon Redon, Panneau rouge, 1905, huile et détrempe sur toile, 159,5 x 113,5 cm, collection particulière © François Doury

Une lampe dans la lumière aride, d'André du Bouchet

 

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Je me suis assis sur un rocher habituellement écrasé par le jour. Rocher trempé d’aurore. Maculé de ces taches de bleu vif orange qui éclaboussaient l’horizon. Lichen encore visible le jour, comme ces végétations marines, adhérant aux roches qui attendent l’heure de la marée pour s’épanouir. Un champ de nuages collait aux mêmes rochers, de disques noirs et blancs enchevêtrés, durement échoués comme ces tas de nuages pavés, durement tassés, écrasés les uns contre les autres, très bas. Le plafond bas du ciel. L ‘écorce du ciel qui se fendille. Le rocher brillait extraordinairement. Comme un bloc de ciel. Criblé de lichen orange. Dans le village, au départ. Pierraille.

Pan de pierres écroulées. Mur dur sourd aveugle au-dessus du bol de feu, muet, de la grande tasse d’eau de l’aube.

Le soc rougi qui laboure la terre.


 

 

Une lampe dans la lumière aride, Le Bruit du temps, 2011, p. 91.

Huile d'Emmanuelle Bollack 120 x 60 cm, 2011 http://bollack.carbonmade.com/

 

 

29/03/2012

Le bleu, par Picasso

 


“ Le bleu, le bleu, l’azur, le  bleu, le bleu du blanc, le bleu du rose, le bleu lilas, le bleu du jaune, le bleu du rouge, le bleu citron, le bleu orange, le bleu qui suinte du bleu et le bleu blanc et le bleu rouge et le bleu des palmes du bleu citron des palombes blanches, aux jasmins en champs d’avoine, en grands chants vert amande émeraude. “


« Les  quatre petites  filles »  (1936),  Ecrits  (Paris : RMN/Gallimard,  1989). 

Autoportrait 1901

27/03/2012

Le bleu, par Raoul Dufy


« Prenez un  bleu à ses  diverses  nuances, de la  plus foncée à la plus  claire, ce  sera

toujours du bleu, alors que le jaune noircit dans les ombres et  s’éteint  dans les  clairs, que

le rouge foncé devient  brun et que, dilué dans le  blanc, ce n’est plus du rouge, mais une

autre couleur : le rose, »

 

Cité  dans Paul Eluard,  Anthologie  des écrits  sur l ’ a r t ( P a r i s , Editions du Cercle d’Art, 1972),

 

24/03/2012

Le noir et le blanc chez Delacroix, par Charles blanc

 

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"Une des ressources les plus précieuses d'Eugène Delacroix c'est l’introduction du noir et du blanc. Le noir et le blanc sont, pour ainsi parler, des non-couleurs qui servent, en séparant les autres, à reposer l’oeil, à le rafraîchir, alors surtout qu’il pourrait être aussi fatigué par l’extrême variété que par l’extrême magnificence. Suivant les proportions qu’on leur donne, suivant le milieu où on les emploie, le blanc et le noir atténuent ou rehaussent les tons voisins ; quelquefois, le rôle du blanc dans un tableau sinistre est celui que joue en plein orchestre un coup de tam-tam."

"D’autres fois, le blanc est employé par Delacroix pour corriger ce qu’aurait de brutal la contiguïté de deux couleurs franches telles que le rouge et le bleu."*


* Charles Blanc fait référence au tableau d'Eugène Delacroix, La barque de Dante (1822, musée du Louvre)

Les artistes de mon temps, Par Charles Blanc p 71 et 72

http://books.google.fr/books?id=mcZw6O_jahoC&printsec...

 

Tableau de Pierre Gaudu, "Chasse au lion", inspiré par Delacroix, huile sur toile 80x80 cm, 1994. 

http://www.flickr.com/photos/pierregaudu/sets/72157621910...

http://www.artnova-connect.com/

http://pierre-gaudu.over-blog.com/


Soulages et le Noir


« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. »


Pierre Soulages(cité par Françoise Jaunin, art. cit.)

Tableau du 3 Novembre 1958

23/03/2012

De la couleur (extrait), de Charles Baudelaire



"L’harmonie est la base de la théorie de la couleur.

La mélodie est l’unité dans la couleur, ou la couleur générale.

La mélodie veut une conclusion ; c’est un ensemble où tous les effets concourent à un effet général.

Ainsi la mélodie laisse dans l’esprit un souvenir profond.

La plupart de nos jeunes coloristes manquent de mélodie.

La bonne manière de savoir si un tableau est mélodieux est de le regarder d’assez loin pour n’en comprendre ni le sujet si les lignes. S’il est mélodieux, il a déjà un sens, et il a déjà pris sa place dans le répertoire des souvenirs.

Le style et le sentiment dans la couleur viennent du choix, et le choix vient du tempérament.

Il y a des tons gais et folâtres, folâtres et tristes, riches et gais, riches et tristes, de communs et d’originaux."

....

"Les coloristes dessinent comme la nature ; leurs figures sont naturellement délimitées par la lutte harmonieuse des masses colorées.

Les purs dessinateurs sont des philosophes et des abstracteurs de quintessence.

Les coloristes sont des poëtes épiques."

 

Œuvres complètes de Charles Baudelaire, Michel Lévy frères, 1868 (II. Curiosités esthétiques,Salon    de 1846)

Tableau de Vassily Kandinsky

21/03/2012

Paul Klee et la couleur

 

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« La couleur me possède. Je n’ai plus besoin de la rechercher. Elle me possède à jamais, je le sais. Voici ce que signifie ce moment heureux : moi et la couleur, nous ne formons qu’un. Je suis peintre. »
Ballon Rouge. 1922.31,8 x 31,1 cm Le Musée Solomon R. Guggebheim, New York, NY, Etats-Unis.
 

18/03/2012

L'affiche rouge, d'Aragon



Vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants.
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement 
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses,
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient La France en s'abattant 


Louis Aragon, Le Roman Inachevé, Gallimard, 1955
Musique de Léo Ferré, 1959

Plus d'information sur cette affiche de propagande allemande: http://www.culture.lyon.fr/static/culture/contenu/pdf/mus...

16/03/2012

Nuits, de Dominique Hordé

Skyfly (2008; 92x65cm; oil on canvas) - Harry Holland

 

A mon fils.

Mon enfant dort. Un sommeil profond. Un sommeil aussi doux et calme que son sourire d’enfant endormi. Il dort sur le dos, les bras croisés sur sa poitrine ou bien les bras écartés largement ; son souffle si léger remplit la pièce de sa vie, il respire le bonheur d’être en vie ; il respire l’amour.

Je reste des heures à le regarder dormir ; je me lève la nuit et m’allonge près de son lit pour entendre le rythme de sa vie, pour entendre le silence de son sommeil, que rien ne perturbe. La nuit, il ne bouge pas, la nuit, il sourit. Il s’abandonne sereinement au silence de la nuit.

La nuit, je me remplie de son sourire, de son cœur qui bat, la nuit, je rêve de nuits aussi calmes que les siennes et je suis là à me remplir de ses battements de vie.

Mon enfant dort et je ne dors bien que lorsque je suis près de lui. Le rythme de son sommeil m’apaise et m’entraîne vers des rêves bleus.

« Bonne nuit maman, bons rêves, tu viens me voir la nuit ? »

Chaque soir tu me répètes ces mots et tu me demandes de veiller sur ta nuit. A quoi rêves-tu la nuit ? Qui a t’il dans tes nuits aussi calmes ?

Mon enfant lui n’a pas peur de la nuit. Il ne crie pas. Il ne pleure pas. Et pourtant il a peur de la mort. Il a côtoyé tant de fois la mort. Les premières années de sa vie ont été une lutte pour la vie et contre la mort.

Mon enfant a été plus fort que la mort, que la maladie, que les autres qui parfois le rejettent, parce qu’il n’est pas comme tous les autres. Il s’appelle Julien. Il est né le 23 octobre 1990 à Colombo, au Sri Lanka.

Mon enfant s’est battu pour vivre ; mon enfant va vers les autres malgré son handicap, mon enfant croit en la vie.

Mon enfant a la peau chaude et noire, mon enfant a le corps dur comme l’ébène, il est la vie.

Tu ris, tu chantes, tu n’aimes pas les cimetières, tu n’aimes pas la guerre, tu n’aimes pas quand les gens meurent ; tu veux que tout le monde soit heureux, tu veux la fête. Tu veux aimer. Et tu aimes. Et je t’aime plus que tout. 


Tableau d'Harry Holland, à retrouver sur son site http://harry-holland.com


14/03/2012

Roman, d'Arthur Rimbaud


On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, 
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! 
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin, 
A des parfums de vigne et des parfums de bière... 

− Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon 
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond 
Avec de doux frissons, petite et toute blanche... 

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête... 
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser 
Qui palpite là, comme une petite bête... 

Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
− Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère, 
Passe une demoiselle aux petits airs charmants, 
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père... 

Et, comme elle vous trouve immensément naïf, 
Tout en faisant trotter ses petites bottines, 
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif... 
− Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... 

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’à mois d’août. 
Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût. 
− Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire... !

− Ce soir-là,... − vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade... 
− On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.


Poème de 1870.

Tableau de Van Gogh, Arles, Terrases de café, la nuit, 1888


10/03/2012

La lettre à Louis, de Jean-Michel Maulpoix

A mon fils Louis, né le 14 juillet 2006

Le jour et la nuit ont changé d’horloge. Le temps de ma vie bat dans le tien.
Ta vie à petits bruits. Tes soucis de lait. Ton front qui se plisse. Tes façons comiques de Bouddha sévère. Ton savoir, ta sagesse immense. Et cette moue sans appel qui se moque des affaires publiques.
Ta tête de porcelaine, si petite et si lourde au creux de mon bras gauche. Tes yeux encore emplis de nuit. Qui cherchent et qui s’étonnent. 
A l’affût d’un cri, je tiens ton sommeil contre moi. J’aime ce pouvoir dont je dispose de calmer tes pleurs.
Ton poing de colère parfois serré si blanc. Tes matchs de boxe, tes trépignements. 
Le chant du biberon. Tes tétées goulues. Ton bonheur de bulles et de gloussements. Tes gazouillis et tes crottes d’or. Ton odeur de bébé tout neuf. Tes sourires aux anges et tes petits pets.
Voici le monde et le jardin : des couleurs, des fruits et des fleurs !
Nous avons commencé notre conversation future : tous les mots sont pour toi. 

Poème de Jean-Michel Maulpoix, lu dans le cadre du Printemps des poètes, que je dédie aussi à mon fils Julien, 21 ans

 Journal d'un enfant sage (Mercure de France, 2010)

Photo de Julien, encore dans l'enfance.

08/03/2012

La solitude est verte, de Louise de Vilmorin

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Chasseresse ou dévote ou porteuse de dons
La solitude est verte en des landes hantées
Comme chansons du vent aux provinces chantées
Comme le souvenir lié à l’abandon.

La solitude est verte.

Verte comme verveine au parfum jardinier
Comme mousse crépue au bord de la fontaine
Et comme le poisson messager des sirènes,
Verte comme la science au front de l’écolier.

La solitude est verte.

Verte comme la pomme en sa simplicité,
Comme la grenouille, cœur glacé des vacances,
Verte comme tes yeux de désobéissance,
Verte comme l’exil où l’amour m’a jeté.

La solitude est verte.

 


Le Sable du sablier, 1945

Maurice Denis,  Les arbres verts, 1893, musée d’Orsay

07/03/2012

Maurice Esteve et la couleur

                         

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je ne me sers jamais d'esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s'organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier... Chaque œuvre est une suite de métamorphoses... En vérité une toile est pour moi une somme de reprises incessantes qui dure jusqu'à ce que je me trouve devant un organisme que je sens vivant (...) Il n'y a pas chez moi d'image préalable; pas de forme que je souhaite a priori sur une toile. Au moment même où je peins, il s'opère un échange, une conversation s'établit entre moi et le tableau au fur et à mesure que celui-ci s'organise. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dessin, Aquarelle sur papier, 43.8 cm x 55.2 cm

 , 1989

 

 

 

 
Estève, in Estève, Zodiaque, avril 1979  (1904-2001) 

Lettre, de Li Po

René Magritte 
Homage to Mack Sennett 1937
via History of Art
oil on canvas



 
Mon amour, 
                       Quand tu habitais là il y avait 
                            toute une maisonnée de fleurs. 
Tu n’habites plus là et il n’y a 
              plus qu’un lit vide. 
Sous la courtepointe brodée 
              je me tourne et me retourne. 
Trois ans déjà 
              que je sens ton parfum. 
Ton parfum n’est jamais parti, lui 
Mais toi, tu ne reviens jamais. 
Je pense à toi, les feuilles jaunes sont bien mortes 
Et moite, la gelée blanche couvre la mousse verte. 
 
 


Traduction par Auxeméry de la traduction d’un poème de Li Po par W.C. Williams (in The New Directions, Anthology of Classical Chinese Poetry, Edited by Eliot Weinberger,  New Directions, 2003.) 

 

Tableau de René Magritte , Homage to Mack Sennett 1937

 

04/03/2012

Coquelicots en juillet , de Sylvie Plath


coquelicots en juillet,sylvie plath,hokusai

 
Petits coquelicots, petites flammes d’enfer, 
Vous ne faites pas mal ? 
 
Vous tremblez. Je ne sais pas vous toucher. 
Je mets les mains dans les flammes. Rien ne brûle. 
 
Et cela m’épuise de vous regarder 
Trembler comme ça, rouge vif et froissés comme une bouche. 
 
Une bouche que l’on vient d’ensanglanter. 
Oh petites jupes sanglantes ! 
 
Il y a des vapeurs que je ne peux toucher. 
Où est votre opium, où sont vos capsules écœurantes ?  
 
Si je pouvais saigner, ou dormir ! — 
Si ma bouche pouvait épouser une blessure pareille ! 
 
Ou vos sucs distiller pour moi, dans cette capsule de verre 
Une stupeur, un apaisement 
 
Mais pas de couleur. Pas de couleur 
 

 Ariel, présentation et traduction de Valérie Rouzeau, collection Poésie / Gallimard, n° 467, 2011

Poème à retrouver également sur le site http://poezibao.typepad.com/poezibao/

 Estampe d'Hokusai