19/10/2012
La rose noire, Zbigniew Herbert
elle apparaît
noire
aux yeux aveuglés
par la chaux
elle effleure l'air
et se fige
diamant
rose noire
dans le chaos des planètes
jouant
du pipeau de l'imagination
fais sortir
les couleurs
de la rose
noire
comme un souvenir
de la ville calcinée
le violet — pour le poison et la cathédrale
le rouge — pour le bifteck et le roi
l'azur — pour l'horloge
le jaune — pour l'os et l'océan
le vert — pour la jeune fille changée en arbre
le blanc — pour le blanc
Zbigniew Herbert, Corde de lumière, Œuvres poétiques complètes I, édition bilingue, traduit du polonais par Brigitte Gautier, Le Bruit du temps, 2011, p. 393.
Photo de Brett Walker
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22/09/2012
Je m'embête, de Francis Jammes
Je m'embête; cueillez-moi des jeunes filles
et des iris bleus à l'ombre des charmilles
où les papillons bleus dansent à midi,
parce que je m'embête
et que je veux voir de petites bêtes
rouges sur les choux, les ails (on dit aulx), les lys.
Je m'embête.
Ces vers que je fais m'embêtent aussi,
et mon chien se met à loucher, assis,
en écoutant la pendule
qui l'embête comme je m'embête.
Vraiment ces trois cils de ce chien de chasse,
de ce chien de poète,
sont cocasses.
Je voudrais savoir peindre. Je peindrais
une prairie bleue, avec des mousserons,
où des jeunes filles nues danseraient en rond
autour d'un vieux botaniste désespéré,
porteur d'un panama et d'une boîte verte
et d'un énorme filet à papillons
vert.
Car j'apprécie les jeunes filles
et les gravures excessivement coloriées
où l'on voit un vieux botaniste éreinté
qui longe un torrent et se dirige
vers l'auberge.
De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir (1898)
Tableau d'Henri Matisse,Danse 1, 1909, MoMA
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25/05/2012
Corps et espace
Au démarrage, un mur brut en béton qui va être enduit et peint avec une couche d'impression. Ensuite, nous réalisons un enduit décoratif que nous protégeons avec du vernis.
Avec le temps, j’ai pris possession des espaces. Je peignais de petits tableaux, les murs se sont imposés à moi.
J’ai toujours le sentiment de faire corps avec le mur. Une histoire de rencontre. Une matière, un mur et moi. Je réussis même à combattre mon vertige et à travailler sur de grandes hauteurs.
Ce n’est pas seulement ma main qui est en mouvement, mais tout mon corps. Petits mouvements, grands mouvements, mon corps danse devant le mur.
Tout mon corps est sollicité : à la fin d'un tel chantier, pratiquement chacun de mes muscles a travaillé...
J’aime cette symbiose physique entre ces murs et mon corps; j'aime les imprimer de matières et de couleurs. J'aime cet espace qui s'offre à moi. J'aime que mon corps s'exprime ainsi. J'aime avoir besoin de tout mon corps, de mon attention, de ma concentration, de ma vigilance, que chaque geste soit juste pour réaliser un mur.
Il y a une complexité à aborder ces espaces, car il faut trouver un mouvement régulier, mais pas trop. Occuper l'espace sans avoir de recul, parce que pris par le mur, parce que travaillant sur un echaffaudage et surtout, parce qu'on ne peut pas s'arrêter...
Sur ce mur, j'ai travaillé avec Valérie Auzou et il nous a fallu avoir une belle complicité et une cohérence de main et de mouvements entre nous deux.
Ce mur est situé dans un hall d'un HLM. Il reste des finitions à faire, en particulier le vernir. Le plus grand mur a une surface de 40 m2. Il y a deux passes d'enduit, trois couches de vernis.
Stylisme : Corinne Crenn
Organisation du chantier, création des enduits (minéraux) et des couleurs: Dominique Hordé.
Réalisation des enduits: Valérie Auzou et Dominique Hordé
Outils utlisés: Taloche et couteau américain
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08/05/2012
Le plaisir, de Paul Louis Rossi
05:57 Publié dans Art et poésie en couleurs, Multi couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul louis rossi, le plaisir, violet, rouge, couleurs, egon schiele | Facebook | Imprimer | | |
07/04/2012
Viens, je te mettrai..., de Francis Jammes
Viens, je te mettrai des boucles d’oreilles
de cerises
et je te montrerai les longues treilles
où volent des merles bleus et des grives.
Viens, c’est la saison des grandes chaleurs
et des fleurs.
Sur les fossés poudreux les carottes blanches
poussent : il y a encor deux ou trois pervenches.
Dans le fond des bois frais les oiseaux crient.
Le ciel cuit.
Dans les mares il y a des joncs longs,
et les grenouilles grises font des bonds.
Dans les endroits chauds et frais, vois les sources
qui sont douces.
Dans le terrain rouge, ou bien sur la mousse,
elles coulent près des abeilles rousses.
Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"
Estampe d'Hokusai
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05/04/2012
Inspirations couleurs: rouge, rose, vert, jaune...
Félix Vallotton, Sur la plage, 1899.
Paul Gauguin, 1891 Femmes de Tahiti, Sur la plage, Oil on canvas, 69 x 91 cm Musee d'Orsay
Edgar Degas (1834-1917)
Hôtel Bellechasse, aménagé par Christian Lacroix, 2007
En matière de décoration, tout est question de proportion, de rythmes, de nature même de chacune des couleurs. Et cette proportion, ce rythme vont être guidés par l'histoire que je vais raconter avec et pour mon client. A partir de mêmes couleurs, le ressenti va être très différent.
Cette histoire a de multiples sources d'inspiration. La peinture à travers les siècles en fait partie.
Dernièrement, une de mes clientes me demandait si elle pouvait associer du rose, du rouge et du jaune....Cela lui paraissait violent et ne correspondant pas à l'idée qu'elle se faisait d'un décor équilibré et harmonieux.
Je l'ai rassuré imédiatement, et lui ai montré le travail de Christian Lacroix, qui a joué sur l'acidité de chacune de ces couleurs. C'est un parti pris , mais qu'autres ont apporté plus de douceur et de légérété.
Le vert, et plus plus particulièrement un vert jaune est un excellent lien entre ses couleurs gourmandes. Pour exemple, FélixVallotton, Paul Gauguin, Edgar Degas ont nourri cette palette de couleurs, chacun avec leur style et leur personnalité.
19:24 Publié dans Art et poésie en couleurs, Conseil en couleurs, Jaune, Peintres et couleurs, Rose, Rouge, Vert, Vivre la couleur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : félix vallotton, edgar degas, paul gauguin, christain lacroix, rose, rouge, vert, jaune | Facebook | Imprimer | | |
31/03/2012
Une lampe dans la lumière aride, d'André du Bouchet
Je me suis assis sur un rocher habituellement écrasé par le jour. Rocher trempé d’aurore. Maculé de ces taches de bleu vif orange qui éclaboussaient l’horizon. Lichen encore visible le jour, comme ces végétations marines, adhérant aux roches qui attendent l’heure de la marée pour s’épanouir. Un champ de nuages collait aux mêmes rochers, de disques noirs et blancs enchevêtrés, durement échoués comme ces tas de nuages pavés, durement tassés, écrasés les uns contre les autres, très bas. Le plafond bas du ciel. L ‘écorce du ciel qui se fendille. Le rocher brillait extraordinairement. Comme un bloc de ciel. Criblé de lichen orange. Dans le village, au départ. Pierraille.
Pan de pierres écroulées. Mur dur sourd aveugle au-dessus du bol de feu, muet, de la grande tasse d’eau de l’aube.
Le soc rougi qui laboure la terre.
Une lampe dans la lumière aride, Le Bruit du temps, 2011, p. 91.
Huile d'Emmanuelle Bollack 120 x 60 cm, 2011 http://bollack.carbonmade.com/
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18/03/2012
L'affiche rouge, d'Aragon
Vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants.
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses,
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient La France en s'abattant
Louis Aragon, Le Roman Inachevé, Gallimard, 1955
Musique de Léo Ferré, 1959
Plus d'information sur cette affiche de propagande allemande: http://www.culture.lyon.fr/static/culture/contenu/pdf/mus...
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18/02/2012
Décoration : les complémentaires rouge et le vert
Hiroshige (1797, 1898)
Jean-Edouard Vuillard
Félix Vallotton, 1892
Félix Vallonton, 1897
Giovanni Bellini, (1430, 1516)
Alphonse-Eugène Lecadre (1842-1875)
En décoration, j'utilise beaucoup l'association des deux couleurs complémentaires rouge et vert. Ce sont des couleurs de la nature, le vert de l'eau, de l'herbe, de la mousse, des tiges, des feuilles, le rouge des fleurs, des fruits d'été, de la terre, du lever et du coucher du soleil,...
J'aime cette sensation d'énergie et de vigueur qu'apportent ces deux couleurs. Sur les murs, je ne l'utilise pas nécessairement dans la même pièce, souvent dans des pièces qui se juxtaposent. Mais un beau rouge brun très foncé se marie merveilleusement avec un mur terre verte.
Je joue sur les valeurs, des verts foncés ou très pâles, des rouges profonds ou des roses....
Je n'hésite pas à mélanger des doubles rideaux de velours rouge hermès, avec des fauteuils vert amande, ..., d'introduire des plantes vertes à côté d'un mur rouge, de jouer sur la complicité énergisante de ces deux couleurs, en choisissants des tissus ou des papiers peints à motifs.
04:43 Publié dans Conseil en couleurs, Rouge, Vert, Vivre la couleur | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les complémentaires en décoration, rouge et vert, rouge, vert, conseil couleurs | Facebook | Imprimer | | |
14/02/2012
Ouï dire (extrait), de Michel Deguy
Moraine bleue dans le glacier du soir
La vigne rentre sous le vert, le bleu reprend le
ciel, le sol s'efface dans la terre, le rouge
s'exhausse et absorbe en lui les champsde Crau.
Les couleurs s'affranchissent des choses et
retrouvent leur règne épais et libre avant
les choses, pareilles à la glaise qui précédait Adam.
Le saurien terre émerge et lève mâchoire
vers la lune, les années rêveuses sortent des grottes
et rôdent tendrement autour de la peau épaisse. Falaise se
redresse, Victoire reprend son âge pour la nuit. Les nuages
même s'écartent, les laissant.
En hâte quittée cette terre qui tremble
ils se sont regroupés dans la ville, bardée de portes.
Ouï dire, Gallimard, 1966, p. 64.
Ronnie Landfield: The Deluge, 1998, 108 x 120 inches, acrylic on canvas, http://ronnielandfield.com/
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28/01/2012
La mélancolie (1532) de Lucas Cranach
(à propos de ce tableau La mélancolie (1532) de Lucas Cranach
"Vêtue de rouge, une femme ailée s'emploie à tailler une baguette. Pourquoi cette couleur, dans une œuvre placée sous le signe de la bile noire ? Je soutiens, après d'autres, que le peintre adopte une position anti-humaniste : loin de valoriser la mélancolie, il rejette l'idée ficinienne d'un mélancolique inspiré et génial. Son point de vue est religieux : nous sommes en pleine Réforme, et Cranach (comme Melanchthon ou Luther ) voit dans la mélancolie un péché. Plus qu'au génie, il faut penser au salut. À cette fin, l'artiste met en scène une séduction : sa Mélancolie est séductrice, ravissante et dangereuse, parce qu'elle nous détourne du droit chemin. Dans sa robe couleur de sang, la coquette nous fait de l'œil, avant de nous expédier – par un dispositif génial ! – au fond du tableau, vers un nuage noir qui préfigure l'enfer. La mélancolie, nous dit en somme Cranach, est une traîtresse qui se déguise en son contraire. Le rouge et le noir jouent ici, comme souvent, des rôles opposés et complémentaires.
Exttrait d'un entretien d' Yves Hersant dans Mag Philo http://www2.cndp.fr/magphilo/philo16/hersant.htm
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24/01/2012
(Oriolidés) & Ictéridés, de Fabienne Raphoz
(Oriolidés) & Ictéridés
Le sphécothère est un loriot
Tous les loriots piquent rouge sauf le Loriot ensanglanté le Loriot pourpré
Et le Loriot argenté – qui portent rouge – et les trois sphécothères – qui
voient rouge
Penser loriot c’est penser jaune or comme en latin pour un Européen un
Africain un Philippin un Indien un Chinois mais par pour un Australien
qui pensera vert comme en grec ni un Papou un Moluquais un Timorais
qui pensera brun
Le Loriot d’Europe est un court pendu un orgelet un lirou ar glazaour un
pendulo un pirol un rigogolo ein Herr von Bülau ein Schulz von Taran ein
Koch von Kulan eine Bierule ein Regenvogel
Pour tout le vieux Continent siffler loriot c’est siffler beau
Jeux d'oiseaux dans un ciel vide augures, Ediditions Héros-Limite, p 181
Tableau de Jan Van Kessel I (1626-1679), l'Arbre à oiseaux
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15/01/2012
Salomé, (extrait), d'Oscar Wilde
Ta bouche est comme une bande écarlate sur une tour d'ivoire. Elle est comme une pomme de grenade coupée par un couteau d'ivoire. Les fleurs de grenade qui fleurissent dans les Jardins de Tyr et qui sont plus rouges que les roses, ne sont pas aussi rouges. Les cris rouges des trompettes qui annoncent l'arrivée des rois, et font peur à l'ennemi, ne sont pas aussi rouges. Ta bouche est plus rouge que les pieds de ceux qui foulent le vin dans les pressoirs. Elle est plus rouge que les pieds des colombes qui demeurrent dans les temples et sont nourries par les prêtres Elle est plus rouge que les pieds de celui qui revient d'une forêt où il a tué un lion et vu des tigres dorés. Ta bouche est comme une branche de corail que les pêcheurs ont trouvé dans le crépuscule de la mer et qu'ils réservent pour les rois...!(...) Il n'y a rien au monde d'aussi rouge que ta bouche...
Extrait de Salomé, d'Oscar Wilde
Gallhof, Wilhelm (1878 - 1918 ) The Coral Chain
07:40 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : samomé, osacar wilde, rouge, wilheim gallhof | Facebook | Imprimer | | |
17/12/2011
Madonna mia , Oscar Wilde
Une fillette, un lis, inapte à la douleur du monde,
Cheveux bruns et soyeux tressés autour de ses oreilles,
Aux yeux charmeurs voilés de larmes folles,
Telle une eau d'un bleu pur dans un brouillard de pluie,
Et des joues pâles ignorantes des baisers,
Lèvres rouges qui ont toujours craint l'amour,
Gorge aussi blanche que gorge de colombe,
Sur le marbre de laquelle s'inscrit une veine de pourpre.
Pourtant, bien que mes lèvres ne cessent de te louer,
Je n'ose même pas embrasser ton pied,
Tant je suis assombri par les ailes de la peur,
Tel Dante, se tenant auprès de Béatrice,
Sous le poitrail en feu du Lion, lorsqu'il vit
La septième splendeur et l'escalier d'or (1).
Oscar Wilde, Poèmes, traduction Bernard Delvaille, dans op. cité., p. 13.
William-Adolphe Bouguereau (1825-1905) - Head Of A Young Girl (1898)
1 Allusion à un passage de Dante (Le Paradis, XXI, 13-15) : « Nous sommes élevés à la septième splendeur, / qui, sous le poitrail du lion ardent, / mêle maintenant ses rayons au siens » (traduction de Jacqueline Risset, Flammarion, 1996) [Note de la Pléiade, p. 1576].
Merci à Tristan Hordé pour cette contribution.
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08/12/2011
« Des mots comme du rouge qui respire », d'Angèle Paoli
Que reste-t-il ce soir de tout ce vécu de mots qu’on a engrangé
Chacun pour soi ?
Un peu de poème « avec toute sa guenille de mots ».
« Des mots
comme du rouge qui respire ».
.Le rouge des bleus de Matisse intérieurs et jardins
qui viennent à la rencontre
et le rouge du feu qui poudroie dans les mots.
.des mots comme du rouge qui respire
dans le vieux broc tout émaillé
comme posé là en attente d’un bouquet de cicindèles
ou même des flammes anacoluptères
que les mots grésillent
d’une bûche à l’autre
la respiration comme un souffle de vie à peine
retenu dans le silence gris du jour
et la promesse de la neige peut-être sous la vitre.
.et devant moi encore le rouge d’une étole
en jeté sur l’épaule et autour de la nuque aussi
comme un abandon de plis qu’on ne saurait dire.
.et celui plus carminé de la passion
d’un pendentif au lobe d’une oreille
que tellement ça bouge pour un rien
pour un mot qui passe tout au plus.
qui saura dire un jour quel fleuve
traverse le géant christophore
surgi à la croisée des rues dans le blanc de la roche rongée
et pourquoi au bou du bou du bou
le nom du village interrompu coupé
par qui pourquoi le sait-on ?
panneau sans fléchage et il faut inventer le chemin taillé
dans le gris lent de l’encoule
dans l’à-vif de la montagne blanche mêlé aux ocres chaudes
des pisés forteresses du Maroc.
.Sidi Slimane n’est jamais bien loin.
.le vieux campanile monte dans le peu de lumière derrière la vitre
au plus serré de la rencontre de ce jour
et le mot rouge un peu plus rouge pris dans les nappes et les tentures
et soudain dans celui plus doré du pain d’épices de Noël
qui effrite ses tranches sous les doigts
le rouge des couleurs mélange de bleu et d’oranger
la couleur rouge dans quel mot la retrouver
la rendre à sa rondeur première
à son origine dans la rouille
rouge pâle des tuiles sur les toits qui étirent
leur feuilleté dans la fraîcheur
et les murets décrépis
à quel temps abandonné depuis tant.
.le feu crépite rouge sang d’elfe chaude et d’éventail
que dis-tu en écrivant ces mots sinon le vide des images
qui ne parlent à personne
que lisent les regards sous les paupières closes
derrière la pluie des mots qui tombe en gouttes
de pétales rouges
quelque chose se vit comme un peu de souvenir
effacé que chacun garde au creux de sa propre chaleur
quelque chose se dit de l’intime
coule sa langue douce sous la langue autre
comme une odeur d’enfance à cueillir sous les mots
dans un jardin d’hier une langue d’avant
de Vendée ou d’ailleurs tendue aux quatre coins
d’une lessive fraîche.
.Écrire comme une affaire de désir
comme une affaire de rencontre
un désir de poussière
et de paradis minuscule
quelque chose du rouge dans le grain de la voix.
Angèle Paoli D.R
Merci à Angèle Paoli, qui anime un blog de poésie très riche, Terres de Femmes
Tableau d'Henri Matisse. Statuette et pichet roses sur un coffre des tiroirs rouge. 1910. Huile sur la toile. L'Ermitage, Rue Petersburg, Russie.
05:29 Publié dans Art et poésie en couleurs, Bleu, Poésie et couleurs, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : des mots comme du rouge qui respire, terres de femmes, angèle paoli, bleu, rouge, henri matisse | Facebook | Imprimer | | |
18/10/2011
Le dormeur du val, d'Arthur Rimbaud
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Premier poème du second Cahier de Douai (le recueil Demeny). Ecrit en octobre 1870
Tableau de Gustave Courbet, L'homme blessé, 1844-54
huile sur toile, 81 x 97 cm
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09/10/2011
La réponse, de Carl August Sandburg
Tu as donné la réponse.
Un enfant cherche loin parfois
Dans la poussière rouge
Sur une feuille rose foncée
Et donc tu es parti loin
Car la réponse est:
Le silence.
Dans la république
Des étoiles clignotantes et des cataclysmes taris
Sûr que nous y sommes la réponse est là-bas
cachée et repliée,
Endormie sous le soleil, se fichant pas mal que
l’on soit dimanche ou un autre jour
de la semaine,
Sachant que le silence apportera tout d’une façon
ou d’une autre. .
N’avons-nous pas vu
Le pourpre de la pensée
sortir du paillis
et de l’humus
ramper
sous un crépuscule
de velours ?
tache de jaune?
Nous pensions presque qu’elle venait de nulle part c’était
le silence,
le futur,
à l’oeuvre.
Chicago Poems Le Temps des cerises publient, traduction et présentation de Thierry Gillyboeuf (édition bilingue), Le Temps des cerises, 2001
Tableau de Franz Kline (1910-1962) ,
22:38 Publié dans Art et poésie en couleurs, Jaune, Poésie et couleurs, Rose, Rouge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la réponse, carl august sandburg, franz kline, rose, jaune, rouge | Facebook | Imprimer | | |
26/05/2011
Spleen, de Paul Verlaine
Les roses étaient toutes rouges,
Et les lierres étaient tout noirs.
Chère, pour peu que tu te bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.
Le ciel était trop bleu, trop tendre
La mer trop verte et l’air trop doux.
Je crains toujours,- ce qu’est d’attendre!
Quelque fuite atroce de vous.
Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,
Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas!
Aquarelles, Romances sans paroles
Tableau Egon Schiele
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27/04/2011
Vestige d'une vieille haie de jardin, de Reiner Kunze
Aubépine et rouge-épine
branches entremêlées
Rameaux d’écume
rouge dans le blanc
blanc dans le rouge
Bois fleurissant
à la vie à la mort
Reiner Kunze, Nuit des tilleuls, (Lindennacht, édition bilingue),traduction de Mireille Gansel & Gwenn Darras, Calligrammes/Bernard Guillemot, 2009, pp. 107 et 75 à la vie à la mort
Tableau de Rothko
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14/04/2011
Dialogue entre le rouge et le vert (Opus 1)
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