Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/03/2011

La petite herbe des mots, de James Sacré

poésie,couleurs

 

 

On peut croire qu'un souvenir
Creuse la couleur du mot bleu, à force
Il en reste plus rien, du bleu ;
Et du souvenir pas plus.
Qu'est-ce qu'on raconte ?"

"Une ancienne cour que l'enfance a fermée
Si t'ouvres le portail
Quelques mots reviendront, pas grand-chose.
La couleur d'autrefois c'est pareil qu'aujourd'hui, presque :
De la tôle toute neuve, mais quand même
Encore du vieux bois qui pourrit."

"Un mur s'est éboulé
C'est comme des mots (mais tombés d'où ?)
La douceur du ciel continue son bleu
On dirait qu'on peut rêver
A travers les choses défaites, les trous du poème."


James Sacré, La petite herbe des mots (1986), Si peu de terre, tout - éd. Le Dé bleu (2000), p. 27, 28 et 31.

Tableau de Félix Vallonton

27/03/2011

Les journées des Métiers d'Art du 1er, 2 et 3 avril 2011

affiche-JMA.jpg

 Les 1er, 2 et 3 avril 2011, les Journées des Métiers d'Art font découvrir au grand public des hommes et des femmes de passion. Au programme dans toute la France : portes ouvertes dans les ateliers et les établissements de formation, expositions de prestige, circuits découverte, conférences... http://www.journeesdesmetiersdart.com/

Artisan d'art, j'ouvre exceptionnellement mon petit atelier le 1er et le 2 avril, entre 14h30 et 19h. Il est situé au 55 rue de la Côte (près de la place de la Boule) à Nanterre.

 L'occasion de me rencontrer, et de découvrir le travail de Jacqueline Rollin sculptrice, http://fr.artquid.com/artist/j.rollin/jacqueline-rollin-s...

 

 

 

Mes petites amoureuses, d'Arthur Rimbaud

 

ilyazomb_576576657756.jpg

 

Un hydrolat lacrymal lave
    Les cieux vert-chou
Sous l'arbre tendronnier qui bave,
    Vos caoutchoucs

Blancs de lunes particulières
    Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
    Mes laiderons !

Nous nous aimions à cette époque,
     Bleu laideron !
On mangeait des oeufs à la coque
    Et du mouron !

Un soir, tu me sacras poète,
    Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
    En mon giron ;

J'ai dégueulé ta bandoline,
    Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
    Au fil du front.

Pouah ! mes salives desséchées,
    Roux laideron,
Infectent encor les tranchées
    De ton sein rond !

Ô mes petites amoureuses,
    Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
    Vos tétons laids !

Piétinez mes vieilles terrines
    De sentiment ;
- Hop donc ! soyez-moi ballerines
    Pour un moment !...


Vos omoplates se déboîtent,
    Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent
    Tournez vos tours !

Et c'est pourtant pour ces éclanches
    Que j'ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
    D'avoir aimé !

Fade amas d'étoiles ratées,
    Comblez les coins !
- Vous crèverez en Dieu, bâtées
    D'ignobles soins !

Sous les lunes particulières
    Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
   Mes laiderons !

 

Arthur Rimbaud, Pierre Seghers Editeur, p 94, 95,96

Tableau d'Ilya Zomb

 

26/03/2011

A la limite, de Pierre Reverdy

 

 

a la limite,pierre reverdy,bleu,gris

Quand les gens passent la nuit dans l’allée bleue – la nuit d’hiver. Les branches bougent contre les murs, contre la haie qui se retranche – la barrière enchantée dans le gris plus épais – le trou vivant des ombres.  Si les lumières courent, si elles naissent et meurent, tout ce qui est devant s’anime et les yeux sont meurtris. Tout ce qui pèse sur cet espace étroit où s’accoude la nuit. 
La tête a son rayon qui file loin du monde. Le cœur parti à l’aile et faible au souvenir. S'il fait froid dans l’allée vide où le vent s’arrête aux branches qui déchirent – où l’aile immense touche en remuant la pluie – une larme au rebord du toit luisant, un mot qui plane. Et la lumière fixe dans le cadre des lignes – Tous ces gens qui passent le soir d’hiver dans l’allée bleue et grise qui traverse la nuit.  

 
Pierre Reverdy, Flaques de verre, in Œuvres complètes, tome II, Flammarion, 2010, p. 521 
 Tableau de Paul Sérusier 1864-1927 

Des yeux pour entendre, (extrait) Oliviers Sacks

 

des yeux pour entendre,oliviers sacks,charles vuillard

 

 

 

Je n’entendais plus les sons, je les voyais. […] L’orchestre était comme un peintre. Il me submergeait de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Quand le violon jouait, j’étais soudain empli d’or et de feu, et de rouge si vif que je ne pouvais me souvenir l’avoir vu auparavant sur aucun objet. Quand c’était le tour du hautbois, un vert clair me traversait, si frais qu’il me semblait percevoir le souffle de la nuit.

 

 

Oliver Sacks (citant Jacques Lusseyran). Des yeux pour entendre. Seuil, 1996.

Tableau de Vassily Kandinsky (1866-1944)

22/03/2011

Chapitre LIII, Vie Secrète, de Pascal Quignard

 

chapitre liii,vie secrète,pascal quign

Les peintres? Les cartons vert épinard. Les musiciens? Les boites noires et luisantes. Les écrivains? Les mains vides.

Les mains invisibles.

La nature communique. Le temps communique. Les animaux communiquent. Les êtres humains aussi communiquent entre eux de façonsingulière et qui n'est pas celle que leur propose le langage qu'ils parlent et qui les assujetis à l'ordre propre de chaque socièté, laquelle n'est pas un ordre mais un réflexe aussi fasciné  que carnivore (que perpétuellement sanglant).

Les femmes et les homme ne communiquent pas par les points où ils le croient. Il est possible que notre souffrance ne se confonde jamais tout à fait avec la souffrance de ceux que nous aimons. Nos malheurs ne peuvent toucher entièrement l'autre. Nos douleurs ne pouvent toucher directement l'autre. Nos mains le peuvent. La force traverse la paroi, la pensée la caisse caverneuse de la tête, la volupté le sac de la peau, l'eau et les yeux.

Vie secrète, Gallimard, p 464

Estampe d'Utamaro

 

20/03/2011

Odilon Redon au Grand Palais

 

odilon redon papillon 2.JPG

 

odilon redon papillon.jpg

En l'honneur du printemps....deux tableaux d'Odilon Redon à découvrir au Grand Palais à partir du 23 mars http://www.rmn.fr/francais /les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-galeries-nationales-9/expositions/odilon-redon

18/03/2011

Horizon, de Jacques Garelli

 

 

poème,poésie,horizon,jacques garelli

Cette brume de chaleur et sa poussée multicolore plus lointaine que ce qui scintille dans une débâcle de micas, comme un poumon solaire absorbant les plus austères respirations, qui les transfère et les transfigure, je les vois, les autarciques, comme le mauve tend vers l'indigo des mers, dans une fugitive conspiration.

 
 
Fragments d'un corps en archipel, 2008, éd. José Corti
Tableau Dominique Hordé

Créativité et savoir-faire

matière et couleurs,créativité et savoir faire

Comment introduire de la créativité dans un métier manuel et technique, en utilisant uniquement des produits basiques ?

 

 

Toute création implique une grande complicité et une intimité avec les produits qu’on utilise. Et c’est la technicité, le savoir-faire qui rend possible l’acte de création. Ce savoir faire permet de maitriser son champ d’action et ses limites. Il existe une grande liberté d’utilisation des produits mais dans le cadre d’un protocole précis.

 

Savoir jusqu’où on peut aller, à quel moment son geste devient irréversible, demeure réversible.

 

 

Faire confiance à son corps, ses sens. C’est mon corps qui devient outil, je mobilise tous mes sens pour exprimer ma pensée.

 

Savoir jusqu’où on peut amener un produit. Essayer et essayer. N’avoir aucun préjugé. Oublier un peu ce qu’on a appris. Défaire pour refaire. Ne pas avoir peur de rater, de recommencer. Se laisser surprendre. Comme tous les créateurs avant moi. Parce qu'être artisan d'art, est aussi être créateur.  

 

 Gros plan sur un mur réalisé avec un enduit minéral pigmenté par mes soins. Succession de couches très fines.

12/03/2011

Prière d'acier (extrait), de Carl Sandburg

 

Jean Foutrier.jpg

Prends des rivets rougis au feu et enfonce-moi dans les poutres 
        maitresses.
Que je sois le grand clou qui à travers les nuits bleues cloue
       le gratte-ciel sur les étoiles blanches!



Carl Sandburg, Le peuple oui, traduction Alain Bosquet, Editions Pierre Seguers
Tableau de Jean Fautrier

11/03/2011

Couleurs, de Michel Leiris

espoir 4.JPG

Mon sang

avant toi

était-il vraiment d'un rouge aussi foncé,

ma pierre polie,

mon eau dormante,

ma mordorée?

 

Haut Mal Poésie/Gallimard p 223

Tableau Dominique Hordé

Eugène Leroy, Autoportrait noir, de Ludovic Degroote

 

eugène leroy autoportrait noir.jpg

autoportrait noir, pas sombre

décrire donc — un visage assez clair se détache ou s’enfonce dans de la couleur pâte agglomérée de tons qui vont de l’orang au noir en passant par la gammes des bruns , bronze et rouges terreux ; le visage, ovale d’amande effilé, contraste par des blancs et des clairs qui en valorisent la moitié gauche, à cause d’une lumière de côté ; la peinture est posée sur la toile au pinceau, à la brosse, peut-être au couteau ; le geste est varié ; parfois le visage comme le fond sont exprimés à l’aide de touches ou de traînées de brosse qui semblent faire glisser la couleur, parfois à l’aide de ruptures de gestes qui font comme des prélèvements de fouilles ; ce geste exploite généreusement la pâte, qui peut s’étaler par couches épaisses, ou successives, ou superposées : lorsque j’ai dit ça, est-ce que j’ai dit quelque chose ?

 

Ludovic Degroote, Eugène Leroy, Autoportrait noir, éditions invenit, 2011, p. 11.

Tableau d'Eugène Leroy, Autoportrait noir (1910 2000)

Contribution de Tristan Hordé

09/03/2011

La certitude et la couleur, Jacques Roubaud

poésie,couleurs,jacques roubaud,lucio Fontana,rouge,blanc,noir

 

Près de la mort écrit :      certitude, couleur.

Peut-on douter du rouge ?

Cuve de cuivre et vin          vent veiné          terrasses au centre

vert. Et toi?

Tu n'étais pas blanche et noire    plate.    l'étais-tu?

 Tu n'étais pas découpée en rectangle dans le monde.

 Cette image:   tu n'as jamais répondu sur ton regard

  quel après fixes-tu?    où tu me places   seul.

Moi,   quelque chose d'entièrement neuf?

Tes yeux   dans la clarté testamentaire.

 

Quelque chose de noir, Jacques Roubaud. Poésie Gallimard, p 55

 Tableau de Lucio Fontana (1899 – 1968)

 

07/03/2011

Enduit décoratif et cuisine

enduit patiné orange.JPGenduit asnières.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce métier est aussi une affaire de cuisine, de recettes personnelles, de dosages précis, de mélanges, d’équilibre, de compatibilité entre produits.

 

Il ne faut pas hésiter à tester,  à essayer... 

 

Pour cet enduit  ensoleillé, j'ai utilisé un enduit de lissage, des pigments, une taloche et un couteau américain.

06/03/2011

Flammes, de Tôge Sankichi

 

tableau.JPG

D'une poussée écartant les fumées 
depuis la terre à demi obscurcie 
par des nuages bas et lourds 
suaire déployé 
heurtant la voûte céleste 
grinçant des dents 
se soulevant dansant dans l'air 
s'unifiant 
noires        rouges       bleues les flammes 
qui soufflent dispersent des étincelles brillantes 
sur la ville entière maintenant 
sont dressées.

 

Ondulant       comme des algues 
des rangs de flammes avancent. 
Des troupeaux de vaches qu'on menait à l'abattoir 
roulent en avalanche sur les pentes de la rivière; 
un pigeon couleur de cendres 
ailes crispées tombe sur le pont. 
Ceux qui sautillant 
sortant de sous des jets de fumée rampent, 
avalés dans les flammes, 
sont d'innombrables humains à quatre pattes.

 

Sur un tas de braises effondrées 
s'arrachant les cheveux 
rigidifiée 
la malédiction se consume

 

après ce temps condensé 
explosé 
rien que haine incandescente 
se répandant palpitante. 
Un silence sans rime 
s'accumule dans l'espace

 

les chauds rayons d'uranium 
qui ont repoussé le soleil 
impriment sur la chair du dos des vierges 
le motif fleuri d'une soie fine, 
mettent instantanément      en feu 
la robe noire d'un prêtre 
1945, Aug. 6 
en ce minuit en plein midi 
l'homme à coup sûr a livré Dieu 
aux flammes. 
Cette nuit 
la lumière en flammes de Hiroshima 
se reflète sur le lit de l'humanité; 
avant longtemps l'histoire
aura tendu une embuscade 
à tout ce qui ressemble à Dieu.

 

 

Tôge Sankichi, in Poèmes de la bombe atomique, traduits du japonais par Ono Masatsugu et Claude Mouchard et présentés par Claude Mouchard, édition Laurence Teper, 2008. (Collection Bruits du temps), p. 81-82

Tableau de Dominique Hordé

05/03/2011

Les couleurs de l'oubli

 

les couleurs du temps.jpg

Dans un hôpital au bord d’une forêt, François Arnold installe un jour un atelier de peinture. Dans ce lieu de tendresse, de partage et de création, des vieillards apprennent à peindre. Eux que l’on croyait déjà hors du monde se révèlent intensément présents. Et les oeuvres qu’ils créent sont bouleversantes.

Ils viennent, une fois, deux fois, cent fois, heureux d’apprivoiser pinceaux et couleurs. Beaucoup sont atteints de la maladie d’Alzheimer. C’est à leur rencontre que nous emmènent François Arnold et Jean Claude Ameisen, qui mêlent leurs voix à celles des patients.
Au-delà des couleurs, au-delà des mots, au-delà de l’oubli, il y a, chez chacun des auteurs de ces peintures, la présence d’une vie intérieure qui bat. La présence d’un monde qui n’en finit pas de se construire. Ultimes traces de beauté. Ultime témoignage d’humanité.

04/03/2011

Correspondances, de Charles Baudelaire

wassily kandinsky Espace avec cercles concentriques, 1913.jpg

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

 

Correspondances, Les Fleurs du Mal.

Tableau de Wassily Kandinsky

 

 

03/03/2011

Carnets de Marche (extrait), d'Angèle Paoli

Un noir intense descend sur la mer. Les eaux brouillées du ciel rejoignent la ligne de crête des vagues, s'y plongent. Le triangle de lumière a encore retréci. Ciel et mer, immergés l'un dans l'autre , broient du noir.

Le petit coquelicot de novembre n'est plus. Il est mort ce matin, broyépar les vents d'hiver. Ses pétales gisent, recroquevillésdans les trous de rocaille. Nulle autre fleur tardive ne l'a remplacé. Météo, météo, météo. Le coquelicot de Zanzotto bat de l'aile dans sa tête. Elle rumine son refrain. Lallation de douleur. Un stylet planté dans le coeur. Rouge sang. Météo, météo, météo.

Carnets de Marche, les Editions du Petit Pois, p 19. Angèle Paoli anime un blog magnifique http://terresdefemmes.blogs.com/

coquelicot angèle.jpg

02/03/2011

Choeur d'enfants, de Jean Tardieu

poème;poésie,choeur d'enfants,jean tardieu

 

Tout ça qui a commencé

 il faut bien que ça finisse

 

la maison zon sous l'orage

le bateau dans le naufrage

le voyageur chez les sauvages.

 

Ce qui s'est manifesté

il faut que ça disparaisse

 

feuilles vertes de l'été

espoir jeunesse et beauté

anciennes vérités.

 

MORALITÉ

 

Si vous ne voulez rien finir

évitez de rien commencer.

Si vous ne voulez pas mourir,

quelques mois avant de naître

faites-vous décommander.

 

Recueil "Monsieur, Monsieur" Gallimard 1951

Tableau de Janda Dzenek

01/03/2011

Main et savoir faire

 

main,savoir faire, stucco

 

 

Mon savoir faire : transformer, sublimer de la matière. Un simple enduit de lissage permet de réaliser de très beaux enduits.

 

Successions de couches souvent très fines, mouvement de la main. La matière inerte prend forme et en séchant raconte une nouvelle histoire, trouve de nouveaux échos.

 

La matière prend forme, se transforme, passe de la poudre ou de la pâte à une matière dure, minérale.

 

Mes mains peuvent ainsi reconstituer de la pierre, j’aime vraiment cette magie…

 

(Sans ma main, le produit n’est rien. C’est le geste qui fait la beauté d’un produit.)

 

 

Enduit décoratif réalisé dans un hôtel particulier. Conception et réalisation Ateliers Dominique Hordé