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07/04/2012

Viens, je te mettrai..., de Francis Jammes


Viens, je te mettrai des boucles d’oreilles
de cerises
et je te montrerai les longues treilles
où volent des merles bleus et des grives.
Viens, c’est la saison des grandes chaleurs
et des fleurs.
Sur les fossés poudreux les carottes blanches
poussent : il y a encor deux ou trois pervenches.
Dans le fond des bois frais les oiseaux crient.
Le ciel cuit.
Dans les mares il y a des joncs longs,
et les grenouilles grises font des bonds.
Dans les endroits chauds et frais, vois les sources
qui sont douces.
Dans le terrain rouge, ou bien sur la mousse,
elles coulent près des abeilles rousses.



Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

Estampe d'Hokusai

31/03/2012

Une lampe dans la lumière aride, d'André du Bouchet

 

emmmanuelle bollack 2.jpeg

Je me suis assis sur un rocher habituellement écrasé par le jour. Rocher trempé d’aurore. Maculé de ces taches de bleu vif orange qui éclaboussaient l’horizon. Lichen encore visible le jour, comme ces végétations marines, adhérant aux roches qui attendent l’heure de la marée pour s’épanouir. Un champ de nuages collait aux mêmes rochers, de disques noirs et blancs enchevêtrés, durement échoués comme ces tas de nuages pavés, durement tassés, écrasés les uns contre les autres, très bas. Le plafond bas du ciel. L ‘écorce du ciel qui se fendille. Le rocher brillait extraordinairement. Comme un bloc de ciel. Criblé de lichen orange. Dans le village, au départ. Pierraille.

Pan de pierres écroulées. Mur dur sourd aveugle au-dessus du bol de feu, muet, de la grande tasse d’eau de l’aube.

Le soc rougi qui laboure la terre.


 

 

Une lampe dans la lumière aride, Le Bruit du temps, 2011, p. 91.

Huile d'Emmanuelle Bollack 120 x 60 cm, 2011 http://bollack.carbonmade.com/

 

 

14/03/2012

Roman, d'Arthur Rimbaud


On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
− Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, 
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
− On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! 
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits, − la ville n’est pas loin, 
A des parfums de vigne et des parfums de bière... 

− Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon 
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond 
Avec de doux frissons, petite et toute blanche... 

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête... 
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser 
Qui palpite là, comme une petite bête... 

Le cœur fou Robinsonne à travers les romans,
− Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère, 
Passe une demoiselle aux petits airs charmants, 
Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père... 

Et, comme elle vous trouve immensément naïf, 
Tout en faisant trotter ses petites bottines, 
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif... 
− Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... 

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’à mois d’août. 
Vous êtes amoureux. − Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût. 
− Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire... !

− Ce soir-là,... − vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade... 
− On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.


Poème de 1870.

Tableau de Van Gogh, Arles, Terrases de café, la nuit, 1888


10/03/2012

La lettre à Louis, de Jean-Michel Maulpoix

A mon fils Louis, né le 14 juillet 2006

Le jour et la nuit ont changé d’horloge. Le temps de ma vie bat dans le tien.
Ta vie à petits bruits. Tes soucis de lait. Ton front qui se plisse. Tes façons comiques de Bouddha sévère. Ton savoir, ta sagesse immense. Et cette moue sans appel qui se moque des affaires publiques.
Ta tête de porcelaine, si petite et si lourde au creux de mon bras gauche. Tes yeux encore emplis de nuit. Qui cherchent et qui s’étonnent. 
A l’affût d’un cri, je tiens ton sommeil contre moi. J’aime ce pouvoir dont je dispose de calmer tes pleurs.
Ton poing de colère parfois serré si blanc. Tes matchs de boxe, tes trépignements. 
Le chant du biberon. Tes tétées goulues. Ton bonheur de bulles et de gloussements. Tes gazouillis et tes crottes d’or. Ton odeur de bébé tout neuf. Tes sourires aux anges et tes petits pets.
Voici le monde et le jardin : des couleurs, des fruits et des fleurs !
Nous avons commencé notre conversation future : tous les mots sont pour toi. 

Poème de Jean-Michel Maulpoix, lu dans le cadre du Printemps des poètes, que je dédie aussi à mon fils Julien, 21 ans

 Journal d'un enfant sage (Mercure de France, 2010)

Photo de Julien, encore dans l'enfance.

07/03/2012

Lettre, de Li Po

René Magritte 
Homage to Mack Sennett 1937
via History of Art
oil on canvas



 
Mon amour, 
                       Quand tu habitais là il y avait 
                            toute une maisonnée de fleurs. 
Tu n’habites plus là et il n’y a 
              plus qu’un lit vide. 
Sous la courtepointe brodée 
              je me tourne et me retourne. 
Trois ans déjà 
              que je sens ton parfum. 
Ton parfum n’est jamais parti, lui 
Mais toi, tu ne reviens jamais. 
Je pense à toi, les feuilles jaunes sont bien mortes 
Et moite, la gelée blanche couvre la mousse verte. 
 
 


Traduction par Auxeméry de la traduction d’un poème de Li Po par W.C. Williams (in The New Directions, Anthology of Classical Chinese Poetry, Edited by Eliot Weinberger,  New Directions, 2003.) 

 

Tableau de René Magritte , Homage to Mack Sennett 1937

 

21/02/2012

Pays sous les continents (extrait), de Dominique Sorrente

Seul,
ce pourrait être cette pierre à partage.

Le souffle du non-retour
du vent,
le premier logement du soleil
au sommet,
à rendre rose la montagne.

Ou bien seul,
la transparence d’un pas perdu, gagné,
tout blanc sur noir
comme une voyelle intermittente.

( extrait de Pays sous les continents, MLD, 2009 )


On peut aussi retrouver Dominique Sorrente sur www.scriptorium-marseille.fr , blog de l'association qu'il anime.

 Photo de Pierre Gaudu . Autoportrait Février 2012 .

23/10/2011

Le sommeil, de Georg Trakl

 

friedrich_arbre.jpg

 Malédiction sur vous, sombres poisons, 
blanc sommeil !  
Ce jardin on ne peut plus bizarre 
d’arbres crépusculaires 
pénétrés de serpent, de phalènes, 
d’araignées, de chauve-souris. 
Étranger ! Ton ombre perdue 
au soleil couchant, 
corsaire lugubre 
dans la mer saline de l’affliction. 
À l’orée de la nuit s’envolent de blancs oiseaux 
sur de croulantes villes 
d’acier.  
 
 
Entre improvisations et compassions, traduction Lionel Richard, édition bilingue, BF Éditions, 2010,

Tableau de Caspard David Friedrich, L'arbre aux corbeaux

04/09/2011

Green, de Paul Verlaine

 

 

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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, 
Et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous. 
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches 
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux. 

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête 
Toute sonore encor de vos derniers baisers ; 
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête, 
Et que je dorme un peu puisque vous reposez. 





Romances sans paroles (1872)

Tableau d'Auguste Renoir, Dans le jardin


12/07/2011

Une histoire de la lecture, d'Alberto Manguel

 

 

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Et puis un jour, par la fenêtre d’une voiture, […] j’ai aperçu un panneau publicitaire au bord de la route. […] Peut-être la voiture a-t-elle ralenti juste assez longtemps pour que je voie surgir de grandes formes, des formes semblables à celles de mon livre, mais des formes que je n’avais jamais vues. Et pourtant, tout à coup, j’ai su ce qu’elles étaient : j’entendais dans ma tête ces traits noirs et ces espaces blancs métamorphosés en une réalité solide, sonore, pleine de sens. J’avais fait cela tout seul. Personne n’avait exécuté pour moi ce tour de magie. Moi et les formes, nous étions seuls, la révélation avait eu lieu en un dialogue respectueusement silencieux. Puisque je pouvais transformer des traits nus en réalité vivante, j’étais tout puissant. Je savais lire.

[…] Cette impression de me trouver soudain capable de comprendre ce qu’auparavant je ne pouvais que contempler est demeurée aussi flamboyante aujourd’hui qu’elle doit l’avoir été alors. C’était comme l’acquisition d’un sens nouveau, de sorte que désormais certaines choses ne consistaient plus seulement en ce que mes yeux pouvaient voir, mes oreilles entendre, ma langue goûter, mon nez sentir ou mes doigts palper, mais en ce que mon corps entier pouvait déchiffrer, traduire, énoncer, lire.

 

 

 

Une histoire de la lecture. (Actes Sud, 1998).

 

Eau-forte de Richard Serra (101x128 cm)

   

 

08/06/2011

Soupir, de Stéphane Mallarmé

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Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l'Azur.

Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

 

 

Album de vers et de prose (1887)

 

Bonnard, Marthe dans son lit 

12/05/2011

Le blanc et les prénoms

 

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La couleur blanche étant le symbole de la pureté, il n'est pas étonnant que l'on retrouve beaucoup de prénoms dont l'origine étymologique renvoie à la couleur blanche:  

Origine germanique: blank (brillant, clair): Blanche, Bianca

Origine celtique: Gwenn (blanc, pur): Guenièvre, Jennifer, Gwenn, Gwennola, Gwennoline, Goulven, Goulwen, Gwenaël (le), Gwendaline, Gwendal, Gwendoline, Maïwenn.  

Origine latine 

Albus, alba (d'un blanc pur): Aube, Audeline, Alban, Albine, Albina, Alba.

Candidus, candida (d'un blanc éclatant) : Candide, Candida, Candy, Candie, candido  

A noter que Blandine est formée sur l'adjectif d'origine latine Blandus, qui signifie caressant et flatteur et n'a donc rien à voir avec le blanc!

 

(Référence Dictionnaire des prénoms de Chantal et Tristan Hordé, Larousse, Edition de 2009)

Photo d'ORLAN, Vierge Blanche au nuage de plastique Bulle, 1984, donation Camille, Coll. Centre Pompidou


27/04/2011

Vestige d'une vieille haie de jardin, de Reiner Kunze

Vestige d'une vieille haie de jardin, de Reiner Kunze,rouge, blanc

Aubépine et rouge-épine 
branches entremêlées 

Rameaux d’écume 
rouge dans le blanc 
blanc dans le rouge 
 
Bois fleurissant  
à la vie à la mort 

Reiner Kunze, Nuit des tilleuls, (Lindennacht, édition bilingue),traduction de Mireille Gansel & Gwenn Darras, Calligrammes/Bernard Guillemot, 2009, pp. 107 et 75 à la vie à la mort 

Tableau de Rothko
 

 

03/04/2011

L'étoile a pleuré rose, d'Arthur Rimbaud (1871)

 

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L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ;
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.

Tableau de Paul Bouchard

12/03/2011

Prière d'acier (extrait), de Carl Sandburg

 

Jean Foutrier.jpg

Prends des rivets rougis au feu et enfonce-moi dans les poutres 
        maitresses.
Que je sois le grand clou qui à travers les nuits bleues cloue
       le gratte-ciel sur les étoiles blanches!



Carl Sandburg, Le peuple oui, traduction Alain Bosquet, Editions Pierre Seguers
Tableau de Jean Fautrier

09/03/2011

La certitude et la couleur, Jacques Roubaud

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Près de la mort écrit :      certitude, couleur.

Peut-on douter du rouge ?

Cuve de cuivre et vin          vent veiné          terrasses au centre

vert. Et toi?

Tu n'étais pas blanche et noire    plate.    l'étais-tu?

 Tu n'étais pas découpée en rectangle dans le monde.

 Cette image:   tu n'as jamais répondu sur ton regard

  quel après fixes-tu?    où tu me places   seul.

Moi,   quelque chose d'entièrement neuf?

Tes yeux   dans la clarté testamentaire.

 

Quelque chose de noir, Jacques Roubaud. Poésie Gallimard, p 55

 Tableau de Lucio Fontana (1899 – 1968)

 

01/03/2011

Gstaad, de Jude Stefan

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Sur un sol en brique des

Hommes en blanc qui jouent

protégés d’arbres verts s’

étirant vers le ciel jouent

cris et gestes

dans les ombres du soir

deux chaises en toile rouge

vives comme les capucines

un oisif en béret sur l’herbe

lentement caresse son chien

auprès de soldats bleus un

asiatique en chapeau porte

lunettes noires

le jeune homme en habit cendré

adossé au sapin paraît sourire

 

Jude Stefan, Caprices, Gallimard, 2004, p. 23.

 

Tableau de Maurice Estève (1904 2001)


26/01/2011

Une vie ordinaire (extrait), de Georges Perros

 

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Si j’écris au plus près des mots
leur laissant toute latitude
de me trahir (c’est ce qu’ils font
dès qu’on leur ouvre un peu la porte)
c’est évidemment volontaire
Je pourrais sans doute de biais
t’interrompre banal discours
et prêter à penser aux jours
qui donneraient sens aux ténèbres
Je n’en suis pas là quoique aimant
ceux dont le langage inspiré
demandait pour mieux respirer
d’être ainsi traité Espérons
que cela me sera possible
c’est si beau une page blanche
Et tous ces mots prêts à sortir
du dictionnaire on n’a qu’à prendre
Vrai tous les mots de Moby Dick
ou de la Bible pourquoi pas
sont à portée de toute tête
et l’aphorisme de Pascal
Tout est là Malheureusement
chacun d’entre nous n’a pouvoir
que de parler son seul langage
A quoi bon vouloir être un autre
qui nous fascina par ses mots
il en a souffert la richesse
assumons notre pauvreté
Beaucoup d’écrivains d'aujourd’hui
sont gosses de riches ainsi
Ils choisissent dans la vitrine
le dernier cri sans pour autant
perdre leur bonne mine Allant
de fleur en fleur très littéraires
butinant au gré de leur goût
très sûr au reste mais vicieux.

 

Georges Perros, Une vie ordinaire, Poésie / Gallimard, 1988, p.90

Tableau de Jonathan Wolstenholme

Les pigments blancs

La couleur blanche a toujours été recherchée et il existe quelques pigments qui permettent d’obtenir cette couleur.

La craie : il existe de nombreuses sortes de craie. (Blanc de Meudon, blanc d’Espagne ou blanc de champagne). Ce sont des carbonates de calcium, qui résultent de la fossilisation de micros organismes divers.  La craie permet de nuancer d’autres pigments. Elle est aussi souvent utilisée sous forme de badigeon, nature ou avec des pigments.

Le kaolin : c’est une roche tendre de couleur blanche, présente sur tous les continents. En occident, on utlise essentiellement le kaolin comme charge minérale destinée à éclaircir certains pigments tels que les ocres, les noirs de charbons ou l’azurite.

Le blanc de plomb, qui est un carbonate de plomb : on peut le trouver à l’état naturel (en Iran, ou en Tableau de giovanni Antonio bazzi (1477 1549).jpgTurquie) On peut aussi le fabriquer : dans l’antiquité, on exposait des lamelles de plomb à l’action conjointe du vinaigre et du fumier animal. Après quelques semaines, il se forme sur le plomb un corps blanc,le blanc de plomb, dit aussi blanc de ceruse. C’était un pigment très utilisé et apprécié du fait de son opacité et de son caractère très lumineux.

Au milieu du 19 ème siècle, ce pigment toxique fut interdit et remplacé par le blanc de zinc.

Le blanc de titane est apparu vers 1920 et plus économique que le blanc de zinc, il est très utilisé.

Il a taux de réfraction particulièrement élevée: il reflète ainsi 96% de la lumière entrante.

 

                                                                       Tableau de Giovanni Antonio Bazzi (1477-1549), peint avec du blanc de plomb.

Le dioxyde de titane est appliqué dans de nombreux domaines: peintures, laques, encres d’imprimerie, matières plastiques, caoutchoucs, fibres synthétiques, papier, émaux, céramique, matériaux de construction, ciment, savon, cosmétiques, cuir, produits pharmaceutiques, denrées alimentaires.

 Autre pigment blanc très apprécié, le blanc de coquile et de coquillage.

 On peut broyer des coquillages, en particulier des conques des écailles d’huitres ou de palourde. Pour ces deux dernièrs, un blanchiement au soleil est nécessaire. Pour les coquilles, on utise des oeufs de poule ou d'oie.

02/01/2011

Quand je pense à ma propre mort, de Charles Bukowski

je pense à des voitures garées dans
un parking
 
quand je pense à ma propre mort
je pense à des poêles à frire
 
quand je pense à ma propre mort
je pense à quelqu'un te faisant l'amour
en mon absence
 
quand je pense à ma propre mort
j'ai de la peine à respirer
 
quand je pense à ma propre mort
je pense à tous les autres qui attendent la leur
 
quand je pense à ma propre mort
je pense que je ne pourrai plus
jamais boire de l'eau
 
quand je pense à ma propre mort
l'air devient tout blanc
 
et les cafards dans la cuisine
se mettent à trembler
et quelqu'un devra jeter
mes sous-vêtements propres ou sales
à la poubelle.

 

16/12/2010

Le Christ voilé (extrait), de Patrice de la Tour du Pin

C'est un jardin secret et tranquille où s'amassent
Les iris blancs et les hautes touffes d'asters
Et les tapis serrés de campanules basses.

Aucun vent n'y pénètre du ciel grand ouvert ;
Les voix mêmes des oiseaux passants se sont tues
Qui volent vite et très haut dans le ciel clair.

Ombrée, et finement travaillée, et vêtue
De la seule caresse amoureuse des fleurs,
Une femme, de la chair froide des statues.

Et le maître ancien qui fut son ciseleur,
A l'étrange figure ajouta son mystère,
Le signe de l'ellipse inscrit dans sa pâleur.

Un mur de pierre enclôt cette Eve solitaire
Qui ne tend pas l'oreille aux rumeurs d'au-delà,
Mais à celles, sourdes et profondes, de la terre.

Ce serait la plus haute des fleurs, si son bras
Le long d'un corps gonflé de sève végétale,
Sur son ventre de nacre ne descendait pas ;

Si ses deux seins n'étaient striés de veines pâles,
S'ils ne se gonflaient pas soudain de volupté,
Caressés seulement en rêve par un mâle.

C'est un jardin secret, cerclé d'un mur, hanté
Comme un damier, d'oiseaux noirs et blancs qui reposent :
On leur a coupé les ailes par cruauté.

Dehors le ciel est tout enluminé de rose,
Sur les collines, des nuages clairsemés,
Et "Quête de joie" est inscrit sur toutes choses :

L'archange noir, veillant sur ce jardin fermé.