29/01/2011
Les pigments jaunes
Il existe un certain nombre de pigments jaunes naturels, dont certains sont très toxiques!
Il y a bien sûr les ocres et des terres jaunes, qui sont en fait des argiles colorées par des oxydes de fer. Ces ocres sont naturellement mêlées à du sable et doivent être filtrées. Réduites en poudre, elles s'utilisent telles quelles, ou alors elles se mélangent facilement avec de la gomme arabique, de la caséine, du jaune d'oeuf ou de l'huile. Suivant leur origine géographique, elles ont des couleurs différentes: terre de sienne naturelle, ocre citron ICLES, ocre jaune...
Grotte de Lascaux
Le jaune de Naples : c'est un pigment obtenu par la calcination d'un mélange de plomb et d'oxyde d'antimoine. Il est toxique, se mélange mal avec d'autres pigments, mais sera très utilisé.
Le jaune indien: c'est un sel de magnésium et d'acide euxantique recuilli dans l'urine ou la bouse de vaches nourries de feuilles de manguier...Ce jaune est magnifique..mais il fallait asoiffer les vaches pour l'obtenir et sa production a été interdite au début du 20 ème siècle.
L'orpiment: pigment naturel très toxique dérivé de l'arsenic. Très apprécié par la qualité de sa couleur (du jaune acide à l'orangé), il n'est pratiquement plus utilisé.
La gaude, ou réseda: c'est une plante herbacée utilisée non seulement pour la teinture mais aussi en peinture. Mélangée avec de la craie et de l'alun, on obtient un produit appelé laque de gaude. cette peinture résistait mal àune exposition prolongée à la lumière, mais elle fût très utilisée jusqu'à l'invention de pigments synthétiques jaune.
Le curcuma: plante tinctoriale la plus utlisée dans toute l'Asie. Ce sont Les rhizomes frais ou séchés qui sont utilisés . Les étoffes teintes avec du curcuma craignent la lumière et virent au rouge au fur et à mesure des lavages. On la retouve en peinture, sous forme de laque . On obtient un jaune très lumineux mais fugace.
Pour teindre les étoffes, on peut aussi utiliser d'autres plantes ou fruits: le safran (pour les plus belles soies car très cher!), le sumac (ou rhus), l'écorce de grenade, le carthame (ou faux safran), le teck bâtard, les tiges du pied d'alouette...
Tableau de Francis Gimgembre qui peint avec des épices, dont le curcuma.
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27/01/2011
En regardant Matisse, de Robert Marteau
Que c'est difficile à faire sans rouge ni
Bleu ni aucune couleur, avec seulement
Les mots qui n’ont aucune réalité que le souffle
Et que pas tout le monde en tel temps et en tel
Espace est censé accueillir selon leur sens :
Aussi qui propose un nouvel état des lieux
Par le truchement du prisme et de l’arc-en-ciel
Quoique muet a la part belle : il peut se faire
Entendre par tous ceux qui ont part au soleil
Et voient dans la lumière un jour engendrer l’autre ;
Et vient s’épanouir près de l’iris l’arum
Et d’autres fleurs aux tons violents qui résonnent
Contre le vert végétal ; et là déplié, un linge
Sur l’allusion faite au désir suspendu.
Robert Marteau, Le Temps ordinaire, Éditions Champ Vallon, 2009, page 152
Tableau d'Henrri Matisse
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26/01/2011
Une vie ordinaire (extrait), de Georges Perros
Si j’écris au plus près des mots
leur laissant toute latitude
de me trahir (c’est ce qu’ils font
dès qu’on leur ouvre un peu la porte)
c’est évidemment volontaire
Je pourrais sans doute de biais
t’interrompre banal discours
et prêter à penser aux jours
qui donneraient sens aux ténèbres
Je n’en suis pas là quoique aimant
ceux dont le langage inspiré
demandait pour mieux respirer
d’être ainsi traité Espérons
que cela me sera possible
c’est si beau une page blanche
Et tous ces mots prêts à sortir
du dictionnaire on n’a qu’à prendre
Vrai tous les mots de Moby Dick
ou de la Bible pourquoi pas
sont à portée de toute tête
et l’aphorisme de Pascal
Tout est là Malheureusement
chacun d’entre nous n’a pouvoir
que de parler son seul langage
A quoi bon vouloir être un autre
qui nous fascina par ses mots
il en a souffert la richesse
assumons notre pauvreté
Beaucoup d’écrivains d'aujourd’hui
sont gosses de riches ainsi
Ils choisissent dans la vitrine
le dernier cri sans pour autant
perdre leur bonne mine Allant
de fleur en fleur très littéraires
butinant au gré de leur goût
très sûr au reste mais vicieux.
Georges Perros, Une vie ordinaire, Poésie / Gallimard, 1988, p.90
Tableau de Jonathan Wolstenholme
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Les pigments blancs
La couleur blanche a toujours été recherchée et il existe quelques pigments qui permettent d’obtenir cette couleur.
La craie : il existe de nombreuses sortes de craie. (Blanc de Meudon, blanc d’Espagne ou blanc de champagne). Ce sont des carbonates de calcium, qui résultent de la fossilisation de micros organismes divers. La craie permet de nuancer d’autres pigments. Elle est aussi souvent utilisée sous forme de badigeon, nature ou avec des pigments.
Le kaolin : c’est une roche tendre de couleur blanche, présente sur tous les continents. En occident, on utlise essentiellement le kaolin comme charge minérale destinée à éclaircir certains pigments tels que les ocres, les noirs de charbons ou l’azurite.
Le blanc de plomb, qui est un carbonate de plomb : on peut le trouver à l’état naturel (en Iran, ou en Turquie) On peut aussi le fabriquer : dans l’antiquité, on exposait des lamelles de plomb à l’action conjointe du vinaigre et du fumier animal. Après quelques semaines, il se forme sur le plomb un corps blanc,le blanc de plomb, dit aussi blanc de ceruse. C’était un pigment très utilisé et apprécié du fait de son opacité et de son caractère très lumineux.
Au milieu du 19 ème siècle, ce pigment toxique fut interdit et remplacé par le blanc de zinc.
Le blanc de titane est apparu vers 1920 et plus économique que le blanc de zinc, il est très utilisé.
Il a taux de réfraction particulièrement élevée: il reflète ainsi 96% de la lumière entrante.
Tableau de Giovanni Antonio Bazzi (1477-1549), peint avec du blanc de plomb.
Le dioxyde de titane est appliqué dans de nombreux domaines: peintures, laques, encres d’imprimerie, matières plastiques, caoutchoucs, fibres synthétiques, papier, émaux, céramique, matériaux de construction, ciment, savon, cosmétiques, cuir, produits pharmaceutiques, denrées alimentaires.
Autre pigment blanc très apprécié, le blanc de coquile et de coquillage.
On peut broyer des coquillages, en particulier des conques des écailles d’huitres ou de palourde. Pour ces deux dernièrs, un blanchiement au soleil est nécessaire. Pour les coquilles, on utise des oeufs de poule ou d'oie.
18:05 Publié dans Pigments et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pigments et couleurs, blanc | Facebook | Imprimer | | |
25/01/2011
Mer, d'Alain Bosquet
La mer écrit un poisson bleu,
efface un poisson gris.
La mer écrit un croiseur qui prend feu,
efface un croiseur mal écrit.
Poète plus que les poètes,
musicienne plus que les musiciennes,
elle est mon interprète,
la mer ancienne,
la mer future,
porteuse de pétales,
porteuse de fourrure.
Elle s’installe
au fond de moi
La mer écrit un soleil vert,
efface un soleil mauve.
La mer écrit un soleil entrouvert
sur mille requins qui se sauvent.
Tableau d'Eugène Boudin
06:20 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eugène boudin, la mer, alain bosquet, bleu, vert, mauve | Facebook | Imprimer | | |
23/01/2011
Pour ce jour qui va naître encore (extrait), de Dominique Sorrente
"Et aucun pas irréprochable
pour se précipiter
ou tenter de lever encore la chimère des forêts.
Et rien qui ne pressente
l’irrémédiable fatigue des graines muselées.
Respiration
sans issue et sans borne.
Respiration, éboulement,
la rumeur au son rouge qui glisse.
C’est bien ici,
la terre que récitent
les cœurs battants
à la transparence du bleu.
Elle fuit au noir,
elle échappe au regard,
elle est la grande métisse du dedans
qui ouvre au chant vertical."
Dominique Sorrente (inédit) A retrouver sur son site http://www.scriptorium-marseille.fr/
Tableau de Janda Zdenek
07:35 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : janda zdenek, pour ce jour qui va naître encore (extrait), dominique sorrente, noir, bleu, rouge | Facebook | Imprimer | | |
22/01/2011
Nouvelles notes pour la semaison, de Philippe Jaccottet
Maintenant la terre s’est dévoilée
et la lumière du soleil en tournant comme un phare
fait les arbres tantôt roses tantôts noirs.
Puis elle écrit sur l’herbe avec une encre légère.
Un soir, le ciel resta plus longtemps clair
sur les grands jardins verts et noirs
couleur des pluies de la veille.
Les globes luirent trop tôt.
Alors dans le nid des branches
apparut le chant du merle
et ce fut comme si l'huile de la lumière
brûlait doucement dans cette faible lampe noire,
ou la voix même de la lune
venue prédire la nuit de mars aux passagers...
Philippe Jaccottet ("L'ignorant", Gallimard, 1957 - réédité en Poésie/Gallimard, 1971 sous le titre "Poésie, 1946-1967")
05:22 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, poésie et couleurs, vert, noir, rose, nouvelles notes pour la semaison, philippe jaccottet, rose, noir | Facebook | Imprimer | | |
Les pigments verts
Si la nature offre une profusion de verts, aucune plante ne permet de teindre de façon satisfaisante et durable une étoffe de cette couleur. Pour obtenir du vert avec des pigments naturels, il est plus simple d'aditionner du jaune et du bleu ou du bleu et du jaune. A ma connaissance, il n’y a que deux pigments verts naturels - tous les deux d’origine minérale - qui permettent d’obtenir cette couleur et qui ont été utilisés dès l'antiquité.
Les terres vertes
Ce sont des roches qui doivent leur couleur au fait qu’elles contiennentt une grande proportion d’argiles vertes. Avec les terres vertes , on n’obtient des verts très doux. Elles sont utilisées pures ou mélangées entre elles ou à d’autres pigments.
Les artistes romains travaillaient beaucoup avec ses terres vertes et les couleurs de ces fresque découvertes dans de nombreuse villas (celle-ci ornait la villa de Livie, à Rome) ont très bien résisté aux ans.
La malachite
C'est une pierre (un carbonate basique de cuivre naturel) d’un beau vert vif qui se présente sous forme de concrétions aux formes rondes.
Dans son tableau (les Epoux Arnolfini, peinture sur bois datée de 1434, 82x60 cm, Van Eyckt a utilisé de la malachite. Ce drapé est obtenu grâce à des successions de glacis de densités différentes.
C'est un pigment onéreux et en occident, elle a été remplacée par le vert de chrome …Par contre, en Chine, elle est utlisée depuis la plus haute antiquité dans la peinture de paysage et la fabrication des encres vertes, et reste toujours autant appréciée par les peintres.
05:18 Publié dans Pigments et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pigments, couleurs, vert, terre verte, malachite | Facebook | Imprimer | | |
18/01/2011
Inspiration(I), d'Octavio Paz
Ombres du jour blanc
Contre mes yeux. Je ne vois
Rien hormis le blanc.
L'heure blanche.L'âme
Affranchie du désir et de l'heure.
Blancheur des eaux mortes,
L'oeil ouvert, heure aveugle
Frotte ton silex, mémoire, flambe
Contre l'heure et son ressac,
Mémoire, flamme nageant.
Extrait d'Inspiration, recueil "Versant Est" Poésie Gallimard p 38
Tableau de Jean Fautrier
19:21 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, poésie et couleurs, inspiration, octavio paz | Facebook | Imprimer | | |
16/01/2011
Patine italienne
21:21 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : patine, couleurs, pigments, glacis, patine italienne | Facebook | Imprimer | | |
15/01/2011
Matin, de Charles Cros
Voici le matin bleu. Ma rose et blonde amie
Lasse d'amour, sous mes baisers, s'est endormie.
Voici le matin bleu qui vient sur l'oreiller
Éteindre les lueurs oranges du foyer.
L'insoucieuse dort. La fatigue a fait taire
Le babil de cristal, les soupirs de panthère.
Les voraces baisers et les rires perlés.
Et l'or capricieux des cheveux déroulés
Fait un cadre ondoyant à la tête qui penche.
Nue et fière de ses contours, la gorge blanche
Où, sur les deux sommets, fleurit le sang vermeil,
Se soulève et s'abaisse au rythme du sommeil.
La robe, nid de soie, à terre est affaissée.
Hier, sous des blancheurs de batiste froissée
La forme en a jailli libre, papillon blanc.
Qui sort de son cocon, l'aile collée au flanc.
A côté, sur leurs hauts talons, sont les bottines
Qui font aux petits pieds ces allures mutines,
Et les bas, faits de fils de la vierge croisés,
Qui prennent sur la peau des chatoiements rosés.
Epars dans tous les coins de la chambre muette
Je revois les débris de la fière toilette
Qu'elle portait, quand elle est arrivée hier
Tout imprégnée encor des senteurs de l'hiver.
Charles CROS (1842-1888) (Recueil : Le coffret de santal)
Tableau de Pierre Bonnard
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13/01/2011
Entre nuit et soleil, de Lionel Ray
Avec tes forêts, tes
gémissements, tes orages,
à l’autre bout du chemin
tu t’inclines.
Comment cela a-t-il pu
être ? terre à secrets,
accidents, effrois,
ces obscurs silences,
ces visages déchirés ?
Et l’eau qui tout emporte,
vive et mortelle.
Les morts qu’on a aimés
ne boivent à nulle source,
inapaisés.
Reste seulement
le cri bleu des hirondelles
entre toits et clochers.
|•|
tu n’es rien d’autre que
ce que tu cherches.
Souviens-toi de l’imprévisible.
La couleur de vivre,
celle de fin novembre,
l’oubli.
Chemine en toi lentement
la langue du temps perdu.
Mots en écho, cris et balbutiements,
toutes les joies dispersées
dans l’ombre
comme feuilles jaunies.
Il y a cette brûlure
au creux des mains,
l’inscription d’un vertige
qui n’a pas de nom
Entre Nuit et soleil, Gallimard, 2010, pp. 45 et 46.
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11/01/2011
Laurence endormie, de Patrice de LA TOUR DU PIN
Cette odeur sur les pieds de narcisse et de menthe,
Parce qu'ils ont foulé dans leur course légère
Fraîches écloses, les fleurs des nuits printanières,
Remplira tout mon cœur de ses vagues dormantes ;
Et peut-être très loin sur ses jambes polies,
Tremblant de la caresse encor de l'herbe haute,
Ce parfum végétal qui monte, lorsque j'ôte
Tes bas éclaboussés de rosée et de pluie ;
Jusqu'à cette rancœur du ventre pâle et lisse
Où l'ambre et la sueur divinement se mêlent
Aux pétales séchées au milieu des dentelles
Quand sur les pentes d'ombre inerte mes mains glissent,
Laurence... Jusqu'aux flux brûlants de ta poitrine,
Gonflée et toute crépitante de lumière
Hors de la fauve floraison des primevères
Où s'épuisent en vain ma bouche et mes narines,
Jusqu'à la senteur lourde de ta chevelure,
Éparse sur le sol comme une étoile blonde,
Où tu as répandu tous les parfums du monde
Pour assouvir enfin la soif qui me torture !
1942, La Quête de joie
Tableau de Cranach, 1518
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10/01/2011
Delacroix et la couleur
Eugène Delacroix (1798 - 1863) fut un des plus grands coloristes du XIXe siècle. C'est avec la couleur qu'il construit son tableau. S'inspirant des travaux de Chevreul sur le contraste simultané des couleurs, il bannit le noir de sa palette: «ajouter du noir, dit-il, c'est salir le ton». Son travail sur la couleur et la lumière a largement inspiré les impressionnistes.
Extrait de son journal (1852)
Les peintres qui ne sont pas coloristes font de l'enluminure et non de la peinture
La peinture proprement dite, à moins qu'on ne veuille faire un camaïeu, comporte l'idée de la couleur comme une des bases nécessaires, aussi bien que le clair-obscur et la proportion et la perspective.
La proportion s'applique à la sculpture comme à la peinture ; la perspective détermine le contour ; le clair-obscur donne la saillie par la disposition des ombres et des clairs mis en relation avec le fond ; la couleur donne l'apparence de la vie.
Le sculpteur ne commence pas son ouvrage par un contour : il bâtit avec sa matière une apparence de l'objet qui, grossier d'abord, présente dès le principe la condition principale qui est la saillie réelle et la solidité. Les coloristes,qui sont ceux qui réunissent toutes les parties de la peinture, doivent établir en même temps et dès le principe tout ce qui est propre et essentiel à leur art. Ils doivent masser avec la couleur comme le sculpteur avec la terre, le marbre ou la pierre ; leur ébauche, comme celle du sculpteur, doit présenter également la proportion, la perspective, l'effet et la couleur.
21:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, couleurs, delacroix, peintres et couleurs, conseil en couleurs | Facebook | Imprimer | | |
08/01/2011
La cousine, de Gérard de Nerval
L'hiver a ses plaisirs; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener...
- Et ne vous faites pas attendre pour dîner,
Dit la mère.Et quand on a bien, aux Tuileries,
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.
Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.
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07/01/2011
C'est le printemps, de Léo Ferré
Dans les hectares y a du bonheur
C'est l'printemps
Y a des lilas qu'ont même plus l'temps
De s'faire tout mauves ou bien tout blancs
C'est l'printemps
Y a du blé qui s'fait du mouron
Les oiseaux eux ils disent pas non
C'est l'printemps
y a nos chagrins qu'ont des couleurs
Y a même du printemps chez l'malheur
Y a la mer qui s'prend pour Monet
Ou pour Gauguin ou pour Manet
C'est l'printemps
Y a des nuages qui n'ont plus d'quoi
On dirait d'la barbe à papa
C'est l'printemps
Y a l'vent du nord qu'a pris l'accent
Avec Mistral il passe son temps
C'est l'printemps
Y a la pluie qu'est passée chez Dior
Pour s'payer l'modèle Soleil d'Or
Y a la route qui s'fait nationale
Et des fourmis qui s'font la malle
C'est l'printemps
Y a d'la luzerne au fond des lits
Et puis l'faucheur qui lui sourit
C'est l'printemps
Y a des souris qui s'font les dents
Sur les matous par conséquent
C'est l'printemps
Y a des voix d'or dans un seul cri
C'est la Sixtine qui sort la nuit
Y a la nature qui s'tape un bol
A la santé du rossignol
C'est l'printemps
Y a l'beaujolais qui la ramène
Et Mimi qui s'prend pour Carmen
C'est l'printemps
Y a l'île Saint-Louis qui rentre en Seine
Et puis Paris qui s'y promène
C'est l'printemps
Y a l'été qui s'pointe dans la rue
Et des ballots qui n'ont pas vu
Qu'c'était l'printemps
07:19 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : c'est le printemps, leo ferré | Facebook | Imprimer | | |
06/01/2011
Poésie V, de Goerges Schéhadé
Si Jamais tu reviens en terre natale
A pas lents comme un cheval dont le soir accroît la fatigue
Oh va dans ce jardin
Retrouver la rose méconnaissable
Le chrysanthème à la crinière de lion
- D'immenses araignées volent avec des papillons
Comme dans les fièvres de l'enfance
Souris ou pleure mais ne crains rien
C'est l'ombre qui remue avant d'être nuit claire"
Poésies V, Gallimard (1972), Estampe d'Hokusai
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04/01/2011
L'or et la cendre (extraits), de Jean-Damien Roumieu
Je m’emplis, et aussitôt m’anéantis. Clef du poème à ma portée. En alerte, les filiations de l’impossible, arbres dressés, une force tôt rassemblée pour affronter les forfaitures.
Privilège, le peu instruit, le peu nourrit. Je ne désire qu’une neige douce sur l’épaule, un feu conjoint, une flûte dans la vallée, une allégresse à pas humains.
Don, premier pas sur une terre de vivants. Va de l’avant sans t’essouffler. Le sang d’aurore s’infusera dans le ressac de ta poitrine, dans l’oubli de tes essaims.
Dire le bleu de ce nuage. La nuit s’apprête, en un instant, à l’engloutir. Dire le murmure à peine audible de ce train que l’on devine empli de vie dans le lointain.
Roses d'hiver, amies de l'ombre, étincelantes, êtes parcelles de ma peau. Allégeance au front du monde sous le vent. Je puis combattre l'insolence, expier l'irréparable de vos nuits.
Impassible visage à tous les vents des continents. Bouclier du simple dans la foule. Écho solaire dans les chambres. La nuit qui vient n'altérera le fleuve lent.
Sillage de femme, une cicatrice de lumière, un fil tendu vers l'au-devant. L'exultation et la gésine du silence effleurent mon tourment.
Jean-Damien Roumieu, L’Or et la Cendre, Éditions Jacques Brémond, 2008, pp. 30, 32. Encres de Marcel Robelin
Tableau de Tapiès.
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02/01/2011
Quand je pense à ma propre mort, de Charles Bukowski
je pense à des voitures garées dans
un parking
quand je pense à ma propre mort
je pense à des poêles à frire
quand je pense à ma propre mort
je pense à quelqu'un te faisant l'amour
en mon absence
quand je pense à ma propre mort
j'ai de la peine à respirer
quand je pense à ma propre mort
je pense à tous les autres qui attendent la leur
quand je pense à ma propre mort
je pense que je ne pourrai plus
jamais boire de l'eau
quand je pense à ma propre mort
l'air devient tout blanc
et les cafards dans la cuisine
se mettent à trembler
et quelqu'un devra jeter
mes sous-vêtements propres ou sales
à la poubelle.
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Sous la déferlante des voeux, de Dominique Sorrente
Sous la déferlante des vœux,
je vous souhaite
la liesse de la bulle,
la grandeur d’âme de la goutte d’eau,
les honneurs rendus à la flamme
pour l’ensemble de son œuvre,
le beau geste et l’instant décisif
d’une page de vent à l’écriture sympathique,
je vous souhaite aussi
des histoires fabuleuses de limaces
qui laisseront des traces après l’oubli,
un oiseau de toutes couleurs à ne plus avoir peur du noir,
des adieux
en forme d’antichambres de vie,
je vous souhaite de rencontrer
le souffle épique du papillon, la bonhomie cajolante du gouffre,
je vous souhaite des rires d’enfants si purs
que les ennemis ne pourront les atteindre,
une mélodie de pierres à feu
à offrir au chant fatigué de la terre,
je vous souhaite d’heureux midis
à loger la part nécessaire de l’ombre,
je vous souhaite des tournesols cherchant leur astre, toute la nuit,
et encore des danses qui virevoltent sous terre
à la bonne fortune du pot,
et des pensées d’amour qui auront si bon dos
qu’il leur poussera des ailes,
je vous souhaite de tendre l’arc en ciel
en plein milieu de la saison des pluies,
mais par dessus tout, je vous souhaite
de faire de votre rêve
le vrai héros irréprochable
qui vous tiendra compagnie, jours fériés
et même jours ouvrables.
Texte à retrouver sur le site qu'anime Dominique Sorrente http://www.scriptorium-marseille.fr/
Tableau de Wassily Kandinsky
08:13 Publié dans Art et poésie en couleurs, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, sous la déferlante des voeux, dominique sorrente, poésie et couleurs | Facebook | Imprimer | | |