17/11/2012
Noir: ton doigt sur ma lèvre, de Michel Gerbal
Paul Gauguin, Te Arii Vahine (La femme du roi), 1896, Huile sur toile, 139 cm x 100 cm, Te Arii Vahine/P.Gauguin/1896, Moscou, Musée Pouchkine
Noir: ton doigt sur ma lèvre.
Rouge, la miette: de piment sur ta lèvre.
Noire, noire, ta lèvre.
Natifs: l'or et l'argent à tes doigts.
Blanches tes dents et terre tes tresses.
Femme: ton ventre.
Vert: le fruit dedans.
Orange ta langue: ta langue.
Sombre, violette, ta lagune, la parole, lancéolée à chacun de tes doigts, la caresse.
Nous avons décrit ce que nous savions décrire,
- et le reste, n'est-ce pas cela qui nous écrit:
le bien, le mal, et la caresse.
Et maintenant, nous émigrons à l'intérieur de toi.
Texte de Michel Gerbal, inédit © 2012 Michel Gerbal - TOUS DROITS RÉSERVÉS (que je remercie).
http://feudesouffles.blogspot.com/
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23/10/2012
Confections, de Paul Eluard
Les arbres blancs les arbres noirs
Sont plus jeunes que la nature
Il faut pour retrouver ce hasard de naissance
Vieillir
A toute épreuve, Gérald Cramer éditeur édition de 1958
Tableau de Lesser Ury (1861-1931)
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18/10/2012
Le point de rosée, de Heather Dohollau
Ce qui est là dans le là
Point à la ligne
Retour insurgé
D’un seuil de blanc
Et distance conçue
Comme parcours sans bord
Mais vrillé dans l’espace
D’une voie étroite
Main courant dans le temps
De l’arc-en-ciel
Chaque couleur a sa place
De simple appui
L’instant est le creux
Où tombent les choses
Ourlées de lumière
Bercées de l’ombre
Par la fenêtre
Le bleu se loge aux yeux
Les livres habitent leur marge
Et blanc sur noir
En créent un singulier
De présences réelles
Venus de loin
Les tableaux montent aux murs
Heather Dohollau, Le point de rosée, Folle Avoine 1999, p. 14.
Tableau de Nicolas de Staël
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16/09/2012
Ophélie, d'Arthur Rimbaud
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15/09/2012
La vie fragile, de Pierre Reverdy
Le 2 septembre 2012, à I.&H ses amis @pierre gaudu
Plus loin entre la plante grasse et le ride
Dresser l'échelle
Les formes qui remuent dans le fond du jardin
d'autres noires
Selon le mouvement brutal du réflecteur
Les maillots des arbres sont roses
Mais au premier plan une main tient la clef du cœur
Un couple ailé marche dans des couleurs qui changent
Celui qui vole bas c'est l'homme
Celui qui va à pied c'est l'ange
Les yeux luttent dans la lumière
La lampe fraîche du matin
Un fil cassé descend derrière
La tête nue s'incline et barre le chemin
Tout le reste est recouvert de feuilles mortes
Quant au ciel il s'ouvre par le fond et de côté mais en triangle
Pierre Reverdy, La Guitare endormie. [1919], dans Œuvres complètes I, édition préparée, présentée et annotée par Étienne-Alain Hubert, "Mille&unepages", Flammarion, 2010, p. 262.
Photo @pierre gaudu . Cette photo est propriété de son auteur et toute reproduction est interdite sans le consentement explicite de l'auteur.
http://www.artnova-connect.com/
http://pierre-gaudu.over-blog.com/
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08/09/2012
Coin de tableau, de Charles Cros
Tiède et blanc était le sein.
Toute blanche était la chatte.
Le sein soulevait la chatte.
La chatte griffait le sein.
Les oreilles de la chatte
Faisaient ombre sur le sein.
Rose était le bout du sein,
Comme le nez de la chatte.
Un signe noir sur le sein
Intrigua longtemps la chatte ;
Puis, vers d’autres jeux, la chatte
Courut, laissant nu le sein.
Le coffret de santal, Gallimard Poésie
Félix Vallotton. La paresse. Xylogravure, 1897.
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07/07/2012
Testament, de Maria Elena VIEIRA DA SILVA
un bleu céruléum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mouse pour apaiser les nerfs
un jaune d'or : richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur : pureté
terre de sienne naturelle : la transmission de l'or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d'ombre naturelle pour mieux accepter la mélancolie noire
une terre de sienne brûlée pour le sentiment de la durée. "
Oil on marouflaged cardboard on canvas Size: 31 x 46,5 cm. 1949
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01/06/2012
Malentendu entre deux surréalistes, d'Erich Fried
(pour Katja Hajek)
« il pleut »
disait-elle
« des hommes en manteau noir
passent »
disait-elle
Mais Magritte
ne l’entendait
plus très bien
(puisqu’elle ne le dit que des années
après sa mort)
.
Il n’entendit donc pas
le dernier mot
et comprit seulement
« il pleut des hommes en manteau noir »
C’est cela qu’il a peint
(traduit de l'allemand par Chantal Tanet et Michael Hohmann)
D'autres poèmes du même auteur sur les sites http://droitdecites.org/2010/11/28/erich-fried-choix-de-p.... http://terresdefemmes.blog s.com/mon_weblog/2010/12/erich-fried-das-richtige-wort.html
http://lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/
Tableau de Magritte Golconde (1953).
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26/05/2012
Les Poésies, de Georges Schehadé
Quand tremblera l'automne sur la montagne
Mets à ton cou l'oeil des cygnes
Les beautés sont dans le vent et l'heure est noire
Je t'aime on me l'a dit.
Les Poésies XIV (Poésie/Gallimard)
Tableau de Laurence-Amelie Schneider dont vous pouvez retrouver le travail sur http://laurence-amelie.com
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25/05/2012
Mobile de camions couleurs (extrait), de James Sacré
Blanc à bas orange, caisse blanche - rouge à
longue ligne rouge dans le bas de la caisse. Le mot
"Central", à l'avant en haut - bleu et blanc à charge-
gement à claire-voie, grande masse grise -
"National Carries" en bleu sur la caisse blanche
j'oublie quelle couleur emporte le tout - noir et
caisse blanche la cabine motrice en escalier ramassé
collé à la caisse -
Toute une gamme de couleurs fortes som-
bres : dans les bleus, verts, violets, des rouges, des
marrons riches, les noirs ;
Toute une gamme de couleurs claires, bleu
beige, jaune et tant de blanc, ocre, violet clair;
D'autres : bistre, ocre beige, gris métalliques
gris- blanc
Un bleu-vert avec caisse orange
Petit nez bleu pétrole suivi d'une volumi-
neuse élévation de tôle même couleur et la caisse
blanche
Extrait de : Mobile de camions couleurs, p 49 , photographies de Michel Butor, éditons Virgile, 2010.
Eric Tabuchi, Alphabet Truck., Paris, 2008, 26 cartes sous étui, 15,5 x 19,2 cm.
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24/05/2012
Le noir, par Hokusai
"Il y a le noir antique et le noir frais, le noir brillant et le noir mat, le noir à la lumière et le noir dans l’ombre. Pour le noir antique, il faut y mêler du rouge ; pour le noir frais, c’est du bleu ; pour le noir mat, c’est du blanc ; pour le noir brillant, c’est une adjonction de colle ; pour le noir dans la lumière, il faut le refléter de gris."
Les trois croix, Rembrandt, 1653, Pointe sèche et burin. 385 x 450 mm (4 eme état) http://expositions.bnf.fr/rembrandt/grand/048_4.htm
Citation d'Hokuzai,(1760-1849) Extrait d'Hokusai, d'Edmont de Goncourt, 1896, nouv. éd. augmentée par Matthi Forrer, Paris, Flammarion, 1988
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06/05/2012
Spleen, de Charles Baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les Fleurs du Mal, 1857
Pentti Sammallahti, Koriyama City, Fukushima, Japan, 2005
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24/03/2012
Le noir et le blanc chez Delacroix, par Charles blanc
"Une des ressources les plus précieuses d'Eugène Delacroix c'est l’introduction du noir et du blanc. Le noir et le blanc sont, pour ainsi parler, des non-couleurs qui servent, en séparant les autres, à reposer l’oeil, à le rafraîchir, alors surtout qu’il pourrait être aussi fatigué par l’extrême variété que par l’extrême magnificence. Suivant les proportions qu’on leur donne, suivant le milieu où on les emploie, le blanc et le noir atténuent ou rehaussent les tons voisins ; quelquefois, le rôle du blanc dans un tableau sinistre est celui que joue en plein orchestre un coup de tam-tam."
"D’autres fois, le blanc est employé par Delacroix pour corriger ce qu’aurait de brutal la contiguïté de deux couleurs franches telles que le rouge et le bleu."*
* Charles Blanc fait référence au tableau d'Eugène Delacroix, La barque de Dante (1822, musée du Louvre)
Les artistes de mon temps, Par Charles Blanc p 71 et 72
http://books.google.fr/books?id=mcZw6O_jahoC&printsec...
Tableau de Pierre Gaudu, "Chasse au lion", inspiré par Delacroix, huile sur toile 80x80 cm, 1994.
http://www.flickr.com/photos/pierregaudu/sets/72157621910...
http://www.artnova-connect.com/
http://pierre-gaudu.over-blog.com/
21:35 Publié dans Art et poésie en couleurs, Blanc, Noir, Peintres et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eugène delacroix, pierre gaudu, charles blanc | Facebook | Imprimer | | |
Soulages et le Noir
« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. »
Pierre Soulages(cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
Tableau du 3 Novembre 1958
06:21 Publié dans Art et poésie en couleurs, Noir, Peintres et couleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre soulages, noir, citation de peintre | Facebook | Imprimer | | |
18/03/2012
L'affiche rouge, d'Aragon
Vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants.
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses,
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient La France en s'abattant
Louis Aragon, Le Roman Inachevé, Gallimard, 1955
Musique de Léo Ferré, 1959
Plus d'information sur cette affiche de propagande allemande: http://www.culture.lyon.fr/static/culture/contenu/pdf/mus...
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21/02/2012
Pays sous les continents (extrait), de Dominique Sorrente
Seul,
ce pourrait être cette pierre à partage.
Le souffle du non-retour
du vent,
le premier logement du soleil
au sommet,
à rendre rose la montagne.
Ou bien seul,
la transparence d’un pas perdu, gagné,
tout blanc sur noir
comme une voyelle intermittente.
( extrait de Pays sous les continents, MLD, 2009 )
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17/02/2012
Colloque sentimental, de Paul Verlaine
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Les Fêtes galantes
Illustration: Frida Kahlo, The Dream 1940
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05/02/2012
La chevelure, de Baudelaire
O toison, moutonnant jusque sur l'encolure!
O boucles! O parfum chargé de nonchaloir!
Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!
La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans les profondeurs, forêt aromatique!
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.
J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:
Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.
Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse!
Infinis bercements du loisir embaumé!
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.
Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde!
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir?
Les Fleurs du mal
© Pierre Gaudu.Dessin plume et encre, 65cm x 25 cm
http://www.flickr.com/photos/pierregaudu/6816344359/sizes...
http://www.artnova-connect.com/les-artistes/85-pierre-gau...
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28/01/2012
La mélancolie (1532) de Lucas Cranach
(à propos de ce tableau La mélancolie (1532) de Lucas Cranach
"Vêtue de rouge, une femme ailée s'emploie à tailler une baguette. Pourquoi cette couleur, dans une œuvre placée sous le signe de la bile noire ? Je soutiens, après d'autres, que le peintre adopte une position anti-humaniste : loin de valoriser la mélancolie, il rejette l'idée ficinienne d'un mélancolique inspiré et génial. Son point de vue est religieux : nous sommes en pleine Réforme, et Cranach (comme Melanchthon ou Luther ) voit dans la mélancolie un péché. Plus qu'au génie, il faut penser au salut. À cette fin, l'artiste met en scène une séduction : sa Mélancolie est séductrice, ravissante et dangereuse, parce qu'elle nous détourne du droit chemin. Dans sa robe couleur de sang, la coquette nous fait de l'œil, avant de nous expédier – par un dispositif génial ! – au fond du tableau, vers un nuage noir qui préfigure l'enfer. La mélancolie, nous dit en somme Cranach, est une traîtresse qui se déguise en son contraire. Le rouge et le noir jouent ici, comme souvent, des rôles opposés et complémentaires.
Exttrait d'un entretien d' Yves Hersant dans Mag Philo http://www2.cndp.fr/magphilo/philo16/hersant.htm
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01/01/2012
Iris, c'est votre bleu d'Ariane Dreyfus
Ne mettez pas de mots vides dans votre bouche,
Hommes, regardez
Debout
C’est votre bleu.
Votre ligne, imaginons
Une plaie vivement recousue.
Votre broderie, sa joie se gonflant,
Quelques secondes d’amour par miracle successives.
Ici,
Du balancement le velours dressé,
Iris.
Je m’endors les mains sur toi.
Tu m’aimes si profondément qu’en dormant
Il y a ton visage pour le dire.
La nuit n’est pas noire.
Reconnaître ton sexe
A mon bonheur touché,
Fleur de l’infinie sculpture, fleur.
Plus rien de multiple.
La simplicité qui serait violente de te perdre,
qui serait d’un coup.
La vie simple vite tranchée
Serait mon visage dans la sciure.
Tu fermes les yeux pour que je les embrasse aussi,
C’est en confiance le ciel.
La langue dans le baiser, je dis la vérité.
Si j’ai la voix grave ?
Tantôt basse, tantôt soulevée dans le corps que tu cherches au milieu de tes mains.
Mes enfants grandissent, l’air passe. Serre-moi, toi qui es l’amour amour.
La vie éternelle n’est que mort, la vie veut seulement que les épaules frémissent l’une et l’autre et s’il fait froid, c’est qu’il n’y a pas de lumière sans qu’elle change.
La nuit les mains dansent obscurément.
Parfois le jour tu pars,
Je ramasse de l’invisible à plein courage.
Extrait de Iris, c'est votre bleu, éditions: Le Cahier astral
George Lawrence Bulleid 1858-1933 , Iris, huile sur toile
06:32 Publié dans Art et poésie en couleurs, Noir, Poésie et couleurs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : george lawrence bulleid, iris c'est votre bleu, ariane dreyfus | Facebook | Imprimer | | |