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25/10/2013

Fin, d'Antoine Emaz

 

poème;poésie,fin d'antoine emaz

on ne sait quel paysage bouge rouge
au fond de l’œil
un peu comme un battement assourdi
une houle née loin venue rouler tomber
encore
ici

la nuit
tremble

 //

malgré tout
cela s’écoule sale peut-être mal mais finit par trouver un chemin une veine à travers la bouche la mémoire la radio les images

passant le bruit les mots
une sale seule couleur
s’établit
fait fond

rideau
on descend

c’est fini

 //

demain
de nouveau on ira sans doute vers rien que ce pays encore bien sûr on ira de l’avant dans le même jusqu’à quoi au bout de la ressemblance du même forcé jusqu’à quoi
d’autre

 

Antoine Émaz, Fin, dans Fond d’œil, Théodore Balmoral, 1995, repris dans Caisse claire, Poèmes 1990-1997, Points/Seuil, 2007, p. 97-98

Tableau de 1948 de Jakson Pollock

 

20/10/2013

Blanc (extrait), d'Octavio Paz

 

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Du jaune au rouge au vert

Pèlerinages aux clartés

La parole se penche sur des tourbillons

Bleus.

        Vire l'anneau ivre,

Virent les cinq sens

Autour de l'améthyste

 

Poésie/Gallimard Versant Est p103

 Tableau de Willem de Kooning (1904-1997)

05/10/2013

Entre, de Jean-Pierre Duprey

Jean-Pierre Dupré.jpg

Tableau de Jean-Pierre Duprey

 



Entre le ballon noir et l’épine du blanc
Ce qui est, ce qui fait : je suis au balancement
Ce qu’est l’horizontale à la verticale.
C’est l’Epineuse noire au gonflement du blanc.

Chimère, machine au bloc de la mer
C’est ici que se courbe
Le serpent lié au mât
Par un soleil au verbe rouge.
Voici alors qu’un bleu étale
Comme un pétale sans fin
S’est creusé d’une fleur
Qui n’est ni bleu ni rouge.
Qui n’est ni blanche ni noire.

C’est l’Epineuse de voir, l’Effeuillement-fermoir
La bouche s’est fermée : c’est un rire éclatant.


(Poème non daté).

 

Collection Poètes d’aujourd’hui, numéro 212, Éditions Seghers, 1973, page 153. 

A retrouver sur le site Terres de femmes 

 

28/09/2013

Train rapide, de Gottfried Benn

 

Marc leonardpaysage-grande-vitesse3.jpg

Marc Leonard, Paysage grande vitesse, à retrouver sur son site http://marcleonard.fr

 


D'un brun de cognac. D'un brun de feuillage. Brun-rouge.

Jaune malais.

Train rapide Berlin-Trelleborg et les stations de la Baltique.


Chair qui allait nue.

Jusque dans la bouche brunie par la mer.

Plénitude inclinée vers le bonheur grec.

Nostalgie de faucille : comme l'été est avancé!

L'avant-dernier jour déjà du neuvième mois!


Chaume et dernière meule languissent en nous.

Épanouissements, le sang, les lassitudes,

la présence des dahlias nous bouleverse.


Le brun des hommes se précipite sur le brun des femmes :


Une femme c'est l'affaire d'une nuit.

et encore d'une autre si cela était bien!

Oh! et puis de nouveau cet Être-face-à-soi-même!

Ces mutismes! Cet engrenage!


Une femme c'est une odeur.

Un ineffable! Dépéris, réséda.

C'est le Sud, le berger et la mer.

Sur chaque pente pèse un bonheur.

Le brun clair des femmes s'affole au brun sombre des hommes .


Retiens moi! Oh, toi! Je tombe!

Ma nuque est si lasse.

Oh, ce dernier parfum

doux et fiévreux qui monte des jardins.

 
 

Choix de poèmes, traduction de Jean-Charles Lombard, Seghers, Paris, 1965.

Collection : Poètes d'aujourd'hui, n° 134 (épuisé)

21/09/2013

Chadelet : le bal des chats-huants, d’Héloïse Combes

hiroshige.jpg

Hiroshige 

 
Ô chats-huants, chouettes effraie ou bien hulotte,
Le jour vous a fait fuir ces lieux où vous trahissent
Tels d’étranges cocons, vos nombreuses pelotes,
Coquilles d’escargots, petits os blancs et lisses
 
De rongeurs, recrachés, semblant lavés, frottés,
Polis au suc puissant de vos panses voraces
Comme sont les galets par la mer rejetés.
Le grenier somnolent regorge de vos traces :
 
Élytres bleu acier, pattes des scarabées
Familiers des sous-bois dont vous vous contentez
Aux heures où se dérobent écureuils et mulots,
Jeunes lapins, serpents, belettes et crapauds…
 
Ô chats-huants, chouettes, quand vient la nuit, la lune
Voit renaître vos masques : dames blanches, fantômes,
Têtes blêmes aux yeux ronds où vos pupilles allument
Un feu comme une lame esquivant la pénombre.
 
Votre ballet commence et Chadelet revit :
Vrillent les rayons d’or et valsent les souris,
Les papillons fiévreux tourbillonnent, en transe,
Soleils noirs prisonniers de leur obscure danse.
 
Ô chats-huants, chouettes, grands-ducs aux faces pales,
Quand Deneb pointe, bleue, loin dessus la demeure
Où sévissent les ombres et glissent les lueurs,
Vous, Maîtres de ces lieux, vous dirigez le bal !


Texte inédit d’Héloïse Combes, que je remercie, à retrouver sur son site http://heloise-combes.blogspot.fr

Jardins, de Francis Carco

 

Hirocchigé wind-blown-grass-across-the-moon.jpg

Hiroshige


Il a plu. Le jardin, dans l'ombre, se recueille.

Les chrysanthèmes vont mourir sans qu'on les cueille.

Dans les sentiers mouillés, effeuillaisons de fleurs

Trop pâles ; sur le sable, où pas un bruit ne bouge,

Évanouissement des grands dahlias rouges.

Murmure indéfini de toutes ces douleurs

De choses écoutant agoniser les fleurs.

Et de blancs pigeonniers veillent le crépuscule...

Mon enfance, de moi, comme tu te recules,

Parmi ce soir qui tombe et ce jardin qui meurt !

Tu pars et tu ne reviendras jamais, peut-être :

Ton souvenir, déjà, n'est plus qu'une rumeur 

Dans un halo, et qui, bientôt, va disparaître.

Et je reste à rêver, tout seul, à la fenêtre...

 

 La Bohême et mon cœur, Albin Michel

15/09/2013

Du silence (extrait), de Georges Rodenbach

LEON SPILLIAERT 1907.jpg

Léon Spilliaert , Aquarelle 49x65,2 cm Musée voor Schone Kunsten, Ostende

IV 
Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure, 
Tout brodés, restent blancs, d' un blanc mat qui figure 
Un printemps blanc parmi l' hiver de la maison. 
Sur les vitres, ce sont des fleurs de guérison 
Pareilles dans le soir à ces palmes de givre 
Que sur les carreaux froids les nuits d' hiver font vivre. 
Et dans ces floraisons de guipure on croit voir 
Tous les souvenirs blancs parmi le présent noir; 
Ce sont les rideaux clairs du berceau ; c' est la bonne 
Aïeule aux cheveux blancs en bandeaux de madone; 
Ce sont les grands jardins d' enfance où les pommiers 
Étaient poudrés ; ce sont les cierges coutumiers 
Et les nappes d' autel pour les communiantes ; 
C' est l' hostie aux lys purs de leurs lèvres priantes ; 
Puis c' est le clair de lune épars comme du lait 
Dans la forêt magique où l' art nous appelait 
Parmi sa gloire et ses blancheurs éternisées ! 

Puis la guirlande en fleur au front des épousées 
Dont l' espoir doux se fane irréparablement 
Parmi cette blancheur vaporeuse qui ment. 
Car le leurre est rapide en cette ombre équivoque, 
Et tous les autres blancs du passé qu' on évoque 
Vont se faner avec les souvenirs d' amour 
Quand descendra dans les rideaux la mort du jour. 
 
Du silence, Le règne du silence. Pour en savoir plus, c'est ICI
 

14/09/2013

Éblouissements (extrait), d'Anna de Noailles

jeffrey-ripple.jpg

Jeffrey Ripple, (né en 1962) peinture sur huile

 

– Aujourd’hui, le coeur las et blessé par le feu,
Je vous bénis encor, o brasier jaune et bleu,
Exaltant univers dont chaque élan m’enivre!
Mourante, je dirai qu’il faut jouir et vivre;
Que, malgré la langueur d’un corps triste et brûlant,
La nuit est généreuse et le jour succulent;
Que les larmes, les cris, la douleur, l’agonie
Ne peuvent pas ternir l’allégresse infinie!
Qu’un moment du désir, qu’un moment de l’été,
Contiennent la suave et chaude éternité.
O sol humide et noir d’ou jaillit la jacinthe!
Qu’importe si dans l’âpre et ténébreuse enceinte
Les morts sont étendus froids et silencieux.
O beauté des tombeaux sous la douceur des cieux!
Marbres posés ainsi que des bornes plaintives,
Rochers mystérieux des incertaines rives,
Horizontale porte accédant à la nuit,
O débris du vaisseau, épave qui reluit,
Comme vous célébrez la joie et l’abondance,
La force du plaisir, l’audace de la danse,
L’universelle arène aux lumineux gradins!…
Et quelquefois, parmi les funèbres jardins,
Je crois voir ses pieds nus appuyés sur les tombes,
Un Eros souriant qui nourrit des colombes…

 

 Parution de l’Oeuvre poétique complète d’Anna de Noailles, aux Éditions du Sandre, 2013, édition présentée et annotée par Thanh-Vân-Ton-That. 

07/09/2013

Une belle alternative au tadelakt

Le mot tadelakt est devenu à la mode, la plupart des grandes surfaces proposent des Effets tadelakt ou des Comme des tadelakts. Ne vous aventurez pas à poser cet enduit dans une douche!

Ce mot évoque le Maroc, les hammans, le luxe... Mais qu'est-ce qu'on entend vraiment par tadelakt?

Le tadelakt est un enduit à la chaux marocain. On l'utilise traditionnellement dans les salles de bain car il supporte un taux d'humidité considérable. On peut ainsi le poser sans problème dans une douche, sur le sol, une baignoire ou un lavabo. Il résiste et supporte l'humidité et entretenu avec du savon noir, c'est cette humidité qui va le rendre de plus en plus beau.

 

tadelakt.jpg

 

Il n'est pas réservé aux pièces d'eau: dans les ryads marocains restaurés, il très présent dans les pièces communes par exemple. Il se caractérise par une  extrême douceur au toucher; c'est aussi un enduit sans effets de matières et ses couleurs sont toujours d'une grande profondeur. C'est vraiment un enduit magnifique! 

 

tadelakt.jpg

Gros plan sur un mur réalisé avec du tadelakt (réalisation Dominique Hordé)

 

Pour fabriquer cet enduit,  on utilise la chaux de Marrakech qui est composée de chaux aérienne, de chaux hydraulique et de minéraux divers (sable, quartz..). On peut aussi la  remplacer par de la chaux hydraulique et de la poudre de marbre.  

On l'applique  avec une taloche et on le ferre (on resserre le "grain" de l'enduit) avec un galet. Ce ferrage au galet est une de ses particularités. Si on n’utilise pas de galet, c'est que ce n'est pas du tadelakt! C'est bien sûr un travail très long, minutieux et délicat, qui requiert une grande technicité.

L'étanchéité est obtenu avec du savon noir (et non pas avec du vernis ou de la cire). Le savon noir est composé de potasse et d'un corps gras, généralement de l'huile d'olive  L'association des deux à travers le procédé de saponification classique produit le savon noir . On ajoute un peu d'huile de lin (en général autour de 5%) pour ses propriétés d'accélération du séchage.


tadelakt,chaux

(chantier en cours: murs à la chaux et sol en galets)

Pour un tadelakt, il faut compter environ une fourchette de 250/280 euros le m2. On peut avoir pratiquement le même effet, mais à un coût moindre, en travaillant différemment sa chaux. J’utilise un enduit marmorino (chaux et poudre de marbre) en première couche, que je ferre. Ensuite je passe de très fines couches d'enduit vénitien. Au final, je ferre après avoir imprégné mon enduit avec de l'eau et du savon de Marseille. Cela donne encore plus de brillance à mon mur. Je finis en protégeant mon enduit  avec une cire carnauba.

Profondeur et douceur garantie!Et démarche totalement écologique!

 

Traversée de la Bretagne un jour de janvier, de Kenneth White

Souvenirs 9 D.Hordé.jpg

                            Dominique Hordé, chaux et pigment sur toile, 30x30 cm


Vendredi matin
allant vers l'ouest
déchaîné le temps
 

vent fort, pluie violente
enflé le torrent
 

Guingamp, Carhaix
les montagnes noires
perdues dans la tourmente
 

la forêt du Beffou
trempée et torturée
 

heure après heure
la tempête rageuse
 

puis, soudain
ciel bleu et serein
la clameur des goélands
 

et ce fut Lorient. 


Extrait des Archives du littoral (Mercure de France)  

31/08/2013

Midi, de José Maria de Heredia

pierre gaudu 2013.jpg

©pierre gaudu 2013, tous droits réservés, ne pas diffuser sans son accord, http://pierre-gaudu.over-blog.com/


Pas un seul bruit d'insecte ou d'abeille en maraude,
Tout dort sous les grands bois accablés de soleil
Où le feuillage épais tamise un jour pareil
Au velours sombre et doux des mousses d’émeraude.

Criblant le dôme obscur, Midi splendide y rôde
Et, sur mes cils mi-clos alanguis de sommeil,
De mille éclairs furtifs forme un réseau vermeil
Qui s'allonge et se croise à travers l'ombre chaude.

Vers la gaze de feu que trament les rayons
Vole le frêle essaim des riches papillons
Qu'enivrent la lumière et le parfum des sèves ;

Alors mes doigts tremblants saisissent chaque fil,
Et dans les mailles d'or de ce filet subtil,
Chasseur harmonieux, j'emprisonne mes rêves.


Midi, « La Nature et le Rêve », Les Trophées (1893), Orphée La différence


24/08/2013

Le soleil du matin doucement chauffe et dore, de Paul Verlaine

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 Claude Monet  "Jeanne-Marguerite Lecadre au jardin", Huile sur toile 80 cm x 99 cm,1866-1867, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage


Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.

Mais le songeur aime ce paysage
Dont la claire douceur a soudain caressé
Son rêve de bonheur adorable, et bercé
Le souvenir charmant de cette jeune fille,
Blanche apparition qui chante et qui scintille,

Dont rêve le poète et que l'homme chérit,
Évoquant en ses vœux dont peut-être on sourit
La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame.

 

Extrait de La bonne chanson

Fêtes galantes, la Bonne Chanson, précédées des Amies,  éditions: Le livre de poche

23/08/2013

L'inconnu sur la terre, (extrait), de Jean-Marie Gustave Le Clézio

 

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Sam Francis 2012 Fondation Sam Francis, Californie / Artists Rights Society (ARS), NY

Lithographie de 1971, 88.9 x 200 cm, Fine Arts Museums of San Francisco, San Francisco, CA, USA


J'aime la plus belle des lumières, chaude, jaune, celle qui apparaît quelquefois l'après-midi sur le mur d'une chambre face au sud. C'est en elle que je voudrais habiter, pendant des jours, des mois, des années. Souple, tiède, vivante, douce, jaune comme la paille, jaune comme la flamme des allumettes, elle entre par la fenêtre ouverte sans que je sache d'où elle vient, de quels sables, de quels champs de maïs ou de blé mûr.

Elle entre, pareille à une chevelure de femme, elle se met à bouger entre les murs de la chambre, d'un mouvement continu qui emplit de bonheur, d'un seul long mouvement qui se déploie et rebondit sans cesse, la belle lumière chaude, la lumière d'été. 

Je la sens venir, elle m'enveloppe comme l'air, mais sans rien qui trouble , elle regarde chaque parcelle de ma peau, elle me baigne et m'éclaire. Aucune lumière ne sait faire cela comme elle. Elle, elle est venue de tous les points de l'espace, poudre des soleils et des étoiles, parfum des astres. Lumière du tabac et des genêts, lumière du cuir, lumière de la bière, lumière des fleurs, lumière de la peau blonde et claire, elle supporte tout cela avec elle, comme une rivière qui coulerait sur elle-même. On n'entend pas son bruit. 


L'inconnu sur la terre, extrait, Collection l'Imaginaire, Gallimard

27/07/2013

Mes Rêves éveillés chez Hemingbird

hemingbird oiseaux.jpg

Guirlandes de grues en origami (réalisation: Cosette Dion)

Ma série Rêves éveillés a trouvé un nouveau lieu pour les accueillir: la boutique Hemingbird de la créatrice Cosette Dion. Avec ses doigts d'or, elle transforme cartons et papiers pour créer des boites et des bijoux uniques et précieux. Cartonnière, elle utilise également la technique de l'origami pour ses bijoux et des décorations de mariages. 

Pour en savoir plus sur son travail, c'est ICI

Sa boutique est située Passage des Panoramas, 7 galerie Montmartre, 75002 Paris

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Rêves éveillés.jpg

Quelques uns de mes rêves éveillés

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26/07/2013

Les papillons, de Gérard de Nerval

The Red Sphinx  - Odilon Redon


De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
- Moi, la moisson blondissante, 
Chevelure des sillons ; 
- Moi, le rossignol qui chante ; 
- Et moi, les beaux papillons !

Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !... 

Quand revient l'été superbe, 
Je m'en vais au bois tout seul :
Je m'étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul. 
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d'eux à son tour,
Passe comme une pensée 
De poésie ou d'amour ! 

Voici le papillon "faune",

Noir et jaune ;
Voici le "mars" azuré,
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D'un velours riche et moiré.

Voici le "vulcain" rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le "soufré", dans l'espace,
Comme un éclair a relui...
Mais le joyeux "nacré" passe,
Et je ne vois plus que lui !

II

Comme un éventail de soie,
Il déploie
Son manteau semé d'argent ;
Et sa robe bigarrée
Est dorée
D'un or verdâtre et changeant.

Voici le "machaon-zèbre",
De fauve et de noir rayé ;
Le "deuil", en habit funèbre,
Et le "miroir" bleu strié ;
Voici l'"argus", feuille-morte,
Le "morio", le "grand-bleu",
Et le "paon-de-jour" qui porte
Sur chaque aile un oeil de feu !

Mais le soir brunit nos plaines ;
Les "phalènes"
Prennent leur essor bruyant,
Et les "sphinx" aux couleurs sombres,
Dans les ombres
Voltigent en tournoyant.

C'est le "grand-paon" à l'oeil rose
Dessiné sur un fond gris,
Qui ne vole qu'à nuit close,
Comme les chauves-souris ;
Le "bombice" du troëne,
Rayé de jaune et de vent,
Et le "papillon du chêne"
Qui ne meurt pas en hiver !...

Voici le "sphinx" à la tête
De squelette,
Peinte en blanc sur un fond noir,
Que le villageois redoute,
Sur sa route,
De voir voltiger le soir.

Je hais aussi les "phalènes",
Sombres hôtes de la nuit,
Qui voltigent dans nos plaines
De sept heures à minuit ;
Mais vous, papillons que j'aime,
Légers papillons de jour,
Tout en vous est un emblème
De poésie et d'amour !

III

Malheur, papillons que j'aime,
Doux emblème,
A vous pour votre beauté !...
Un doigt, de votre corsage,
Au passage,
Froisse, hélas ! le velouté !...

Une toute jeune fille
Au coeur tendre, au doux souris,
Perçant vos coeurs d'une aiguille,
Vous contemple, l'oeil surpris :
Et vos pattes sont coupées
Par l'ongle blanc qui les mord,
Et vos antennes crispées
Dans les douleurs de la mort !.


Extrait de Odelettes, 

Sylvie suivi de Les chimères et Odelettes, Collection de poche, Librio


Pastel d'Odilon Redon, Collection privée 'le Sphinx rouge", 61 x 49.5 cm

21/07/2013

L'herbe, d'Emily Dickinson

 

Ernst Kreidolf (1863-1956).2.jpg

Que l'herbe a peu de chose à faire!

Simple, verte, et toute ronde :

Pour seul souci les papillons,

Et pour compagnie l'abeille.

 

Suivant au fil du jour les jolis airs

Apportés par les brises,

Tenant le soleil sur son sein,

Elle salue à la ronde.

 

Elle enfile la nuit des perles de rosée,

Revêt de tels atours

Qu'une duchesse, à côté d'elle,

Semblerait trop commune.

 

A sa mort même elle passe

Dans des odeurs divines

D'humbles épices assoupies

Ou de nard qui périt.

 

Puis elle règne sur les granges,

Rêvasse au long du jour.

Que l'herbe a peu de chose à faire :

Je voudrais être foin!

 

Extrait de Poèmes, Editions Belin

Tableau de Ernst Kreidolf (1863-1956).
 

Voyages parmi les couleurs de terre

typical_village_provence_04.jpgpalettes terre.jpgVoici l'exemple d'une palette intemporelle, qui évoque de multiples univers, et nous invite au voyage.

Évocation des couleurs de terre. Les ocres jaunes, les rouges , les oxydes rouges et les terres brûlées des  villages de Provence, de Roussillon par exemple. 

Couleurs chaudes des terres africaines, australiennes mais aussi d'Amérique du Nord.

epice-egypte.jpg

Ces couleurs sont aussi des couleurs d'épices: curcuma, curry, safran, piments, cumin, fenouil, gingembre, citronnelle...Nous sommes alors invités à un voyage des sens et du goût. Nos papilles sont toutes émoustillées et notre odorat sollicité!

Mais ce sont aussi des couleurs de l'industrie, de la modernité, des chantiers. Rouge et brun rouge de la rouille, des peintures industrielles. Jaune cadmium des engins de construction. Les couleurs de sables et de ciment.

engins de construction.jpgA chacun son voyage, ses références; et si vous prenez deux minutes pour réfléchir à ce que vous évoquent ces couleurs, vous continuerez à voyager dans le temps et l'espace, les odeurs et le goût...

Les couleurs, c'est la vie!

20/07/2013

56 poèmes (extrait), d'Emily Dickinson

 

 

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Le Jaune ourlait le Ciel

Coupé dans la quintescence du Jaune

Jusqu'à ce que le Safran vire au Vermillon

Sans qu'on puisse en voir le glissement.

 

56 poèmes, suivi de Trois Lettres, Editions Le Nouveau Commerce

Tableau de Rothko

 

15/07/2013

Rénovation et patines de trumeaux à Versailles

Trumeaux.jpg

Il faut souvent plusieurs semaines, voir plusieurs mois avant de voir le résultat en place de son travail. Première photo d'un des 8 trumeaux réparés et rénovés dans une maison à Versailles. Plus de photos ICI

14/07/2013

Lettre A de l'Alphabet de l'heure bleue, d'Hacen Aymen

Egyptian night - Martiros Saryan

 Martiros Saryan, une nuit égyptienne 1912

 

 

Que le ciel pose son masque de jour

Que cette impénétrable clarté

S’en aille à vau-l’eau

             

Vienne la nuit où les mots

Grumeaux de larmes

S’abyment dans le blanc des yeux

        

Bleu de nuit

Lumière

De l’heure bleue

 

Alphabet de l'heure bleue, Jean-Pierre Huguet Editeur