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06/05/2013

Expositions de Dominique Hordé, au Viaduc des arts du 6 au 12 mai 2013

Viaduc des Arts.jpg

 

L'exposition démarre aujourd'hui. Vernissage le 8 mai, à partir de 18h30. Je serai avec beaucoup d'autres créateurs. Pour avoir une avant idée des tableaux que je vais exposer, c'est ICI

Paysages imaginaires D.Hordé 60x80.lave rouge.jpg

série: Paysages imaginaires 60x80 cm. Papiers de soie. D.Hordé

04/05/2013

Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes

 

 

vélimir khlebnikov,frederick c.frieseke,bleu

Frederick C.Frieseke. Nude in Dappled Sunlight. Huile sur toile. 1915. 96.52 x 129.86 cm. Collection privée

 


Des caresses

de seins parmi l'herbe,

vous, tout entière, souffle de chaudes sécheresses,

vous étiez debout, près de l'arbre

et les tresses

tordaient la torsade des torts atroces en toron.

Et les heures bleues

vous enlaçaient de tresses de cuivre.

Leur coulée cuivrée se tord, torride.

Et ton regard — c'est une chaumière

où tournent le rouet deux marâtres — fileuses.

Je vous ai bue à plein verre

durant les heures bleues

lorsque vous regardiez le lointain de fer.

Les pins frappent le bouclier

de leurs aiguilles murmurantes,

clos, les yeux des vieilles ;

et maintenant

m'enserrent, me brûlent les tresses de cuivre.


Vélimir Khlebnikov, Choix de poèmes, traduit du russe et présenté par Luda Schnitzer, Pierre Jean Oswald, 1967, p. 83.

27/04/2013

La délirée, d'Henry Bauchau

Eau-forte et aquatinte en 5 couleurs originale de Zao Wou Ki , Non signée, 1974. Dimensions : 56 x 76 cm

 

Que tu es belle, ma délirée, tes joues sont noires

Et sculptées par l'ardent malheur.

Ta bouche est ornée par la lune et tes yeux

Tes yeux ont la couleur perdue.

 

Ton corps  est un grand paysage de colère

Tu es le rouge indéchiffré

Avec le noir

Tu produis des paroles rouges.

Le temps nous a rejoints.

Nous sommes et nous ne sommes rien 

Rien que ceux que la terre en tournant délirait.


Henry Bauchau, Heureux les déliants, poèmes 1950-1995

p 198, Editions Labor

20/04/2013

Au bois, de Victor Hugo

Laurence Amelie Fleurs Blanches.jpg

Tableau de Laurence Amélie à retrouver sur http://laurence-amelie.com/

 

Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence, en éblouissement.
O souvenirs ! ô temps ! heures évanouies !
Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher, dans les herbes.
Le ciel resplendissait dans ses regards superbes ;
Elle disait : Je t'aime et je me sentais dieu.


Parfois, près d'une source, on s'asseyait un peu.
Que de fois j'ai montré sa gorge aux branches d'arbre !
Rougissante et pareille aux naïades de marbre,
Tu baignais tes pieds nus et blancs comme le lait.
Puis nous nous en allions rêveurs. Il me semblait,
En regardant autour de nous les pâquerettes,
Les boutons d'or joyeux, les pervenches secrètes,
Et les frais liserons d'une eau pure arrosés,
Que ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés dans le trajet de ma bouche à ta bouche
Pendant que nous marchions ; et la grotte farouche,
Et la ronce sauvage et le roc chauve et noir,
Envieux, murmuraient : Que va dire ce soir
Diane aux chastes yeux, la déesse étoilée,
En voyant toute l'herbe au fond du bois foulée ?

Extrait de Toute la lyre,  Oeuvres complètes, T4, collection Bouquins, Robert Laffont. 

09/04/2013

R comme ROUGE, de Dominique Sorrente

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Appel par les cent mille nuits biseautées, appel par le caillot du sang non advenu, appel d'une genèse qui d'un seul cri va nous rendre présents. ( Materia Mater ) À la question banale dans l’enfance, quand ma grand-mère se passionnait du vert, elle répondit qu’elle était ma couleur préférée. Elle, toujours, la couleur rouge, respire là, dans la poussée des commencements. Elle a su en ces heures poser son nez de clown sur le monde, mettre à la bouche la peau très tendre des coquelicots. On dira qu’on lui fera poser un genou à terre pour récolter sa part d’écorchure, ses drapeaux froissés, ses barricades en incendie. On lui montrera même ces deux trous au côté droit qui me parlent de résistance abattue. Mais c’est de vie toujours qu’il s’est agi. Un vol d’oiseau réfractaire qui nous emporte, une salutation avant d’entrer dans l’arène, un habit de lumière écarlate sur tes lèvres qui demandent à s’ouvrir. Bon sang ne saurait mentir, et pardon à ceux qui s’en font du mauvais. Le monde des poèmes est peuplé de bivouacs, d’avant, d’après batailles. On les approche comme au bord d’un brasero de fortune qui veut croire que l’histoire, en quelques mots reçus, trouvés, sera sauvée de son désastre rougeoyant.

 

(Extrait de Hier les fagots- Abécédaire, in Revue des Archers, n°14, mars 2008)

Merci à Dominique Sorrente de m'avoir communiqué ce texte.

Tableau de Zao Wou-Ki

La vie de mes tableaux dans la boutique rainbow people

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Quelques uns de mes tableaux sont en vente dans la boutique rainbow people au 23 rue de l'Exposition, 75007 Paris. rainbow people est la marque de la styliste Ngoc Phung Dang. Pour en savoir plus sur Ngoc Phung, joli portrait à lire ici.

 

Deux formats: 40x50 cm et 20x20 cm. 

Plus de tableaux ICI

06/04/2013

Expositions de Dominique Hordé, Printemps 2013

Boutique rainbow people, 23 rue de l'Exposition, 75007 Paris. A partir du 15 avril 2013

Viaduc des Arts, 57 avenue Daumesnil, 75012 Paris. Du 6 au 12 mai 2013 de 11h à 19h. Vernissage le 8 mai, à partir de 18 heures.

Trois agences de la Société Générale de Nanterre. En juin 2013

 

Deux séries, Paysages Imaginaires et Souvenirs souvenirs

 

Avril 2013.D.Hordé 001.JPG

Souvenirs 14 DHordé.jpg

 

30/03/2013

L'oiseau à tire d'ailes, de Pierre Chappuis

un cygne de reconnaisssance Pierre gaudu.jpg

"un cygne de reconnaissance", plume et encre de Chine, 50x50 cm - 23.01.2013

 © pierre gaudu (image non diffusable sans son accord).http://pierre-gaudu.over-blog.com/


Taillant dans le vif à tire d'aile au plus étroit du défilé comme si, issue des ténèbres, une main donnait — mais dans le vide — de grands coups de ciseaux.

Le bel embrouillamini de cascades, de tourbillons, de remous, plis et replis, de gerbes d'écume qu'il traverse sans dévier!

Joindra-t-il une rive de la nuit à l'autre ? En tout cas sans mettre aucun ordre ni tracer de ligne de démarcation qui vaille. Pour l'avoir frôlée, ne noircira pas l'eau, messager de l'oubli.


Pierre Chappuis, À portée de la voix, José Corti, 2002, p. 7


27/03/2013

Le sentier, d'Henry Bauchau

Pierre GauduPluie et automne.jpg

Photo © pierre gaudu http://pierre-gaudu.over-blog.com/ Tous droits réservés 

 

Epars dans le sang bleu du rêve

ton sentier s'est perdu dans l'herbe.

Perdu le bel été dans son profond sommeil

portant les matins dénoués.

 

Henry Bauchau, Heureux les déliants, Poèmes 1950-1995, p 227, Editions Labor

23/03/2013

Le poème sait bien que le malheur du monde est grand, de James Sacré

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              Marc Léonard. La plage sous l'orage. A retrouver sur ses sites,  et 

 

On finit toujours par aimer le bruit des mots

Ce qui tremble et qui chante en leur malheur

    qu'on oublie

Treblinka Chatilla, l'amour et le vin doux, scandale!

Et le plaisir qu'un film prend à des endroits d'une Pologne

    ou d'ailleurs

Le noir du temps qui se transforme en couleur tendre

Débris campagne qui s'est installée traveling

Pour aller où?

Le malheur du monde est sans âge

Sabra Cambodge la frange au loin du Chili Saquiet

Hiroshima Bézier sacs de Rome et de Bizance on s'habitue,

  les mots

Sans rien d'assez vrai poème qui les musique en mensonges

Pour que le bonheur soit encore possible

Pour caresser le peu qui reste;

Ecrire est un geste de vivant

Qui pense au mot bonheur dans le bruit de la mort.

 

Une fin d'après-midi à Marrakech, Le poème sait bien que le malheur du monde est grand, p156, Editions Ryôan-ji


16/03/2013

Chronique d'un égarement, de Jacques Ancet


La beauté recommence. À chaque fois, c’est comme si elle m’ôtait les mots de la bouche. Le ciel fume sur la montagne, l’eau scintille hors de son nom. Dans la bouteille de celle qui boit brille un infime soleil. Petite nature, dit la voix. Tais-toi, répond l’autre. Le vent ressemble à un visage.

   Qu’est-ce que tu cherches ?

   Ce que je trouve.

Les corps multiplient l’instant. Jeux d’ombre et de lumière. Puis le soir vient dans les couleurs. Je suis perdu. Serait-ce la beauté ?



Jacques Ancet, Chronique d’un égarement, Lettres vives.

Photo de Daniel Weisser, http://danielweisser.com/


09/03/2013

Columbiformes, de Fabienne Raphoz

 

(Columbidés)

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« …la frayeur m’enveloppe.

Et je t’ai dit : "Qui me donnera un plumage comme à la colombe,

pour que je m’envole et me pose" ? »

(Psaumes, I.V, 7)

 

Les columbidés sont une famille unique

Le Pigeon biset est le pigeon des villes

Le Pigeon des neiges a la tête noire

Le Pigeon violet est japonais

Le Pigeon a tête pâle est violet

La femelle de la Colombe bleutée est couleur terre de Sienne

La femelle de la colombe rouviolette est verte

La femelle de la Colombe rousse n’est pas entièrement rousse

La femelle de la Colombe mondétour n’a pas la gorge brune

La femelle du Ptilope orange est verte

La Colombe du Costa Rica est endémique du Costa Rica et de Panama

La Colombe du Costa Rica a le front chamois

La Colombe à nuque violette a la nuque violette dans toutes les langues

La grosse larme de la Tourterelle à ailes blanches

La petite larme noire de la Tourterelle noire

Le cou zébré de la Tourterelle orientale et de la Tourterelle des bois

Le rose aurore du Pigeon à bec rouge du Pigeon à bec noir du Pigeon simple du Pigeon rousset du Pigeon vineux de la Tourterelle à tête grise de la Tourterelle de Socorro de la Tourterelle oreillarde de la Tourterelle à queue carrée de la Tourterelle des Galapagos du Colombar giouanne du Ptilope porphyre du Carpophage pinon

La Tourterelle turque est une servante accablée

La Tourterelle du Cap est un tsikoloto

Tous les colombars sont des pigeons verts

Tous les pigeons verts sont des colombars ou des ptilopes

Le Colombar de Siebold se désaltère d’eau de mer

[…]

 

Fabienne Raphoz, Jeux d’oiseaux dans un ciel vide augures, éditions Héros-Limite, 2011, p. 81-82.

Tableau de Steven Kenny  © Steven Kenny http://www.stevenkenny.com/

 

Attente, partition, de Sereine Berlottier

 

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   15 mars

 

l’œil qui s’ouvre dans le noir, avant même que la farine de l’ aube ne s’éparpille aux   fenêtres

la peau sait peut-être des choses que tu ignores

les seins laineux, noués et doux

tout bouge et se déplie maintenant

fleurs et balancement dans la tranchée sombre

 

   on continue à vivre

   hameçonnée

   et l’espoir

 

  et tous les lieux où se cacher mal pour dire

   ton corps dedans

   ce puits de rouge

   sur l’émail blanc 

 

   et sa fraîcheur de fraise

   écrasée

   sa pulpe douce

 

   tu n’es pas triste s’il y a à voir, à reconnaître

 

 

Attente, partition, éditions Argol, 2011, p. 119

Tableau de Cy Twombly

02/03/2013

Quand le ciel se sépara de la terre: légende autour de l'indigo

 

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Eugène Boudin, Nuages blancs, ciel bleu vers 1854-1859, pastel sur papier 14,8 x 21 cm,                                                  Honfleur musée Eugène Boudin/ photo H.Brauner


Ce pastel d'Eugène Boudin m’évoque cette belle légende du Ghana sur l’indigo.  

Jadis le ciel épousait étroitement la terre et nourrissait les hommes. Chacun pouvait attraper un petit morceau de nuage pour le consommer. Cette nourriture céleste permettait à chacun de flotter et de rêver, de retrouver la paix et la gaieté du temps où le dieu suprême vivait avec les humains. Mais il ne fallait pas trop en manger, savoir rester raisonnable...Asi, était affamée de ciel, avec l'espoir que si elle mangeait un gros morceau,  sa peau et ses cheveux deviendraient bleu profond. Elle dévora le ciel et à peine avait-elle fini de manger qu’elle s'évanouit. A son réveil, elle retrouva sa fille morte et sur le lange blanc dans lequel elle était enveloppée,  s’étendait une grosse tâche bleue à l’endroit que l’enfant avait mouillé. Asi recouvrit son visage et ses cheveux de cendres. Les esprits alors  lui parlèrent. « Cette tâche est de l’indigo et elle vient des feuille que tu as rassemblées pour coucher ton enfant. Pour que le bleu survienne , il fallait l’urine de ta fille et les cendres que tu as renversées sur son corps. Maintenant l’indigo sacré colorera la terre mais seules les mères pourront le faire naitre. »

 Asi de retour au village enseigna l’art de la teinture. L’indigo était descendu du ciel, et se sépara de la terre. Plus jamais les humains furent tentés d’en dévorer des morceaux. Depuis la couleur bleue est associée à l’amour et à la tendresse féminine.

En Afrique occidentale, l’indigo teint la majorité des cotonnades. Le tissu saturé de pigment déteint sur la peau et pénètre dans les pores. Les touaregs qui portent des vêtements teintés en indigo sont ainsi surnommé les « hommes bleus »

 

L’indigo trouve son origine dans une famille d’arbustes (le genre indigoera) qui contient de l’indican. On utilise les feuilles qu’on fait fermenter. Ensuite, suivant les pays, les recettes divergent!

 

(Référence bibliographique : Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples, d’Anne Varichon, Seuil)


 

24/02/2013

Voix seule, (extraits), d'Alain Veinstein

Souvenirs 1 Compressé.jpg

Souvenirs 1. Enduit sur toile, chaux, encre. Dominique Hordé. Février 2013

 

Le ciel est déjà si noir :
il se confond avec la terre.

Pas assez de cœur
à ce moment précis
pour appeler terre
cette radiographie
des entrailles du temps.


Alain Veinstein, Voix seule, Seuil, 2011, p. 61

23/02/2013

Décembre, de Paul Claudel

Balayant la contrée et ce vallon feuillu, ta main, gagnant les terres couleur de pourpre et de tan que tes yeux là-bas découvrent, s'arrête avec eux sur ce riche brocart. Tout est coi et enveloppé ; nul vert blessant, rien de jeune et rien de neuf  ne forfait à la construction et au chant de ces tons pleins et sourds. Une sombre nuée occupe tout le ciel, dont, remplissant de vapeur les crans irréguliers de la montagne, on dirait qu'il s'attache à l'horizon comme par des mortaises. De la paume caresse ces larges ornements que brochent les touffes de pins noirs sur l'hyacinthe des plaines, des doigts vérifie ces détails enfoncés dans la trame et la brume de ce jour hivernal, un rang d'arbres, un village. L'heure est certainement arrêtée ;  comme un théâtre vide qu'emplit la mélancolie, le paysage clos semble prêter attention à une voix si grêle que je ne la saurais ouïr.

Ces après-midi de décembre sont douces. Rien encore n'y parle du tourmentant avenir. Et le passé n'est pas si peu mort qu'il souffre que rien lui arrive. De tant d'herbe et d'une si grande moisson, nulle chose ne demeure que de la paille parsemée et une bourre flétrie ; une eau froide mortifie la terre retournée. Tout est fini. Entre une année et l'autre, c'est ici la pause et la suspension. La pensée, délivrée de son travail, se recueille dans une taciturne allégresse, et, méditant de nouvelles entreprises, elle goûte, comme la terre, son sabbat.


Paul Claudel, Connaissance de l'Est [1900, 1907 et 1960], préface de Jacques Petit, Poésie / Gallimard, 1974, p. 72

Tableau de John Constable (1778-1873). Huile sur toile. 24,4x39,1 cm . Metropolitain Museum of Art

 

 

Charles Garnier et la couleur

 

 

En 1861, Charles Garnier qui rêve d'un Paris polychrome écrit:

  « (…) je m’imagine le jour où (…) le voisin pourra construire sa maison sans se raccorder avec celle du voisin; les fonds des corniches reluiront de couleurs éternelles, les trumeaux seront enrichis de panneaux scintillants, et les frises dorées courront le long des édifices; les monuments seront revêtus de marbre et d’émaux, et les mosaïques feront aimer à tous et le mouvement et la couleur. Ce ne sera plus le luxe faux et mesquin, ce sera l’opulence, ce sera la sincérité. Les yeux, familiarisés avec toutes ces merveilles de nuances et d’éclat, auront exigé que nos costumes se modifient et se colorent à leur tour, et la ville entière aura comme un reflet harmonieux de soie et d’or… Mais hélas! je jette les regards autour de moi : je vois le ciel gris et sombre, je vois des maisons remises à neuf, je vois des ombres toutes noires qui s’agitent dans des boulevards interminables. Je vois enfin Paris tel qu’il est! et de mon rêve d’artiste je retombe dans la réalité bourgeoise. »


Opéra Garnier

http://www.latribunedelart.com/la-restauration-du-grand-foyer-de-l-opera-de-paris-article00624.html

http://www.latribunedelart.com/achevement-de-la-restauration-du-grand-foyer-de-l-opera-le-decor-de-jules-elie-delaunay-article00626.html

21/02/2013

William Morris et les Arts Décoratifs

 

William Morris
Pimpernel 1876

 

 

William Morris- Medway

C'est en 1861 que l'entreprise de déco­ration Morris, Marshall, Faulkner and Co, est créée , à Londres, et rebaptisée Morris & Co en 1875 quand William Morris en devient le seul propriétaire. Elle tente de retrouver l'esprit des temps médiévaux où« le plus grand artiste restait un artisan ; l'artisan le plus humble était aussi un artiste », écrit Morris. C'est sa grande idée : rehausser les arts décoratifs au niveau des arts dits majeurs, la peinture et la sculpture. Ainsi, pense-t-il, les ouvriers, devenus artisans d'art, libérés de l'esclavage des machines, retrouveront le plaisir de travailler de leurs mains à l'embellissement du monde.

 La firme prospère rapidement car Morris se révèle être un génie de la composition : tirés de la nature, ses motifs de papiers peints et de tissus d'ameublement imprimés à la main surpassent en grâce tout ce que crachent les usines du royaume. On peut admirer l'extraordinaire travail de Morris & Co dans deux salles du Victoria and Albert Museum, à Londres : textile à motif de grive chapardeuse de fraises et tapisseries de Burne-Jones aux visages androgynes et rêveurs, chaise légère à l'assise de paille dessinée par Rossetti, carreaux de céramique... La collection se complète des réalisations de l'Arts and Crafts (art et artisanat), mouvement d'artistes-artisans ému­les de Morris. Il sera à l'origine de l'Art nouveau européen autour de 1900, puis du Bauhaus en Allemagne et du Mouvement moderne de Le Corbusier en France, ce que montre l'historienne Alexandra Midal dans son passionnant livre Design, Introduction à l'histoire d'une discipline.

Papiers peints de William Morrris

Âme d'automne, de Georg Trakl

 

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Dans du vert, profond fauche la faux

Bleu de l'air et jaune des gerbes

Envol de voix qui se moururent

Seule s'écoule une vieille eau.

 

Le soir le noir voyage passe

Sur les brunes collines d'automne

Salut d'argent du miroir d'un étang

Lance le vautour son cri clair et dur.

 

 

Âme  d'automne (première version), Trakl, Poème 1, traduction Jacques Legrand, Flammarion, p 257

Lesser Ury, 34,9 × 49,5 cm  (1900)

17/02/2013

La jeune fille, de Francis Jammes

 

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La jeune fille est blanche,
elle a des veines vertes
aux poignets, dans ses manches
            ouvertes.
 

On ne sait pas pourquoi
elle rit. Par moment
elle crie et cela
            est perçant.
 

Est-ce qu’elle se doute
qu’elle vous prend le cœur
en cueillant sur la route
            des fleurs ?
 

On dirait quelquefois
qu’elle comprend des choses.
Pas toujours. Elle cause
            tout bas.
 

« Oh ! ma chère ! oh ! là là...
... Figure-toi... mardi
je l’ai vu... j’ai rri. » — Elle dit
            comme ça.
 

Quand un jeune homme souffre,
d’abord elle se tait :
et ne rit plus, tout
            étonnée.
 

Dans les petits chemins
elle remplit ses mains
de piquants de bruyères,
            de fougères.
 

Elle est grande, elle est blanche,
elle a des bras très doux.
Elle est très droite et penche
            le cou.

 

De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir (1898). Poésies Gallimard

Tableau d'Ilya Zomb. http://www.zombart.com/