13/10/2012
L’ineffable l'inaperçu, d'Edmond Jabes
La blancheur – couleur d’absence de couleur – est tellement agressive que, pour être lus, les vocables l’attaquent de front, syllabe après syllabe, lettre après lettre ; jamais collectivement mais isolément.
« Stratégie de l’écriture » disait-il.
Violence de la page blanche, d’autant moins maîtrisable qu’elle est silencieuse.
La résistance du livre en est chaque fois ébranlée.
Toute naissance rompt un silence originel contre lequel elle luttera jusqu’à la mort.
L’éternité serait, peut-être alors, ce temps muet, infini en aval du temps.
L’ineffable l’inaperçu, Le livre des ressemblances, III, Gallimard 1980, p. 43.
Dessin à la plume de Pierre Gaudu "fenaison", 52x70 cm (29 08 12)
© pierre gaudu images non libres de droits, tout utilisation sans mon accord est interdite.
atelier pierre gaudu - peinture dessin photo: http://pierre-gaudu.over-blog.com/
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06/10/2012
Poésie I, de Georges Schéhadé
Chaque été il y aura donc pour moi
Une nouvelle mélancolie
Et je vous aime comme ce que je vous dis
Pour un cheval blanc comme l'hiver
Les brises se dépouillent des rosées
Et les oiseaux meurent des blessures de la mer
Couronnez l'amour qui tient un arc
Une hirondelle a longé le soir
Elle est sans couleur sans force
Cette saison ne passera pas sans un nouvel astre
Son azur est chaud de toutes les nuits
Poésie Gallimard. Extrait de "Les Poésies"
Aquarelle d'Emil Nolde
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03/10/2012
Couleur et son, par le docteur Michel Cavay
La célèbre école de musique « Senzoku Kaguen College of Music’s » de Tokyo, vient de mettre la couleur au service de ses étudiants. Le studio Japonais Teradadesign & Architects est à l’origine de ce concept acidulé
Extrait d'un texte du docteur Michel Cavay dans le cadre d'une intervention sur Architecture et lieu de vie du dément.
"Les deux sens principaux de l'homme sont la vision et l'audition. Ce sont les deux sens qui lui permettent de connaître les choses qui sont à distance de lui. Mais il suffit de réfléchir pour constater qu'il existe entre les deux sens une différence importante.
Je ne vois en effet que ce qui passe sous mon regard, en simplifiant je dirais que pour voir il faut regarder. La vision est le sens qui me permet d'observer, de viser, d'épier, de surveiller, c'est le sens qui me sert à attaquer.
Mais si je ne peux rien savoir de ce qui se déroule derrière moi, par contre je peux fort bien entendre. Le bruit s'impose à moi, et le rôle de l'audition est avant tout un sens d'alerte. On a beau dire au guetteur : « Ouvrez l'œil » , ce qu'on attend de lui c'est qu'il tende l'oreille. Bref, si la vision est le sens de l'attaque, l'audition est le sens qui me sert à me défendre.
S'il est nécessaire de regarder pour voir il n'est pas nécessaire d'écouter pour entendre. C'est la conscience qui vient compliquer ce schéma en offrant des filtres : je peux ainsi refuser de voir ce que je regarde, ou d'écouter ce que j'entends. Mais du fait qu'en principe je dois regarder pour voir alors qu'il ne m'est pas nécessaire d'écouter pour entendre, la vision concerne davantage la conscience et l'audition davantage l'inconscient (quand je dis « ça me parle « , je ne suis pas dans le même registre que quand je dis « ça me regarde ») ; en caricaturant on pourrait dire que voir est une affaire de néocortex, entendre est une affaire de paléocortex.
Reprenons maintenant notre sujet : la vision. Voir, c'est voir des formes et des couleurs. Et de ce point de vue il y a deux choses à considérer.
La fonction la plus évidente de la couleur est d'attirer notre attention. Dans ce qui passe dans notre champ visuel ce que nous remarquons en premier ce sont les objets aux couleurs les plus vives. Il suffit de cette remarque pour concevoir que de ce point de vue la couleur a quelque chose à voir avec le son : une couleur intense s'impose au même titre qu'un bruit intense, et c'est bien pourquoi on parle de « couleur éclatante » . Et on sait que la couleur est utilisée différemment dans le règne animal et dans le règne végétal : si les fleurs sont colorées, c'est pour attirer l'attention des insectes dont leur survie dépend ; les animaux, eux, ambitionnent davantage de passer inaperçus.
Parce que la couleur a à voir avec l'audition, elle a à voir avec l'inconscient. La manière dont les couleurs nous influencent est souvent très discrète, au point que bien souvent nous ne savons même pas de quelle couleur il s'agit. Ce langage n'en est pas moins très précis. C'est de cette manière qu'on cherche les cèpes : on ne peut se guider sur la forme car les cèpes sont souvent cachés sous la mousse ; pour les trouver il faut renoncer à chercher des formes, il faut se placer dans un état d' « attention flottante » superposable à celui dont parlent les psychanalystes, et s'intéresser aux couleurs. C'est alors certains tons de brun, des tons que pourtant on ne saurait même pas décrire, qui permettent de trouver son butin.
Docteur Michel Cavey 24/06/2004 Source: http://alois.a.free.fr/temoignages/couleurs.htm
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29/09/2012
La couleur de l'ombre, de Catherine Delhom
Sur les pétales d’un lys blanc, effleurer d’un bleu d’outremer très dilué
Nuancer de sépia dans les creux près du cœur, juste un peu
Laisser le papier vierge, rien que du clair
Les profondeurs d’une rose rouge aimeront mieux un zeste de vert émeraude
Du bleu de prusse parfois, mais rien de plus
Le coquelicot est plus délicat, il vaut mieux rester dans des tons chauds
Du carmin ou du rose thyrien sur du vermillon…
Les feuilles vertes sont une terreur, parfois diluer du bleu, ou un soupçon de rose
Une pomme tombée fera sur le papier un halo doux de ceruleum et ombre brûlée
Un arbre un jour de soleil tâche l’herbe d’un ton lavande
Comme celui des montagnes un soir d’été
Elle est là pour la lumière qu’on ne verrait pas sans elle
Jamais de brun, de gris, de noir trop tristes
Elle est froide, chaude, sombre, légère
L’ombre n’existe pas, elle est une illusion
Aquarelle et texte de Catherine Delhom . Tous droits réservés. http://catherinedelhom.over-blog.com/
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28/09/2012
Florence Olmi, artiste mosaïste, ou l'Art d'embellir nos jardins
Florence Olmi est une artiste mosaïste qui a un talent fou et elle à l'art d'embellir nos jardins ! Ces Atm'0'Sphères me font rêver...A utiliser sans médération dans tous les bassins d'eau!
http://florenceolmi.canalblog.com/albums/mosaique_pour_le_jardin/index.html
11:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : florence olmi, jardin, mosaïque, art du jardin | Facebook | Imprimer | | |
26/09/2012
Rue du regard, de Jean Frémont
Les Époux Arnolfini ,peinture sur bois (82 x 60 cm) de Jan van Eyck datant de 1434. Il représente Giovanni Arnolfini, riche marchand toscan établi à Bruges et son épouse Giovanna Cenami.
La très étroite bande verticale de paysage qui se découpe entre le mur et le volet à demi fermé de la fenêtre qui éclaire la chambre nuptiale où les époux Arnolfini se tiennent , debout, par la main, est très irréelle. Très imaginaire.
Par une effet de métonymie, on a coutume d'appeler Figure un tableau plus haut que large, parce qu'il est plutôt approprié au portrait, buste, mi-corps ou en pied, et Paysage un tableau plus large que haut. (Par la vertu d'une seule ligne horizontale, un sol et un ciel sont là, c'est un paysage, le reste est facultatif. Il serait amusant de chercher les exceptions — Corot, il peint les arbres comme des figures, Constable aussi.)
Verticale, la bande de paysage des Arnolfini est plus une figure qu'un paysage, c'est l'intrusion, à dose infinitésimale, comme par une meurtrière, du mythe du paradis perdu dans le rite matrimonial. Adam et Éve, chassés par Mantegna, ont retrouvé un bercail. Il est cossu, il est même sacré, on est près de se déchausser !
Sur l'appui de la fenêtre, comme oubliée là par mégarde, une pomme, en pleine lumière, avec sa petite ombre portée, vient opportunément rappeler l'innocence d'avant la chute.
Jan Van Eyck était là.
Jean Frémon, Rue du Regard, P. O. L, 2012, p. 199-200.
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22/09/2012
Je m'embête, de Francis Jammes
Je m'embête; cueillez-moi des jeunes filles
et des iris bleus à l'ombre des charmilles
où les papillons bleus dansent à midi,
parce que je m'embête
et que je veux voir de petites bêtes
rouges sur les choux, les ails (on dit aulx), les lys.
Je m'embête.
Ces vers que je fais m'embêtent aussi,
et mon chien se met à loucher, assis,
en écoutant la pendule
qui l'embête comme je m'embête.
Vraiment ces trois cils de ce chien de chasse,
de ce chien de poète,
sont cocasses.
Je voudrais savoir peindre. Je peindrais
une prairie bleue, avec des mousserons,
où des jeunes filles nues danseraient en rond
autour d'un vieux botaniste désespéré,
porteur d'un panama et d'une boîte verte
et d'un énorme filet à papillons
vert.
Car j'apprécie les jeunes filles
et les gravures excessivement coloriées
où l'on voit un vieux botaniste éreinté
qui longe un torrent et se dirige
vers l'auberge.
De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir (1898)
Tableau d'Henri Matisse,Danse 1, 1909, MoMA
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19/09/2012
Marc Chagall et la couleur
La couleur est tout. quand la couleur est juste, la forme est juste. la couleur est chaque chose, la couleur est vibration comme la musique; chaque chose est vibration.
Marc Chagall
Les Trois Bougies, 1938
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18/09/2012
Le bleu, Joachim Patinir, John Ruskin
Joachim Patinir (1475-1524), Paysage au bord du lac, Huile sur cuivre, 18,2 cm x 24 cm, Musée de Cahors Henri-Martin
"La couleur bleue est éternellement vouée par les dieux à être une source de délices".
John Ruskin (1819-1900)
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17/09/2012
Les Yeux d'Elsa , d'Aragon
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux
L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août
J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
Extrait des" yeux d'Elsa, Editions Seguers
Photo d'Edward Weston : Portrait de Cela Olin Nahui (vers 1920)
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16/09/2012
Ophélie, d'Arthur Rimbaud
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15/09/2012
La vie fragile, de Pierre Reverdy
Le 2 septembre 2012, à I.&H ses amis @pierre gaudu
Plus loin entre la plante grasse et le ride
Dresser l'échelle
Les formes qui remuent dans le fond du jardin
d'autres noires
Selon le mouvement brutal du réflecteur
Les maillots des arbres sont roses
Mais au premier plan une main tient la clef du cœur
Un couple ailé marche dans des couleurs qui changent
Celui qui vole bas c'est l'homme
Celui qui va à pied c'est l'ange
Les yeux luttent dans la lumière
La lampe fraîche du matin
Un fil cassé descend derrière
La tête nue s'incline et barre le chemin
Tout le reste est recouvert de feuilles mortes
Quant au ciel il s'ouvre par le fond et de côté mais en triangle
Pierre Reverdy, La Guitare endormie. [1919], dans Œuvres complètes I, édition préparée, présentée et annotée par Étienne-Alain Hubert, "Mille&unepages", Flammarion, 2010, p. 262.
Photo @pierre gaudu . Cette photo est propriété de son auteur et toute reproduction est interdite sans le consentement explicite de l'auteur.
http://www.artnova-connect.com/
http://pierre-gaudu.over-blog.com/
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13/09/2012
Fernand Léger et la couleur
"La couleur est une nécessité vitale. C'est une matière première indispensable à la vie, comme l'eau et le feu. On ne peut concevoir l'existence des hommes sans une ambiance colorée. Les plantes, les animaux se colorent naturellement: l'homme s'habille en couleurs. Son action n'est pas que décorative; elle est psychologique. Liée à la lumière, elle devient intensité; elle devient un besoin social et humain».
La grande parade,1954. Oil on canvas, (299.1 x 400.1 cm). Solomon R. Guggenheim Museum, New York 62.1619. © 2012 Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris
23:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ferand leger, la grande parade | Facebook | Imprimer | | |
Pour les enfants et les raffinés (extrait), de Max Jacob
Et à Paris papa chéri
Fais à Paris
Qu'est-ce que tu me donnes à Paris?
Je te donne pour ta fête
Un chapeau noisette
Un petit sac en satin
Pour le tenir à la main
Un parasol en soie blanche
Avec des glands
sur le manche
Un habit doré sur tranche
Des souliers couleur orange
Ne les mets que le dimanche
Un collier des bijoux
Tiou!
Les Oeuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel
Tableau de Rina Banerjee , Queen of cuddles (2010)
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09/09/2012
Les pigments bleus de Terre de Toscane
Du bleu pour rêver.... (aquarelle d'Emil Nolde) et les pigments bleus de Terre de Toscane pour donner vie à ses rêves.
Vous pouvez découvrir tous ces pigments aux noms évocateurs chez Matériaux Verts Houilles. Ils font partie de ma collection de pigments. Je les utilise pour teinter mes enduits décoratifs (ils sont compatibles avec la chaux) et mes patines.
Pigment de terre
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Liberté, de Norge
A quoi bon semer des miettes blanches
derrière soi
comme Petit-Poucet
pour retrouver sa route
puisque les oiseaux les mangeront.
Sois plus sage, ô moi-même
et apprends à aimer
ton incertitude et ta détresse
Marin de la mer nue,
marin ivre de la mer périlleuse
aux routes sans souvenir,
aux dures bises salines.
Sois donc sage, puisque des oiseaux
avides mangeraient quand même
tes miettes blanches.
Et maintenant, tu peux bâtir
au style de ta fantaisie
tes fluides châteaux de carte,
poète.
Norge, Poésie, 1923-1988, Poésie/Gallimard, 1990, p. 20
Aquarelle d'Emil Nolde http://www.nolde-stiftung.de/
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08/09/2012
Coin de tableau, de Charles Cros
Tiède et blanc était le sein.
Toute blanche était la chatte.
Le sein soulevait la chatte.
La chatte griffait le sein.
Les oreilles de la chatte
Faisaient ombre sur le sein.
Rose était le bout du sein,
Comme le nez de la chatte.
Un signe noir sur le sein
Intrigua longtemps la chatte ;
Puis, vers d’autres jeux, la chatte
Courut, laissant nu le sein.
Le coffret de santal, Gallimard Poésie
Félix Vallotton. La paresse. Xylogravure, 1897.
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06/09/2012
Carnets 1952-1956, d'André du Bouchet
un poème — qu’est-ce — rien
et pourtant le monde était là
comme le vent dans les tiges
le monde est là — comme le
vent dans les tiges
et aux confins bleus du monde
André du Bouchet, Carnets 1952-1956,Plon, 1990, p.75
Illustration: ©pierre gaudu , "giboulée", encre, 16x12 cm, 1986
tous droits réservés... Avant toute diffusion, échange ou partage merci de bien vouloir demander
l'accord de Pierre Gaudu.
http://www.artnova-connect.com/
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04/09/2012
Lumière du Nord (Extrait), de Heather Dohollau
Près d'une lampe une femme lit dans la nuit
Tout semble attendre, les chaises, le poêle, la table
Protègent la suite, un rideau blanc
Retient sa chute pour laisser à l'obscur
De l'autre côté des vitres, droit de regard
Une scène muette de vie où les présences parlent
Des mots de silence, traversant de leur souffle
Le poids du réel et aux miroir des yeux
Les couleurs de la chambre habillent les êtres
D'un lointain proche au cercle naissant de l'ombre
.
.
Le soir
Extrait de Lumière du nord, Recueil Pages Aquarellées, 1989, Edition Folle Avoine
Tableau d'Edouard Vuillard, Scène d'intérieur, Huille sur toile, 1896/1897, Collection privée
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02/09/2012
Speak, Memory, de Vladimir Nabokov
« Aussi loin que je me souvienne […] j’étais un cas intéressant d’audition colorée. Peut-être qu’entendre n’est pas le terme tout à fait exact, étant donné que la sensation de couleur semble être produite par l’acte même par lequel je prononce une lettre particulière, pendant que j’imagine sa forme. La lettre a […] est, pour moi, de la couleur du bois usé par les intempéries, mais, [dans une autre police de caractère] le a évoque l’ébène poli. Ce groupe de couleur noire inclut aussi les g durs (du caoutchouc vulcanisé) et le r (des guenilles noires en train d’être déchirées). Le n farine […] et le o petit miroir au manche d’ivoire s’occupent des blancs. […] Si nous passons au groupe bleu, il y a le x bleu acier, le z nuage d’orage, et le k myrtille. Comme il existe une subtile interaction entre la sonorité et la forme, […] le s n’est pas du même bleu pâle que c, mais un curieux mélange d’azur et de nacre. Les teintes adjacentes ne se mélangent pas […].
Je me presse de compléter ma liste avant que je sois interrompu. Dans le groupe vert, il y a la feuille de l’aulne du f, la pomme pas mûre du p, et le pistache t. Un vert terne, combiné je ne sais trop pourquoi à du violet, est le mieux que je puisse faire pour le w. Les jaunes comportent des e et des i variés, le d crémeux, le y doré vif, et le u, dont je ne peux exprimer la valeur alphabétique que par ‘cuivré avec un reflet olive’. Dans le groupe des marrons, il y a les tons caoutchouteux riches du doux g, du j plus pâle encore, rouges, le b a la tonalité que les peintres appellent Sienne brûlé, le m est un pli de flanelle rose, et aujourd’hui j’ai enfin apparié le v avec la teinte ‘Rose Quartz’ dans le Dictionnaire des Couleurs de Maerz et Paul.Le mot pour arc-en-ciel, un arc-en-ciel véritable, mais décidemment brouillé, est dans mon langage personnel le mot difficilement prononçable : kzspygv.
Les confessions d’un synesthète doivent sembler fastidieuses et prétentieuses à ceux qui sont protégés de telles brèches et de telles évasions par des murs plus solides que ne sont les miens. A ma mère, pourtant, tout cela semblait normal. Le sujet fut abordé, un jour durant ma septième année, alors que j’utilisais un tas de vieux cubes d’alphabet pour construire une tour.
Je fis à ma mère, en passant, la remarque que les couleurs des lettres étaient toutes fausses. Nous avons alors découvert que certaines de ses lettres à elle avaient la même teinte que les miennes, et qu’en plus, elle entendait les notes de musique en couleurs. En moi, les notes de musique n’évoquaient aucune sorte de couleur. […]
Ma mère fit tout pour encourager la sensibilité générale que j’avais aux stimulations visuelles. Combien d’aquarelles elle a peintes pour moi. Quelle révélation ce fut quand elle me montra l’arbre-lilas qui pousse à partir d’un mélange de bleu et de rouge ! »
Speak, Memory.( en livre de poche)
Tableau de kandinsky, datée de 1912 ,Le dernier jugement
J 'ai découvert ce texte en écoutant l'émission de Jean-Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin du 10 décembre 2011, consacrée à la synesthésie :http://www.franceinter.fr/emission-sur-les-epaules-de-dar...
07:03 Publié dans Bleu, Jaune, Multi couleurs, Rouge, Vert, Violet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : multicouleurs, kandinsky, vladimir nabokov | Facebook | Imprimer | | |