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15/06/2011

Une fin d’après-midi à Marrakech, de James Sacré

 

 

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On sait que c’est la cuisine à cause des légumes et des fruits qui sont dans un carton ça fait un coin de couleurs comme quelqu’un qui montrerait d’un coup son cœur et son désir avec beaucoup de simplicité violente. Des piments rouges, des oranges. Le mot vivre dans la grisaille et le silence de cette maison pauvre, le silence. Un coin de cuisine, aussi bien l’endroit du marché dans l’ensemble en pisé couleur d’ocre et de pierre blanchie de la ville. Ou comme dans le haut d’un champ que les gens y travaillent longtemps : mon enfance y ramasse n’importe quelle récolte elle s’accumule en couleur vive tout à l’heure on chargera tout dans la charrette le reste du champ sera plus qu’une surface de terre ou de chaume on le voit mal de plus en plus petit dans le monde autrefois demain je suis content d’avoir tout d’un coup ce carton de légumes comme un sourire en désordre. Comme si j’aimais quelqu’un quand je regarde longtemps la couleur d’une orange, le sol défait, le mur longtemps.


James Sacré, Une fin d’après-midi à Marrakech, André Dimanche, 1988, p. 193.

Picasso, La desserte, 1901

 

08/06/2011

Soupir, de Stéphane Mallarmé

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Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l'Azur.

Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

 

 

Album de vers et de prose (1887)

 

Bonnard, Marthe dans son lit 

07/06/2011

Voyelles, d'Arthur Rimbaud

 

 

 

Voyelles, Arthur Rimbaud, Eugène

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

 

 

 

Texte écrit en 1871 (ci dessous, original écrit par Rimbaud)

Aquarelle de Julien Martin

 

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05/06/2011

La composition des peintures

Les peintures et vernis sont tous composés de pigments, de liants, de charges et d'additifs. Et celà qu'ils soient fabriqués avec des produits dits « naturels »  ou issus de la pétrochimie. (Peintures acryliques, vinyliques, alkydes...)

 Les pigments

Ils font partie des produits de base des peintures. Les pigments sont des particules solides très fines: Il existe une quantité énorme de pigments d'origines minérale, végétale ou chimique. J'aurai l'occasion de vous en reparler.SL730253.JPG

Les liants

Les liants relient les particules de pigments entre elles et avec le support (mur, boiserie...).En principe, tout ce qui colle peut être utilisé comme liant. La plupart des techniques picturales doivent leur nom au liant utilisé: on trouve ainsi des peintures à la colle, à la chaux, à la caséine, des lasures à la bière, des peintures à l'huile, etc.

Les liants peuvent être d'origine naturelle :

  • Liants à l'eau: chaux, silicates, caséine, colle de peau, amidon de pomme de terre, œuf, gomme, cire saponifiée...
  • Liants aux solvants: huiles végétales comme celles de lin, de ricin, de carthame ou d'œillette, etc. Mais aussi la cire d'abeille, la cire de carnauba, les résines naturelles ...

Ou d'origine synthétique : dérivés du caoutchouc, produits vinyliques, acryliques, polyester, polyépoxydiques...

Il est à noter que l'essentiel des peintures du commerce utilisent des liants synthétiques et que les grandes marques de peinture appartiennent à des groupes chimiques mondiaux.

Les solvants

Les solvants sont des substances qui ont le pouvoir de dissoudre des matières. Ils permettent  d'étendre uniformément des matières sur une surface

Ils sont volatiles dans les conditions normales de séchage.

Parmi les solvants : l'eau, l'essence de térébenthine, l'alcool, les hydrocarbures et les dérivés de glycols.

Depuis le 1er janvier 2010, la réglementation européenne renforce ses exigences en matière d'émanation de COV dans les peintures, vernis et apprêts divers. Elle a ainsi fixé un taux limité de COV dans différentes classes de produits.

Les Composés organiques volatiles sont des substances chimiques naturelles ou de synthèse qui s'évaporent dans l'atmosphère, participant ainsi à l'effet de serre. Attention, les produits en phase aqueuse (produits acryliques par exemple) peuvent aussi contenir des COV. De même, les produits contenant des solvants de synthèse (de type white sprit notamment) ne sont pas tous à écarter et ceux respectant les normes européennes resteront sur le marché. Pour en être en sûr, il faut vérifier que sur l'emballage, les écolabels français (NF Environnement) et/ou européen apparaissent bien.Les deux écolabels ensemble.JPG

Les charges

Les charges apportent de la matière à la couleur. D'une manière générale, elles sont d'origines minérales : Sulfates, carbonates, silices, silicates (comme le kaolin, talc, mica, bentonite, silicate de calcium...)

Les adjuvants

 On en trouve tant dans les peintures naturelles que synthétiques en quantité très faible. Ils améliorent la qualité d'utilisation des peintures: viscosité, séchage, conservation... Il existe aussi des adjuvants anti peaux, anti sédimentation, des agents dispersants, des agents d'étalement, de matité, anti UV, antioxydant, anti mousse...

 

02/06/2011

Eloge du lointain, de Paul Celan

 

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Dans la source de tes yeux
vivent les nasses des pêcheurs de la mer délirante.
Dans la source de tes yeux
la mer tient sa parole.

J’y jette,
cœur qui a séjourné chez des humains,
les vêtements que je portais et l’éclat d’un serment :

Plus noir au fond du noir, je suis plus nu.
Je ne suis, qu’une fois renégat, fidèle.
Je suis toi, quand je suis moi.

Dans la source de tes yeux
je dérive et rêve de pillage.

Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse :
nous nous séparons enlacés.

Dans la source de tes yeux
un pendu étrangle la corde.


Paul Celan, Pavot et mémoire in Choix de poèmes réunis par l’auteur (édition bilingue), Gallimard, Collection Poésie, 1998, page 43. Traduction de Jean-Pierre Lefebvre.

Dessin de Federico Garcia Lorca

L'escale portugaise, de Jules Supervielle

 

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L'escale fait sécher ses blancheurs aux terrasses
où le vent s'évertue
Les maisons roses eu soleil qui les enlace
Sentent l'algue et la rue.

Les femmes de la mer, des paniers de poissons
Irisés sur la tête,
Exposent au soleil bruyant de la saison
La sous-marine fête.

Le feuillage strident a débordé le vert
Sous la crue de la lumière
Les roses printanières
Ont fait irruption par les grilles de fer.

Le plaisir matinal des boutiques ouvertes
Au maritime été
Et des fenêtres vertes
Qui se livrent au ciel, les volets écartés.

S'écoule vers la Place où stagnent les passants
Jusqu'à ce que soit ronde
L'ombre des orangers qui simule un cadran
Où le doux midi grogne.

 Extrait de Gravitations

Tableau de Nicolas de Stael

30/05/2011

Horizon du sol (extrait), d'Etienne Faure

 

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Le soir dans la rue aux cent pas

où déambulent des bassins qui donnèrent la vie,

l’écho du mur d’en face avertit parfois

du brouhaha d’un bar qu’on traverse

soudain frappé du halo bleu ou rouge

des néants révélés, le temps d’entrevoir

l’intention dolosive, les hésitations

marquées par des regards en fuite, dos hostiles,

un recoin de bouche effilée, la menace

martelée du poing sur le zinc, nom de dieu

— comme s’il y était pour quelque chose —

du meurtre préfiguré dans le carmin des trognes

— ça va cogner — et contre les prédateurs

du spectacle un avertissement de couleur semblable

— ma photo, mon poing sur la gueule —

quand plus haut s’ouvrent les fenêtres noires,

s’encadrent dans le chambranle, portraits de nuit,

les fumeurs et les adolescents qui sécrètent

des propos à mi-voix, secrets sans fil,

juste en deçà des arroseurs de forêts primitives

cachés dans le vert jaunissant.

 

Extrait d' Horizon du sol, Champ Vallon, 2011, p. 26.

Tableau de Roberto Crippa (1921 1972)

29/05/2011

Peindre un soubassement dans une entrée ou un couloir: astuce de peintre

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Dans cette entrée au rez-de chaussée et dans ce couloir à l'étage, peindre un soubassement a permis d'élargir visuellement les espaces et de les personnaliser. 

Petite astuce: la lumière n'est pas la même dans les deux pièces (lumière jaune à l'étage, lumière naturelle au rez-de chaussée) et les perceptions des couleurs sont donc différentes. La peinture du soubassement du couloir du haut paraissait très pâle en bas. Pour augmenter la valeur de la couleur et retrouver la même perception visuelle, il a suffit de rajouter des pigments dans la peinture, les mêmes qui ont servis à la fabrication de la peinture du soubassement de l'étage.  La peinture du rez de chaussée est donc plus foncée que celle de l'étage.

Pigments utlisés pour le soubassement: ombre naturelle, ombre calcinée, et terre de sienne. Pour le haut du mur: sienne naturelle

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Chantier en cours. Conception et réalisation Dominique Hordé et Valérie Auzou (www.en-tous-sens.com)

 

Fabrication des couleurs : Dominique Hordé 

26/05/2011

Spleen, de Paul Verlaine


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Les roses étaient toutes rouges,
Et les lierres étaient tout noirs.

Chère, pour peu que tu te bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.

Le ciel était trop bleu, trop tendre
La mer trop verte et l’air trop doux.

Je crains toujours,- ce qu’est d’attendre!
Quelque fuite atroce de vous.

Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,

Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas!

 

Aquarelles, Romances sans paroles

Tableau Egon Schiele

21/05/2011

Finitions stucco, l'été sera chaux, dans Habitat Naturel

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Le dernier numéro d'Habitat Naturel est en kiosque. Dans ce numéro, des conseils pratiques pour travailler la chaux donnés en particulier, par Valérie Auzou http://www.en-tous-sens.com/ avec qui je réalise régulièrement des chantiers, et moi-même. Voir également notre intervention à la Foire de Paris: http://vivelescouleurs.hautetfort.com/archive/2011/05/04/...

 

La chaux retrouve ses lettres de noblesse dans nos intérieurs. Je travaille la chaux sous ses multiples formes:badigeon, chaux brossée, chaux ferrée, stucco, marmorino, tadelakt....Si vous souhaitez réaliser vous-même un chantier, je vous propose  de vous accompagner pendant une journée et vous donner ainsi des conseils pratiques sur les produits et la gestuelle.

.Pour lire cet article .Habitat naturell texte.pdf.

Histoire de bleu, (extrait) de Jean-Michel Maulpoix

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Le bleu ne fait pas de bruit.

 

C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.

 

Le bleu est une couleur propice à la disparition.

 

Une couleur où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même  de l'âme après qu'elle s'est déshabillée du corps,  après qu'a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de ses pensées.

 

Indéfiniment, le bleu s'évade.

 

Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux.

 

L'air que nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie.

 

 

Histoire de bleu, collection poésie Gallimard

Tableau d'Elisabeth Couloignier que je remercie. Vous pouvez retrouver son travail:

18/05/2011

Les réparties de Nina, d'Arthur Rimbaud

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LUI - Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
Aux frais rayons

Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?...
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour

De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs :

Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l'air ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,

Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou :

Riant à moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela, - la belle tresse,
Oh ! - qui boirais

Ton goût de framboise et de fraise,
O chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur ;

Au rose, églantier qui t'embête
Aimablement :
Riant surtout, ô folle tête,
À ton amant !....

........................................................

- Ta poitrine sur ma poitrine,
Mêlant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois !...

Puis, comme une petite morte,
Le coeur pâmé,
Tu me dirais que je te porte,
L'oeil mi-fermé...

Je te porterais, palpitante,
Dans le sentier :
L'oiseau filerait son andante
Au Noisetier...

Je te parlerais dans ta bouche..
J'irais, pressant
Ton corps, comme une enfant qu'on couche,
Ivre du sang

Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
Aux tons rosés :
Et te parlant la langue franche - .....
Tiens !... - que tu sais...

Nos grands bois sentiraient la sève,
Et le soleil
Sablerait d'or fin leur grand rêve
Vert et vermeil

........................................................

Le soir ?... Nous reprendrons la route
Blanche qui court
Flânant, comme un troupeau qui broute,
Tout à l'entour

Les bons vergers à l'herbe bleue,
Aux pommiers tors !
Comme on les sent tout une lieue
Leurs parfums forts !

Nous regagnerons le village
Au ciel mi-noir ;
Et ça sentira le laitage
Dans l'air du soir ;

Ca sentira l'étable, pleine
De fumiers chauds,
Pleine d'un lent rythme d'haleine,
Et de grands dos

Blanchissant sous quelque lumière ;
Et, tout là-bas,
Une vache fientera, fière,
À chaque pas...

- Les lunettes de la grand-mère
Et son nez long
Dans son missel ; le pot de bière
Cerclé de plomb,

Moussant entre les larges pipes
Qui, crânement,
Fument : les effroyables lippes
Qui, tout fumant,

Happent le jambon aux fourchettes
Tant, tant et plus :
Le feu qui claire les couchettes
Et les bahuts :

Les fesses luisantes et grasses
Du gros enfant
Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
Son museau blanc

Frôlé par un mufle qui gronde
D'un ton gentil,
Et pourlèche la face ronde
Du cher petit.....

Que de choses verrons-nous, chère,
Dans ces taudis,
Quand la flamme illumine, claire,
Les carreaux gris !...

- Puis, petite et toute nichée,
Dans les lilas
Noirs et frais : la vitre cachée,
Qui rit là-bas....

Tu viendras, tu viendras, je t'aime !
Ce sera beau.
Tu viendras, n'est-ce pas, et même...

Elle - Et mon bureau ?

 

 9ème poème du cahier de Douai écrit alors qu'il n'a pas encore 16 ans

Tableau de Pierre Bonnard (Prairie, peint dans les années 30

15/05/2011

Orient, de Nizar Kabbani

 

 

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Brisées les jarres

Les jarres de couleurs

Notre rendez-vous

Est dans les nuages

Sous les fenêtres de l'Orient.

 

Notre voyage

Dans les ports de turquoise

Et sur les stores bleus

De l'Occident.

 

Avec les parfums

Notre couche voyage

Rose

Changeante aux horizons.

 

Nourrissons-nous

Aux surplis de la rose

A tout ce que la nuit recèle

De rythmes et d'amour.

 

Extrait du Poème Orient, Anthologie de la littérature arabe contemporaine, éditions du seuil, p150

Tableau de Matisse (L'escargot, 1952)

13/05/2011

Le vert en seconde vie, de Dominique Sorrente

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Épuisé de sa journée, le vert

fait grimace

tout au fond des carrières arides.

 

Il se rappelle la joue de la forêt,

comment bourdonnent les elfes en rangs serrés

qui ont le baiser facile,

la prière d’âge nu sur les mousses

et son nectar.

 

La vie va vite derrière le verger,

sur le carré d’herbe où l’on essuie déjà les traces

des rendez-vous, à bruits de tôles et de marteaux - piqueurs,

vite sur l’accoudoir blême où s’appuient les morts

qui ont troqué leur tapis volants

contre des urnes.

 

En ville, on parlemente avec

la feuille qui sait qu’elle n’attrapera jamais le ciel.

Un lierre rebelle se met à invectiver le jardinier

devenu pesticide.

 

Mais le vert ne trouve aucune raison

pour que le monde passe son tour.

 

Il attend obstinément de naître,

de naître encore,

et qu’on apprenne à épeler son nom

en broutant dans un feu d’herbe rare.

 

 

Texte inédit (Merci à  Dominique Sorrente de me confier ce texte). On peut retrouver  Dominique Sorrente sur son blog  http://www.scriptorium-marseille.fr

Dessin de Federico García Lorca 



 

12/05/2011

Le blanc et les prénoms

 

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La couleur blanche étant le symbole de la pureté, il n'est pas étonnant que l'on retrouve beaucoup de prénoms dont l'origine étymologique renvoie à la couleur blanche:  

Origine germanique: blank (brillant, clair): Blanche, Bianca

Origine celtique: Gwenn (blanc, pur): Guenièvre, Jennifer, Gwenn, Gwennola, Gwennoline, Goulven, Goulwen, Gwenaël (le), Gwendaline, Gwendal, Gwendoline, Maïwenn.  

Origine latine 

Albus, alba (d'un blanc pur): Aube, Audeline, Alban, Albine, Albina, Alba.

Candidus, candida (d'un blanc éclatant) : Candide, Candida, Candy, Candie, candido  

A noter que Blandine est formée sur l'adjectif d'origine latine Blandus, qui signifie caressant et flatteur et n'a donc rien à voir avec le blanc!

 

(Référence Dictionnaire des prénoms de Chantal et Tristan Hordé, Larousse, Edition de 2009)

Photo d'ORLAN, Vierge Blanche au nuage de plastique Bulle, 1984, donation Camille, Coll. Centre Pompidou


10/05/2011

Chapitre XV, l'ombre, (extrait des Ombres errantes) de Pascal Quignard

 

 

Chapitre XV, l'ombre, (extrait des Ombres errantes,  Pascal Guignard

 

(A propos du texte que JunichiroTanizaki publia en 1933 où il disait qu'il regrettait l'ombre)

 Il aimait la pénombre que développe le thé dans son monde chaud et liquide.

Et les couleurs que la petite feuille roulée déploie en filament dans l'eau avant de s'y mêler.

Et le déchet rougeâtre et à certains égard automnal qui vient peu à peu gésir au fond du bol de porcelaine.

xx

Il aimait l'affût lié aux ténébres et à l'immensité flottante qu'elles ajoutent.

Il aimait les vêtements aux belles couleurs sombres dans les marrons ou les gris.

 

Les Ombres errantes, édition Grasset, p 47 et 48

Tableau de zao wou ki

 

09/05/2011

Le ruisseau de Jacques Prévert

 

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Beaucoup d’eau a passé sous le pont
et aussi énormément de sang
Mais aux pieds de l’amour
coule un grand ruisseau blanc
Et dans les jardins de la lune
où tous les jours c’est ta fête
ce ruisseau chante en dormant
Et cette lune c’est ma tête
où tourne un grand soleil bleu
Et ce soleil c’est tes yeux

Extrait de Histoires

Tableau de John Atkinson Grimshaw (6 septembre 1836 – 13 octobre 1893)

07/05/2011

Atelier découverte de la chaux à la Foire de Paris 2011

 Un petit aperçu de notre intervention du 3 mai 2011, à la Foire de Paris, dans le cadre du Café Slow. Merci à Kasavox www.kasavox.com, le premier réseau social sur l'univers de l'habitat qui a initié cet atelier découverte de la chaux: "La chaux dans tous ses états".

foiredeparis dometvalérie.jpgFoire de paris 1.jpgAvec Valérie Auzou *(www.en-tous-sens.com), nous avons fait un tour historique de la chaux et de ses différentes utilisations. Ensuite, découverte "en vrai", de cette matière si sensuelle aux nombreuses qualités:  elle laisse respirer le maçonneries et réduit les risques d'humidité; elle est également antiseptique (et désinfecte), perméable à la vapeur, imperméable à l'eau, isolante phonique et thermique.

Nous avons présenté nos outils de travail et les matières que nous utilisons, commenté des échantillons de diférentes manière de travailler la chaux, et mis la main à la pâte, plus précisement au tadelakt et à la chaux ferrée. Ces deux heures à la fois théoriques et pratiques ont permis de mieux appréhender cette matière.    

                                                                                                                                            chaux,enduits décoratifs,kasavox,atelier découverteNous avions apporté nos outils de travail : platoirs de diférentes tailles, taloche éponge bleu, brosse à badigeon, couteaux américains, gants de protection, galets....

 Matières: chaux en poudre, chaux en pâte, blanc de meudon, caséine, poudre de marbre, sables de différentes couleurs, pigments (terres, ocres, oxydes..), savon noir...

foirede paris tadelaktvalérie.jpgNous avons même pu masser avec un galet et du savon noir un échantillon de tadelakt. (Valérie Auzou en pleine action!)


 

 

Échantillons présentés : badigeon, peinture à la chaux, chaux ferrée, marmorino, stucco, tadelakt...: dans le domaine de la décoration, la chaux offre de nombreuses possibilités!

* Valérie et moi travaillons ensemble régulièrement sur des chantiers, à l'atelier, échangeons sur notre métier, les techniques...

03/05/2011

Les erreurs, de Jean Tardieu

 

 

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(La première voix est posée, polie, maniérée et prétentieuse; l’autre est rauque, méchante et dure.)

 

Je suis ravi de vous voir
bel enfant vêtu de noir.

- Je ne suis pas un enfant
je suis un gros éléphant.

Quelle est cette femme exquise
qui savoure des cerises ?

- C’est un marchand de charbon
qui s’achète du savon.

Ah! que j’aime entendre à l’aube
roucouler cette colombe !

- C’est un ivrogne qui boit
dans sa chambre sous le toit.

Mets ta main dans ma main tendre
je t’aime ô ma fiancée!

- Je n’suis point vot’ fiancée
je suis vieille et j’suis pressée
laissez-moi passer !

 

Jean Tardieu ("Monsieur monsieur" Gallimard 1951)

Tableau du peintre Ilya Zomb
 

 

Matisse et la couleur (1943)

 

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"JE SENS par la couleur, c’est donc par elle que ma toile sera toujours organisée. Encore convient-il cependant que les sensations soient condensées et que les moyens utilisés soient portés à leur maximum d’expression. Pour aboutir à une traduction directe et pure de l’émotion, il faut posséder intimement tous les moyens, avoir éprouvé leur réelle efficacité. Les jeunes artistes n’ont pas à craindre de faire de faux pas.

La peinture n’est-elle pas une incessante exploration en même temps que la plus bouleversante des aventures. Ainsi quand je faisais mes études je cherchais tantôt à obtenir un certain équilibre et une rythmique expressive rien qu’avec des couleurs, tantôt à vérifier le pouvoir de la seule arabesque.

Et lorsque ma couleur arrivait à une trop grande force d’expansion, je la meurtrissais –ce qui ne veut pas dire que je l’assombrissais –afin que mes formes parviennent à plus de stabilité et de caractère. Qu’importent les dérivations, si chacune permet d’avancer vers le but ! Il n’y a pas de règles à établir, encore moins de recettes pratiques, sinon on fait de l’art industriel. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement puisque, lorsque l’artiste a produit quelque chose de bien, il s’est involontairement surpassé et ne se comprend plus.

Ce qui importe ce n’est pas tant de se demander où l’on va que de chercher à vivre avec la matière, de se pénétrer de toutes ses possibilités. L’apport personnel de l’artiste se mesure toujours à la façon dont il crée sa matière et plus encore à la qualité de ses rapports."

 

Ecrits et propos sur l'Art d'Henri Matisse

Tableau "La tristesste du roi".